mercredi 13 février 2013

Sujet du Mercredi 20 Février : l'ennui.



L'ennui, le fait de s'ennuyer, traduit une difficulté « d'être au monde », parfois empreinte de mélancolie. Il s'agit d'un état subi dont nous avons tous fait l'expérience mais dont la signification profonde peut nous échapper. L'ennui n'est pas perçu comme une valeur - même si rien ne l'interdit - et, de fait, nul ne souhaite s'ennuyer.

Si l'on craint la solitude c'est, notamment, parce qu'elle peut engendrer l'ennui. Autre cause de l'ennui : l'absence de passion. C'est  pourquoi   la société médiatique érige parfois en règle le fait de « vivre passionnément » comme contre-feu à l'ennui associé à la routine et à la répétition.

L'ennui suppose un certain exercice de l'imagination : c'est un sentiment de manque, un « mal sans forme », une sorte d'insatisfaction vis à vis du présent, et qui peut surgir alors que nous n'avons plus de soucis, plus de désirs à combler. Selon Schopenhauer : « Vouloir, s'efforcer, voilà tout (l)' être » des humains . Or, vouloir, s'efforcer suppose un manque, voire une douleur.
 En outre, celui qui s'ennuie a le sentiment que le temps s'écoule lentement. Ce sentiment est très prégnant chez l'enfant parce qu'il vit intensément l'instant présent. On peut dire que l'ennui est la « manifestation » du présent à la conscience. Cioran écrit : « Dans l'ennui, le temps ne peut pas s'écouler. Chaque instant se gonfle et le passage d'un instant à l'autre ne se fait pas. On ressent le présent comme une durée interminable ».
Si nous considérons que l'ennui suppose la pensée  - et le langage - , les animaux ne connaissent pas l'ennui alors qu'ils sont enfermés dans le présent. Selon Russel « l'ennui semble être une émotion purement humaine ». 


Peut-on considérer que nous sommes responsables de l'ennui que nous ressentons ? Il semble que nous puissions échapper à l'ennui en appliquant notre volonté ; ainsi, on peut être ennuyé parce qu'on n'arrive pas à commencer une tâche. Inhibition ou manque de volonté ? L'ennui peut résulter du décalage entre les attentes concernant tel ou tel projet et ce qu'il en est advenu. 

Épictète nous apprend qu'  il faut s'entraîner à vouloir que les choses arrivent comme elles arrivent et non comme on souhaite qu'elles arrivent.

 Pascal considère pour sa part que l'homme se détourne de Dieu et de lui même parce qu'il ne supporte pas l'ennui. Car l'ennui nous révèle notre finitude et notre néant et nous ne le supportons pas  alors que nous ne sommes lucides sur nous mêmes que lorsque nous sommes entièrement livrés à l'ennui ; l'homme veut tromper l'ennui, c'est pourquoi il s'échappe dans le divertissement  « La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement, et cependant, c'est la plus grande de nos misères. Le divertissement nous amuse et nous fait arriver insensiblement à la mort ». 

Pascal encore : « Quand je me mets à considérer les agitation des hommes, et les périls et les peines où ils s'exposent, dans la Cour, dans la guerre, d'où naissent tant de querelles, tant de passions, d'entreprises hardies et souvent mauvaises, je dis que tout le malheur des hommes vient d'une chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ».  Si Pascal blâme les hommes de ne pas supporter l'ennui, il reste que le divertissement, le fait de tromper l'ennui, est un des moteurs de l'histoire humaine.

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