samedi 30 novembre 2013

Sujet du meredi 11 décembre : Pourquoi débattre plutôt que philosopher ?



POURQUOI  DÉBATTRE  PLUTÔT  QUE  PHILOSOPHER ?
Que de fois n’avons-nous pas à faire à un médecin qui se contente de pratiquer une auscultation ou une analyse superficielle suivie, sans preuves matérielles réelles, du « diagnostic » de telle affection et de telle médication. Ou encore, se bornant aux apparences, le médecin prescrit-il un remède qui atténue les symptômes sans précisément cerner les causes du mal et son identification en vérité afin d’administrer le remède pertinent. Voilà ce que nous réclamons qu’on nous assure.
Dès lors pourquoi ne pas exiger autant de nous-mêmes ? Particulièrement dans notre démarche de recherche relative aux questions que nous nous posons ? Notamment dans nos recherches philosophiques. Servons-nous donc de l’exemple du médecin comme grille de lecture, crible ou tamis pour juger de la pertinence de l’approche que nous adoptons pour traiter tout sujet. Nous verrons alors toute la différence qui existe entre débattre et philosopher…
Déjà on ne peut débattre qu’à au moins deux personnes et le plus souvent à plusieurs à la télévision, dans les réseaux sociaux, réunions d’amis et cafés ou devant un bar. Dans les débats, les protagonistes échangent des points de vue appuyés sur des convictions personnelles ou sur celles véhiculées alentour ou par les médias. Il s’agit souvent d’opinions abusivement affirmées comme vérités. Faible est alors le souci de les étayer par un ensemble coordonné de faits pertinents dûment avérés et vérifiés. Faits dont on aurait dû rechercher les liens essentiels entre eux qui constituent alors des preuves solides. On en aurait aussi recherché les causes profondes et évidentes pour construire l’une ou l’autre hypothèse, principe ou théorie explicatifs probants le mieux argumentés qui soient.
La dernière exigence qu’enfin on s’imposerait ne devrait-elle pas être d’ensuite sans cesse soumettre à la critique et au doute systématique ce principe de fond qui nous apparaît comme la vérité la plus probante ? Une vérification est donc nécessaire par la recherche volontaire et systématique de faits nouveaux d’observation ou d’expérience les plus proches possibles de ceux initialement obtenus afin de déceler dans le principe retenu quelque faille ou contradiction qui s’y cacherait.
Ce sont là les ingrédients coordonnés les uns avec les autres d’une approche scientifique, c-à-d philosophique, qui permet d’accéder à des connaissances authentiques plutôt qu’à des opinions ou idées toute faites. C’était cela la philosophie et la science jusqu’au début du dix-neuvième siècle, mais rarement après Hegel. C’est ainsi qu’on avance dans la compréhension et les connaissances. N’est-ce pas aussi sur les acquis solides et véritables d’une telle démarche que peut se construire une action pertinente ? Plutôt que sur les artifices de vains débats illusoires.
Pouvons-nous ici y arriver entre nous ? Le défi est jeté. Ne pas le relever et continuer à concevoir les choses par effets d’imagination « en notre âme et conscience » et « conviction profonde », n’est-ce pas mettre la charrette avant les bœufs, affirmer sans preuve une opinion toute faite et ne retenir à toute force que les faits qui la confortent tout en niant tous les autres ou encore en voulant par sophisme les tordre jusqu’à ce qu’ils se conforment et soutiennent notre « conviction profonde »? N’est-ce pas là nous confiner à la mé-connaissance, aux croyances fausses, à l’ignorance et aux débats oiseux qui détournent d’une action pertinente et confinent à l’échec les actes que nous posons ? C’est s’inscrire in fine dans la servitude à nos erreurs volontaires en faisant dès le départ le choix de l’impuissance politique de nos actes (pour autant que nous osions en poser).
Dès lors, « pourquoi débattons-nous plutôt que philosopher » (ou rechercher des connaissances) sur un sujet ? Quelle motivation nous anime ? Il y a des vérités qui gênent ; tant les dominants que les dominés, mais pas pour les mêmes raisons bien sûr. Les gens n’aiment pas être dérangés. De plus, souvent ils préfèrent quelque chose de faux mais de vraisemblable à quelque chose de vrai mais d’inhabituel. Ils ne veulent rien d’exceptionnel. Rien qui les remette en question. Ils réclament des informateurs qui offrent des choses faciles à décrypter et qui ressemblent à ce qu’ils connaissent déjà et les réconfortent. Ce qu’ils veulent, c’est être rassurés sans efforts notables de leur part. Cela assure une satisfaction ou un plaisir immédiats sans devoir attendre les résultats plus lointains d’une recherche de vérité. Quitte à accéder en toute sérénité à la servitude volontaire dans la béatitude de la non-pensée. Le prix à payer de cette aliénation est alors sans limite. Ils s’en plaignent avec acrimonie et même grande violence sans se retourner vers eux-mêmes pour absence de prise de responsabilité radicale de leurs existences.
Que faire alors ? Pour nous sortir de cette terrible impasse.
Rappelons à propos ces mots d’authentiques philosophes étrangers aux affirmations ultérieures d’un Karl Popper très vingtième et vingt-et-unième siècles dont nous sommes si souvent devenus les adeptes (« l’assurance que moi, je trouve là dans ma conscience un certain contenu est l’assise fondamentale de ce qui est donné comme vrai. ») :
-   Hegel : « C’est que la philosophie ne permet pas qu’on ne fasse qu’assurer, que s’imaginer, qu’aller et venir arbitrairement par la pensée en raisonnant. »
-   Feuerbach : pour vouloir « être philosophe, … pense comme un être vivant, réel, … pense dans l’existence, dans le monde, comme un membre de ce monde, et non dans le vide de l’abstraction, telle une monade esseulée,… »

