dimanche 25 mai 2014

Sujet du Mercredi 28/05/20014 : Faut-il éteindre les Lumières ?



                                Faut-il éteindre les Lumières ?

1.  Les Lumières sont-elles éteintes ? Non, pas encore totalement. Un fait patent et avéré : à peine ( !) une personne sur quatre ou cinq relève du désarroi psychique ou mental. Où sont dès lors les Lumières en ces temps postmodernes qui nient la Modernité, la rationalité et la science, toutes issues des découvertes et théories de Copernic, Galilée, Descartes ou Spinoza et d’autres ?

Justement nommées, les Lumières luttent contre les oppressions religieuses et politiques, l’irrationnel, l’arbitraire, l’obscurantisme et la superstition mais promeuvent le progrès par le renouvellement du savoir, de l’éthique et de l’esthétique. Pour les Lumières, le monde est compréhensible par la raison parce qu’il est ordonné par des lois qui le gouvernent. Cette démarche critique reposant sur la constante confrontation avec les faits est celle de la science. Elle détermine des comportements particuliers ainsi qu’une philosophie où prévaut le concept de sujet pensant « se rendant comme maître de la nature » (Descartes) et ayant des droits basés sur d’autres fondements que la seule tradition. L’idée qu’il y a des lois et des droits naturels conduit, par l’usage volontaire de la nature, à l’économie et à la politique (la Révolution française).

Les Lumières, c’est donc la sortie des hommes de l’état de tutelle dont ils sont eux-mêmes responsables par « la soumission volontaire » (La Boëtie). Les hommes réalisent que cet état ne tient pas à l’insuffisance de l’entendement mais à celle de la résolution et du courage de s’en servir pour acquérir une connaissance du réel (Kant) toujours meilleure et transformer le monde (Marx). Les lois gouvernent l’univers et les affaires humaines. Le pouvoir du Prince émane donc de la loi commune et non l’inverse (Machiavel). D’ailleurs Rousseau théorise la loi en tant que contrôle social comme relation réciproque entre les hommes. La liberté individuelle est une réalité imprescriptible, tandis que la rationalité des Lumières n’exclut en aucun cas la sensibilité parce que toutes deux dialoguent entre elles au sein de sa philosophie.

2.  Le postmodernisme actuel déconstruit tout cela. Comment ? Il promeut un individualisme tous azimuts où la subjectivité personnelle est exacerbée. Il s’en suit une perte de repère(s) : nous sommes désormais hors de l’empire disciplinaire des Lumières et dans la négation du concept de correspondance entre la vérité et le réel. Sous l’influence de Nietzsche et de la critique globale de la raison, ce que nous appelons le réel ne serait que la réalité qui - de façon inhérente – serait fragmentaire, hétérogène et plurielle. Ce que la philosophie occidentale a conçu comme le sujet de la pensée, le moi individuel, ne serait qu’un amas incohérent de pulsions, de désirs et de croyances : hubris et doxa. Cette conception favorise l’incrédulité envers les connaissances, à cette aune la science n’étant plus qu’un amoncellement de discours incommensurables plutôt qu’un moyen de rationnellement connaître le monde, le contrôler et enfin le transformer. Les faits avérés qui constituent la science et donc l’histoire elle-même qui en est une partie sont niés. C’est la fin de l’histoire (Fukuyama) et l’apparition de monades - tantôt pataudes, tantôt hallucinées - à la raison asthéniée.

Dès lors, dépourvu de fondements et du possible usage de la raison dans le fouillis des pulsions et de l’hubris et celui des assertions constamment variées de l’idéologie du «tout se vaut» puisque rien n’est avéré ni constant, le vécu de chacun devient schizoïde et psychotique dans la perception vive de sa différence radicale qui remplace tout sens de relations interhumaines unificatrices. Il y a comme une extase hallucinatoire - mais finalement démoralisante et opprimante - face à un bond majeur dans l’aliénation et la réification de la vie quotidienne. C’est, depuis les années 1960 et leur sophisme «il est interdit d’interdire», le passage accéléré au capitalisme mondialisé de consommation des multinationales caractérisé par la pénétration du marché dans tous les aspects de la vie sociale et de l’intimité jusque là fermés à la marchandise : destruction de l’agriculture précapitaliste par la «révolution verte», ascension des médias de multiples «n’importe-quoi» intéressés et de l’industrie de la publicité et de la mercatique sur les «temps (toujours plus longs) de cerveau et d’affects disponibles» (Patrick Lelay). Le postmodernisme prend la forme d’un flux de désinformation critique dont les centres d’intérêt sans cesse changeants cachent ses réels enjeux : faire que les hommes consomment et les  préserver d’un ailleurs (toute révolte ou insurrection).

« Les variations de sa forme lui donnent sa coloration de cirque et de fête foraine. Sa faculté de rendre crédible toutes les chimères lui confère une sorte de monopole quant à la maîtrise des processus de déréalisation des humains. Cette qualité lui confère une résistance à la critique de son absence de cohérence : au pays des mensonges déconcertants, seules importent la qualité des illusions et la crédulité des spectateurs. » (Servitude & simulacre, Jordi Vidal). Les luttes - quand elles existent encore - se sont délitées au point d’apparaître comme de nouveaux attributs d’un monde de plus en plus virtuel et factice. Ici, le culte (religieux) de la différence n’est qu’une diversion au goût du jour de l’échange marchand le plus violent : celui qui condamne toute pratique solidaire, méprise la vérité des faits et s’emploie à séparer ce qui était uni. Ici, chaque évocation de la liberté masque une pratique liberticide. C’est en condamnant le passé révolutionnaire et en s’appuyant sur la fabrication de leurres et de simulacres de récits complémentaires qu’on est parvenu à légitimer le modèle de société hypercapitaliste comme étant un «horizon indépassable». Cette société du chaos a supplanté celle du spectacle. Tout (et les personnes elles-mêmes) est devenu marchandises, jeté pèle mêle dans la désunion et le désordre.

« C’est l’expression d’une nouvelle régression dans l’histoire de la lutte des classes. Les stratèges de