mardi 26 novembre 2013

Sujet du Mercredi 04/12/2013 : que cherchaient les cyniques ?

QUE CHERCHAIENT LES CYNIQUES ?

Lorsque l’on parle des cyniques on pense tout de suite au plus célèbre d’entre eux Diogène de Sinope, qui vivait dans une jarre (et non un tonneau qui n existait pas à l’époque) au IVéme Siècle avant JC. Contemporain de Platon et de Socrate il est connu pour son mode de vie marginal et ses répliques qui remettent en question le pouvoir, l’autorité intellectuelle, le conformisme social. Mais Diogène de Sinope n’est pas le seul cynique. Il est le disciple d’Antisthène le fondateur de l’école cynique et bien d’autre cyniques  suivront. Ainsi le cynisme n’est pas le fait d’un homme isolé mais bien une tradition philosophique avec ses ecrits qui ont été perdus, mais dont Diogène Laercé au IIIeme Siécle  av JC  nous a rapporté les faits.
Le cynique semble déranger dans sa manière de vivre la bien pensence des autres philosophes grecques qui  prendront en compte ses réflexions souvent désobligeantes. Mais cela ne nous dit pas ce que cherchaient les cyniques : à être une contre culture ?
Pas seulement. Leur but est la vertu et le moyen d’y accéder est la liberté et pour accéder a la liberté il cherche l’autarcie alimentaire et sexuel.

Voici une citation dans « Les Cyniques, penseurs dans la norme et citoyens de la marge »

 De Mathilde Cambron-Goulet, qui résument bien la situation cynique


« Les Cyniques recherchent l’autarcie par le biais d’une forme d’indifférence au monde ; c’est d’ailleurs ce qui les place dans la marge par rapport aux normes grecques. Leur refus de la société, bien plus qu’un simple rejet des vicissitudes de la civilisation, est profondément ancré dans le déni de la condition humaine, que symbolise l’idéal d’autarcie. En cela, on peut en effet affirmer que l’idéal d’autarcie est indissociable d’une forme ou d’une autre de marginalité, quel que soit le modèle sur lequel on se base pour y parvenir. Le modèle de l’Âge d’or, lorsqu’on le compare au modèle animal ou divin, supporte mieux cet idéal profondément humain parce qu’il s’agit à proprement parler d’un modèle qui peut être considéré comme humain, et qui, par conséquent, évite à celui qui le suit de sombrer dans l’hubris. Et c’est peut-être en cela que les Cyniques, en cherchant à atteindre un idéal normal, et malgré toutes ces habitudes étranges, voire terrifiantes, qui font d’eux des marginaux, respectent encore la norme grecque. »

Cette réponse bien que très référencée et intéressante est elle la seule ? Ou bien les Cyniques cherchaient-ils autre chose ?

Sujet du Mercredi 27/11/2013 :et si on parlait de Diderot.

ET SI ON PARLAIT DE DIDEROT (1713-1784)


« Ne veuille pas être philosophe par contraste avec l’homme, sois rien d’autre qu’un homme pensant ; ne pense pas comme un penseur (…) pense comme un être vivant, réel, tel que tu es exposé aux vagues vivifiantes et réconfortantes de l’océan, pense dans l’existence, dans le monde, comme un membre de ce monde, et non dans le vide l’abstraction, telle une monade esseulée, tel un dieu indifférent, un monarque absolu – et c’est alors que tu peux espérer que tes idées forment un tout où s’unissent l’être et le penser » 
            (Feuerbach cité par Marx en épigraphe à « La philosophie épicurienne).

Je trouve que cette conception du philosophe définit parfaitement Diderot « le Philosophe » comme on l’appelait en son temps.
Et si on parlait de Diderot ? Ou mieux, si on relisait Diderot ? Le philosophe de La lettre sur les aveugles, des Pensées sur l’interprétation de la nature, le penseur politique de L’Histoire des deux Indes, l’athlète qui a pris à bras le corps la fabrication de l’Encyclopédie à laquelle il a donné des articles tels que  Autorité politique (« Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres »), et encore : le conteur du Supplément au voyage de Bougainville, du Neveu de Rameau et de Jacques le Fataliste. (Ah ! mais c’est de la littérature diront les dieux indifférents à toute œuvre d’imagination). Et que dire alors du Paradoxe sur le comédien, et du Diderot des Salons, fondateur de la critique d’Art et de l’esthétique moderne ? (voir son article sur Chardin et ses réflexions sur le sublime qui n’ont rien à envier à celles de Kant,  dans le Salon de 1763). Et de l’épistolier amoureux des Lettres à Sophie Volland ? Mais c’est encore de la « littérature » !
Diderot me semble toujours répondre aux inquiétudes de notre temps, à celle, fondamentale sur la nature de l’homme et sur sa place dans la cité. Générosité, enthousiasme, véhémence et jeunesse d’esprit. (voilà des mots pas très « philosophiquement corrects », mais voyez Feuerbach). Surtout, absence totale de pharisaïsme, liberté de réflexion et de comportement, modernité d’écriture. Diderot n’est pas un homme de système, il ne pense pas dans le vide des abstractions, il est l’homme de l’individu et des originaux, voire des marginaux, sans jamais perdre de vue les intérêts de la cité et de l’espèce. Il est l’inventeur du matérialisme biologique, il a défini, un siècle avant Claude Bernard la méthode expérimentale en trois temps (observation, hypothèse, vérification par l’expérience). Pourfendeur du totalitarisme qu’il nomme despotisme : c’est l’intimité d’une autocrate (voir ses Mélanges pour Catherine II) qui fit décidément de lui un démocrate convaincu, même s’il se préoccupe moins du régime, de la forme du gouvernement, que du fonctionnement des institutions et de l’économie. Mais surtout, et en son temps c’était risqué, contempteur impitoyable de l’obscurantisme et de l’intolérance religieuse (voir La Religieuse dont Jacques Rivette fit un film interdit à la projection dans les années soixante, ou encore l’article Célibat qui dénonce le célibat des prêtres)  Enfin il est - ce que ne devraient pas oublier tous ceux qui se disent philosophes- un  éveilleur de consciences.

Diderot est d’abord un analyste, un esprit encyclopédique, curieux, critique, ouvert à tout, un clerc au sens noble du terme. Il s’est intéressé à des domaines que la philosophie a toujours du mal à appréhender : les sciences expérimentales, la physique, la chimie, la biologie surtout, juriste, historien du droit, fondateur même de la sociologie. Mais il s’intéresse aussi à l’art, à la peinture, au théâtre, à la technique romanesque (il est avec Jacques le Fataliste, l’inventeur du « Nouveau roman »). C’est une sorte de Léonard de Vinci de la philosophie.
Elève de la nouvelle philosophie expérimentale anglaise dont il a fait la clé du savoir de son temps et l’âme de son Encyclopédie, sa pensée, pour faire court, repose sur un matérialisme , explication de l’homme et du monde par le seul jeu des lois de l’organisation biologique et chimique, sans avoir recours à une « âme », et dont le corollaire est un athéisme cohérent qui dépasse de beaucoup l’anticléricalisme primaire et manichéen.  La Lettre sur les aveugles ( qui lui vaudra un petit séjour à l’ombre) est la première étape de son évolution (dépassement du déisme voltairien), qui aboutira à l’explosion fulgurante d’une vision qui annonce le transformisme (Darwin), et toute la génétique moderne bien au-delà des matérialismes antérieurs et préfigurant les matérialismes postérieurs (les marxistes se réclameront de Diderot).. Ce sera Le rêve de d’Alembert, sommet de son œuvre philosophique qui pose des questions essentielles sur la conscience de l’unité du moi, sur le génie comme don de la nature, tout comme la bienfaisance ou la malfaisance. Il ose alors(1769) justifier une libération de la sexualité  qui est pure obéissance à la nature. La satisfaction des impulsions individuelles n’a d’autre limite que le souci de l’intérêt collectif. Quelle morale, demande-t-il, peut laisser subsister le matérialisme ?
L’homme Moral, pour Diderot est tout aussi déterminé par les lois universelles que l’homme physique ou l’animal. Il a affronté toute sa vie ce problème : Les mots de Bien et de mal n’ont de valeur que relative, il n’y a plus aucun mérite ni aucune vertu, ni non plus aucune scélératesse, la responsabilité disparaît, et avec elle la liberté (voir Le Neveu de Rameau et Jacques le Fataliste). Filiation spinoziste !  « Le mal et le bien n’indiquent rien de positif dans les choses considérées en soi et ne sont rien d’autre que des manières de penser » lit-on dans l’Ethique. Comment alors fonder les rapports humains à l’intérieur de la cité ? Sur la sociabilité, sur la tolérance ?
L’aboutissement de la pensée politique de Diderot, parallèlement à l’aboutissement de sa pensée philosophique pourrait alors se définir comme un stoïcisme lucide qui distingue ce qui ne dépend pas de nous- organisation biologique, déterminisme des lois de la nature et du milieu économique et social, - et ce qui dépend de nous : volonté de respecter son prochain, de favoriser son confort et son épanouissement (donc son bonheur) par la diffusion des Lumières. Morale stoïcienne et épicurienne du bonheur donc. Le bonheur individuel ; « accidentel », renvoie en nous à la nature, à la satisfaction des besoins et des désirs du corps, il n’est pas du ressort des lois. Le bonheur collectif est celui du citoyen qui, comme chez Spinoza obéit aux lois de la cité (c’est le double code exprimé dans les Mélanges pour Catherine II et dans les Observation sur le Nakaz).
 Enfin lisons ou relisons cette extraordinaire Histoire des deux Indes, dernier mot du philosophe sur le colonialisme, pour voir à quel point Diderot reste d’actualité. Procès des conquérants barbares, des esclavagistes (on est dans les années 1770-80), dénonciation des exploitants des mines d’Amérique. Œuvre indignée qui n’en reste pas là. Ultime réflexion sur le dialogue (illusoire, pipé) amorcé dans le Supplément au voyage de Bougainville, entre l’homme sauvage et l’homme civilisé dont le 18ème siècle  (et nous-mêmes aujourd’hui ?) n’est jamais arrivé à se dépêtrer.


Petite anthologie arbitraire de citations :

Lettre sur les aveugles (1749) :

« Si jamais un philosophe aveugle et sourd de naissance fait un homme à l’imitation celui de Descartes, j’ose vous assurer, Madame, qu’il placera l’âme au bout des doigts. »
                                    
Pensées sur l’interprétation de la nature (1753) :

« Et je dis : heureux le géomètre en qui une étude consommée des sciences abstraites n’aura point affaibli le goût des beaux arts, à qui Horace et Tacite seront aussi familiers que Newton, qui saura découvrir les propriétés d’une courbe et sentir les beautés d’un poète, dont l’esprit et les ouvrages seront de tous les temps, et qui aura le mérite de toutes les académies ! Il ne se verra point tomber dans l’obscurité. »

« Il n’y a qu’un seul moyen de rendre la philosophie vraiment recommandable aux yeux du vulgaire : c’est de la lui montrer accompagnée de l’utilité. Le vulgaire demande toujours : à quoi cela sert-il ? et il ne faut jamais se trouver dans le cas de lui répondre : à rien.

« De même que dans les règnes animal et végétal un individu commence pour ainsi dire, s’accroît, dure, dépérit et passe, n’en serait-il pas de même pour des espèces entières. »

Le rêve de d’Alembert (1769) :

« Nous sommes des instruments doués de sensibilité et de mémoire. Nos sens sont autant de touches qui sont pincées par la nature qui nous environne. »
« Le monde commence et finit sans cesse ; il est à chaque instant son commencement et sa fin ; il n’en a jamais eu d’autre, et n’en aura jamais d’autre. Dans cet immense océan de matière, pas une molécule qui ressemble à une molécule, pas une molécule qui se ressemble à elle-même un instant. Il n’y a rien de solide que de boire, manger, vivre, aimer et dormir. »

« Qu’est-ce qu’un être ? La somme d’un certain nombre de tendances. La vie est une suite d’actions et de réactions. (…) Naître, vivre et passer, c’est changer de forme. »

« Et par la raison seule qu’aucun homme ne ressemble parfaitement à un autre, nous n’entendons jamais précisément, nous ne sommes jamais précisément entendus. »

Le Neveu de Rameau (1770)

« Quoi qu’on fasse on ne peut se déshonorer quand on est riche »

Supplément au voyage de Bougainville (1771)

« Hier en soupant tu nous a entretenus de magistrats et de prêtres. Mais dis-moi, sont-ils maîtres du bien et du mal ? Un jour on te dirait : » tue », et tu serais en conscience obligé de tuer ; un autre jour : « vole » et tu serais tenu de voler ; ou : « ne mange pas de ce fruit » et tu n’oserais en manger ; je te défends ce légume ou cet animal », et tu te garderais d’y toucher. »

Lettre de Monsieur Denis Diderot :

« Il y a à l’heure qu’il est, cinquante mille fripons qui disent ce qui leur plaît à dix-hui millions d’imbéciles; mais grâces à ma petite poignée de philosophes, la plupart de ces imbéciles là ou ne croiront pas ce qu’on leur dira, ou s’ils le croient ce sera sans le moindre péril pour moi. »

Mélanges pour Catherine II (1774)

« L’intolérance, surtout celle du souverain, donne de l’importance aux choses les plus frivoles.
L’intolérance, surtout celle du souverain, devient source d’accusations et de calomnies
L’intolérance, surtout celle du souverain, devient un motif d’exclusion et une raison d’avancement aux places où on ne devrait arriver que par le mérite
L’intolérance rétrécit les esprits et perpétue les préjugés. »

Observations sur le Nakaz (1774)

« Je n’aime point à faire une chose de fanatisme d’une chose de raison. Je n’aime point à faire une chose de foi d’une chose de raison.(…) Le prêtre dont le système est un tissu d’absurdités tend secrètement à entretenir l’ignorance ; la raison est l’ennemi de la foi, et la foi est la base de l’état, de la fortune et de la considération du prêtre. »

Le philosophe dit beaucoup de mal du prêtre ; le prêtre dit beaucoup de mal du philosophe ; mais le philosophe n’a jamais tué de prêtre, et le prêtre à beaucoup tué de philosophes. »

Je crois que les mœurs sont les conséquences des lois ; un peuple sauvage à des mœurs lorsqu’on y observe les lois naturelles, l’humanité, la douceur, la bienfaisance, la fidélité, la bonne foi etc. Un peuple policé a des mœurs lorsqu’on y observe généralement les lois naturelles et civiles. »

« Je veux que la société soit heureuse ; mais je veux l’être aussi ; et il y a autant de manières d’être heureux que d’individus. Notre propre bonheur est la base de tous nos vrais devoirs. »

Contribution à l’Histoire des deux Indes (1781)

« Jamais un homme ne peut-être la propriété d’un souverain, un enfant la propriété d’un père, une femme la propriété d’un mari, un domestique la propriété d’un maître, un nègre la propriété d’un colon. »

« Le fanatisme de religion et l’esprit de conquête, ces deux causes perturbatrices du globe. »

« On n’arrête point les progrès des lumières ; on ne les ralentit qu’à son désavantage. La défense ne fait qu’irriter et donner aux âmes un sentiment de révolte et aux ouvrage le ton du libelle ; et l’on fait trop d’honneur à d’innocents sujets lorsqu’on a sous ses ordres deux cents mille assassins et que l’on redoute quelques pages d’écriture. »

« Jamais les tyrans ne consentiront librement à l’extinction de la servitude, et pour les amener à cet ordre de choses, il faudra les ruiner ou les exterminer. Mais cet obstacle surmonté, comment élever de l’abrutissement de l’esclavage au sentiment et à la dignité de la liberté, des peuples qui y sont tellement étrangers qu’ils deviennent impotents ou féroces quand on brise leurs fers. »

« On a dit que nous étions tous nés égaux : cela n’est pas. Que nous avions tous les mêmes droits : j’ignore ce que c’est que des droits où il y a inégalité de talents ou de force, et nulle garantie, nulle sanction. (…) Il y a entre les hommes une inégalité originelle à laquelle rien ne peut remédier ; tout ce qu’on peut obtenir de la meilleure législation, ce n’est pas de la détruire ; c’est d’en empêcher les abus. »


mardi 19 novembre 2013

Sujet du Mercredi 20/11/2013 : « On ne meurt que lorsque la vie devient inutile au triomphe d’une cause » .

« On ne meurt que lorsque la vie devient inutile au triomphe d’une cause » .

Phrase citée dans le dictionnaire de la Commune de Bernard Noël : "On ne meurt que quand il n'y a plus d'espoir, et quand la vie devient inutile au triomphe d'une cause" C Bouis Le cri du peuple La Commune de Paris, mouvement insurrectionnelle, révolutionnaire d'un peuple excédé qui apprend à structurer et organiser sa révolte...

« Contexte 1- défaite face à la Prusse, le 2 sept 1870,
2- Napoléon III capitule,
3- l'Empire s'effondre,
 4- la France un pays déboussolé.
 Les députés de gauche se réunissent pour savoir quels institutions, quel régime ils vont donner à la France mais surtout s'il faut continuer ou non la guerre à la Prusse.
Débat de ce début de III ème République...Depuis la chute de l'Empire, la population parisienne s'était rangée derrière la gauche. Des signaux apparaissaient en vue du siège de la capitale par l'armée prussienne et le début d'un affrontement entre une partie du peuple parisien et le gouvernement provisoire. Thiers décida alors de rapatrier le gouvernement provisoire à Paris. L'Assemblée décida d'aller à Versailles. Parallèlement à cela, les négociations du traité de Francfort établissant la paix étaient difficiles et les exigences de Bismarck conséquentes (cession de l'Alsace/Moselle, indemnités de guerre, entretien des troupes d'occupation). Et le 10 mai 1871, J. Favre accepta de signer l'armistice dans la précipitation.

A partir de ce moment-là, la révolution parisienne était inévitable. Le 29 mars, les membres de l'Assemblée municipale proclament le Manifeste de la Commune de Paris dans lequel ils affirment que la ville est seule maîtresse de sa destinée » On peut songer à ces Femmes, ces Hommes qui ont su entendre une nécessité, dénoncer une profonde réalité, s'organiser, se révolter lors des Communes de Paris, mais aussi de Lyon et Marseille.

En 2013, notre peuple d'individualités renforcées narcissiquement mais au final isolées, est divisé, cloisonné. Cela assure aux tyrans de l'ordre économique une partie du socle de leurs pouvoirs. Communautarismes exacerbés. Des générations éloignées les unes des autres, plus de place pour la transmission, l'écoute réciproque, « fabuleux » moyens utilisés médiatiquement afin de couper les êtres humains de leurs témoignages, de leur Histoire... Générations majoritairement récupérées, leurs goûts techniquement manipulés par le neuromarketing, qui va super...marcher... Ce que beaucoup croient être des choix, consommateurs ou votants, sont-ils vraiment des choix ? Slogans d'une "révolution 1968" devenus arguments de la Kom ou de la publicité... Les réels penseurs révolutionnaires sont écartés, voir rangés dans le placard d'une non édition. Ils sont sacrifiés au pilon de grandes manœuvres perverses. Des ordonnateurs cachent plus ou moins leurs « jeux » , leurs sourires pinces à linges, leurs allures + ou - branchées, n'ont que faire de la gestion de la cité.
 Les agents du « détersif » influents dans les médias, mainstream en tête, made in Bilderberg, Goldman Sachs & Co sont des militants enragés à la faveur d'un capitalisme dur. Leurs agents entretiennent les fondements d'une « servitude volontaire ». Sacro-saintes médiatisations qui occupent l'espace public avec ses débats pipés d'avance, ses "panseurs de service", ses "rebelles" de façade. Ces cuistres à paillettes bossent afin d'aveugler, militent à la faveur d'un monde surfait, imposent une réalité réduite, loin des préoccupations réelles, loin des valeurs humaines solidaires.
Cela fut pourtant dénoncé, analysé entre autre par K.Marx - présent et impressionné par les réalités organisées et vivantes des Révolutionnaires de la Commune – G Hegel, G Orwell, W Benjamin, G Debord, R Vaneigem et tant d'autres... Sous fond de « théories » dans l'air du temps, comme le bouddhisme...dans une période de fascination, certains jouent faussement un jeu distancié. Cela, alors que le bouddhiste n'a jamais démontré une capacité pertinente dans l'organisation d'une société. Si ce n'est sous une forme archaïque et féodale.
 Ces soit distantes "philosophies", sont en vérité de nouvelles religions bobo, de plus en plus prosélytes. Reproductions de schémas bien connus, schémas pyramidaux, hiérarchie où forme divine même informe seraient sensées -tirer vers le haut-. En effet, ces "nouvelles" religions n'ont pas peur de frayer dangereusement avec les détenteurs les plus aisés à la tête du capitalisme. Pas plus qu'elles ne sont pas à un paradoxe prés. "l'argent est une illusion" sauf pour l'entrée payante de certains temples bouddhistes luxueux. Seuls lieux religieux payant au prix d'une place de cinéma. (Cherchons l'erreur ou le signifiant d'une proposition sublimée afin de faire son propre cinéma...).
Résultat une grande partie du milieu dit "artistique «connu ou non, de nantis, ne jouent plus un rôle même bourgeois afin de motiver, nourrir un désir, un semblant de sens critique et de révolte. Résultat une part inquiétante du Peuple se dirige vers des choix de + en + passionnels, de + en + irraisonnés. Choix dépourvus de nourritures critiques argumentées à la faveur d'un espace publique, puisque la religion cathodique, numérique, impose son insu portable discours lénifiant. D'autres parties du peuple le ressentent et s'en inquiètent...
On retrouve une situation comparable à celle de tout mouvement historique tumultueux. Cette réalité gronde aujourd'hui comme elle menaçait avant 1939-1945 entre autre... Il arrive que l'on reproche à la pensée critique et polémique de ne pas apporter de solutions. Les solutions concernent le courage et la lucidité de chacune et chacun.
Cela nous concerne toutes et tous, quelles que soient notre condition, que notre conscience ait un minimum de -classe-... Quand est-il du courage que demande l'engagement de nos contemporains ? A la faveur du triomphe d'une cause profonde et non récupérée ? "Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent" Lucie Aubrac

lundi 11 novembre 2013

Sujet du Mercredi 13/11 : Les règles sont elles sources de liberté ?



Les règles sont-elles sources de liberté ?     
 
-pourquoi il y aurait déterminisme à vivre en société
-pourquoi a-t-on donné naissance à des lois, à des règles qui découlent de ses lois      
L’homme animal fragile dans son environnement, sa survie passe par le groupe, on se défend ensemble contre le danger…etc.
La survie passe par le groupe, car a plusieurs, on est plus fort physiquement, mais on est plus fort aussi parce que on a plus d’idées
-parce que l’autre sait faire des choses que je ne sais pas faire               
-parce que je sais faire des choses que l’autre ne sait pas faire
Donc par le groupe on améliore notre condition de vie on augmente notre chance «  à vivre » Et à quoi sert la liberté quand on est tout seul s’il on ne peut pas la vivre ou très peu -mais le groupe peut m’empêcher aussi de faire complètement ce que je veux, je n’ai pas une liberté totale          
Deux choix s’offrent alors à l’individu :
Premier choix :               
Je sors du groupe et je prends des risques considérables, très peu de chances de survie (dangers physiques, folie) mais je fais ce que je veux (mais certainement pas tout ce que je pourrais faire ou je suis capable de faire), je n’ai de règle que celles que je me fixe à l’intérieur, dans le cadre de celles pour laquelle je suis née, je suis donc très libre dans l’immédiat
Deuxième choix             
Je reste dans le groupe, j’ai beaucoup plus de chance de survie, grâce au groupe, aux règles du groupe(l’identifiant du groupe),mais je suis moins libre de faire ce que je veux, mais j’ai moins de contraintes, donc plus de liberté pour faire ce que je peux car l’autre m’aide à faire ce dont je suis capable(la transmission ,le transfert)
Exemple : l’autre m’apprend une autre langue qui va me permettre de me déplacer plus librement dans un autre pays, je pourrais lire des panneaux…     
Globalement malgré des contraintes je suis plus gagnant dans ma capacité à être libre que si je suis seul, je perds quelques libertés mais j’en acquiers beaucoup plus en groupe
La liberté totale sans règle :     
Je peux faire ce que je peux, ce que  je veux, comme je veux, quand je veux, je suis libre d’agir à ma guise, sans contrainte, sans tenir compte de l’autre
La loi « totale », le régime autoritaire, le « vous devez être »impose : 
-à l’extrême je ne peux rien faire, je n’ai pas le droit d’être en tant qu’individu, je n’existe pas en tant que tel, en tant qu’unique
-le « je suis » doit s’inscrire dans la loi, la loi identifiant du groupe le « nous sommes »
-le « je suis »s’inscrit dans le « nous sommes »               
-le « je suis » doit s’inscrire dans le « nous sommes »en totalité             
-le « je suis » n’a pas le droit d’exister, de s’exprimer, d’être   
-pourquoi la liberté totale n’est pas la solution
-pourquoi la « loi totale », le totalitarisme n’est pas la solution
A l’intérieur du déterminisme pour lequel on vit : aller d’un point A à un point B nous avons donne naissance à direction commune, la loi commune, le « nous sommes », une intersection de valeurs plus ou moins acceptées ou choisi (démocratie)
Mais nous avons aussi un « je suis » qui ne s’inscrit pas dans la règle commune, le nous sommes, ce « je suis »est notre identité propre, notre particularisme, ce qui nous différencie des autres, aucun être humain est complètement identique à un autre
-ce « je suis »qui ne peut vivre seul(un déterminisme à vivre en société est inscrit en lui, ancrée, innée en lui)existe par le miroir qu’est l’autre, « on ne peut exister si l’autre nous le dis pas »,ce « je suis » veux influer le plus possible sur la direction pour aller au point B. Autrement dit, » je suis » implique « je sais » implique » j’existe », donc je me prend un petit peu pour dieu, mais je sais que je ne suis pas complètement dieu, mais je voudrais l’être(déterminisme innée en nous)et pour le devenir un peu plus, j’ai besoin de la particularité de l’autre, sa différence(si je vis en société, si je dois vivre en société, c’est parce que j’ai besoin de l’autre, ce n’est pas sans intérêt, ce n’est pas un acte gratuit si je vis en société)
J’ai besoin de l’autre pour me dire ou savoir que j’existe, mais j’ai aussi besoin de l’autre pour qu’il m’apporte sa différence pour exister encore plus car je sais que je n’existe pas totalement et vice versa pour l’autre
Pour que l’autre et moi puissions exprimer le « je suis » qui ’inscrira par le transfert dans le « nous sommes », il faut des règles qui me préserve de l’autre, qui préserve l’autre de moi et qui permettent aux « je suis «  de s’exprimer
Sans règle chacun essaierai d’imposer son » je suis », ce qui nuirait à l’objectif final, le déterminisme que l’on a dés qu’on née
Entre ces 2 extrêmes ,liberté totale et totalitarisme, blanc ou noir existe toute une palette de gris, un mélange de liberté individuelle et de règle commune qui en fait permettent dans le temps d’atteindre plus de liberté, cette nécessite pourrait avoir donné naissance à :
 Art. 4 : La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de borne que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.
Art. 5 : La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas.    
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789
Conclusion : les règles sont sources de liberté.
Si l’on postule que, la liberté totale, l’absolue est notre déterminisme, que l’on vie ou existe pour ce but, alors notre liberté passe par celle des autres ce qui implique l’émergence de lois et de règles
On pourrait dire alors que :       
La liberté c’est vouloir se fixer des règles dans la liberté que nous permet le déterminisme pour lequel on est néé, alors ces règles sont intégrés en nous et génère un « nous sommes » un identifiant commun qui nous approche du but pour lequel on est née (on pourrait peut être voir dans ce raisonnement l’origine de la démocratie)
La seule loi qui s’impose à nous à notre naissance serait la recherche de liberte, ca serait la loi qui nous détermine
Citations :
-l’homme est condamnée à être libre(Sartre)  
-la seule chose dont on n’est pas libre c’est de renoncer à notre liberté(SARTRE)          

-l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté (JEAN JACQUES ROUSSEAU 1712-1778)

samedi 2 novembre 2013

Sujet du Mercredi 06 Novembre : Pas de discussions avec les tyrans ?



                            Pas de discussions avec les tyrans ?     
 
Gouvernement d’un seul, la tyrannie est toujours l’exercice du pouvoir fondé sur un coup de force et affranchi des lois. Cependant, ce pouvoir n’est pas nécessairement odieux et particulièrement violent. C’est pour les modernes que la tyrannie est le plus souvent un nom dévolu aux régimes insupportables qui ne valent que par la force qui  les maintient. Aussi le tyrannicide est considéré par eux comme légitime.

Pour les grecs, en revanche, le tyran peut apporter la paix et la sérénité dans la cité. Il suffit qu’il ait assez d’habileté pour tenir en équilibre les forces sociales en présence, et pour paraître, aux yeux du peuple et des notables, un homme sage et modéré, par qui la tranquillité sera maintenue. Le tyran sait se ménager des soutiens. Ce n’est donc pas forcément un délirant, un Néron, qui conduit l’état à la catastrophe.

Cela dit, la tyrannie est caractérisée par l’absence radicale de liberté politique, c’est donc avant tout parce qu’elle constitue la dépendance de tous à l’égard d’un seul que rien ne retient de mal faire, si c n’est sa propre intelligence et son intérêt.

Dans la philosophie moderne, le concept de despote a supplanté celui de tyran. Les anciens réservait la notion de despote à la sphère domestique, relations maitre-esclaves ou familiales. Puis elle fut appliquée au pouvoir seigneurial ou royal, pour suggérer l’analogie entre l’administration de la famille et celle de la société politique par un seigneur ou un monarque.

C’est avec Montesquieu que le despotisme est nettement affirmé comme un équivalent de la tyrannie. Pour lui, le despote et celui qui, sans lois et sans règle, entraîne tout par sa volonté et ses caprices. A partir de la révolution française, les notions de dictature et de dictateurs arrachées à l’oubli se sont imposées comme descriptive d’un type d’exercice du pouvoir. D’autres régimes tels que l’Hitlérisme ou le Stalinisme, considérés comme inédits et plutôt qualifiés de totalitaires.

Certains régimes d’Amérique latine du 20éme siècle, traditionnellement qualifié de populistes peuvent être considérés comme tyranniques, même s’ils ne reposent pas sur l’usurpation, car, le chef populiste, à la fois identifié au peuple et posé comme être supérieur et salvateur, peut bientôt se placer au-dessus de la loi et anéantir toute liberté politique, dans la mesure où, sous la protection du chef, celle-ci est sensée ne plus avoir de signification.

On voit que dans tous les cas, c’est la peur qui fait entrer les hommes en servitude. Comme il faut de la vertu en république, de l’honneur en monarchie, Il faut de la crainte en tyrannie dit Montesquieu, car l’honneur et la vertu y seraient dangereux. Et désobéir serait s’y exposer à une mort violente. Chacun cède au tyran la totalité de sa force et son droit naturel.

Contrairement à Montesquieu Hobbes pense que la paix civile vaut tous les sacrifices et notamment celui de la liberté et que le despotisme est le seul moyen de ramener l’ordre dans les rapports entre les hommes. Un bon despotisme éclairé ? Plus sain que les valeurs fondamentales de l’humanité ?

Le tyran fascine. Il fait, malgré nous, partie de notre histoire. Depuis que l'homme, cet animal politique, cherche à s'organiser, il engendre cet écart de conduite où l'un prétend, en toute impunité, écraser les autres. Kadhafi, Kim Il-sung, et bien d’autres... les tyrans sont parmi nous, avec deux ingrédients sont récurrents : une déviance personnelle et un dispositif idéologique radical. Peut-on les ramener à la raison ?

La Boétie veut prouver que la servitude n’est pas forcée mais volontaire. En effet, la question qu’il se pose, touche à l'essence même de la politique: pourquoi obéit-on ? Comment se fait-il que le peuple continue à obéir au tyran ?  Par méconnaissance de la liberté ? Par lâcheté ? Par intérêt ?

Un homme ne peut asservir un peuple si ce peuple ne s’asservit pas d’abord lui-même. Il suffirait à l’homme de ne plus vouloir servir pour devenir libre. Mais la désobéissance est-elle un comportement passif ? Ne doit-elle pas être assortie d’expressions de volonté et d’aspirations ?

Platon, qui définissait le tyran comme  celui qui, dans la cité, exerce son autorité selon ses propres vues,  pose aussi que la raison et la discussion mènent peu à peu à la découverte d'importantes vérités. Ainsi recherchait-il la relation verbale directe et personnelle conduisant notamment à des politiques du possible, du relatif, du négociable.
Le tyran n’est-il pas un être humain, pourquoi ne serait-il pas intelligent ? Doué de sentiments ou de raison ? Si l’on considère qu'une personne devient tyrannique si on la laisse faire. Pourquoi ne pas apprendre à anticiper et à négocier ?

Une tyrannie docile (quelque fois mise en place de l’extérieur) vaut peut-être mieux, pour ses partenaires étrangers, qu’une démocratie hostile. Les possibilités d’influences existent, souvent guidées par les enjeux stratégiques économiques, ou politiques. Elles peuvent aussi avoir des retombées intérieures bénéfiques pour les peuples, en cas de cohérence de la communauté internationale agissant diplomatiquement, dans le cadre de ses  institutions.

Les démocraties n’ont-elles pas elles-mêmes leur dose de tyrannie ?

Que dire, par exemple, de l’opinion publique, sorte de tyran immatériel, impersonnel et anonyme, aujourd’hui loin de son rôle initial de contrôle et de critique constructive du pouvoir établi ? Sommes-nous si loin de Zola écrivant à Félix Faure, en 1898 ; Ils (les journalistes) ameutent la France, ils se cachent derrière sa légitime émotion, ils ferment les bouches en troublant les cœurs en pervertissant les esprits. Je ne connais pas de plus grand crime civique

Ou de la tyrannie de la majorité exprimée par  Tocqueville ? Avec qui donc pourraient discuter les minorités ?


Sujet du Merc. 23/03/2024 : Le cas Nietzsche.

                                   Le cas Nietzsche.       Pourquoi un tel titre ? Qui aurait l’idée de dire « le cas Diderot », ou « le c...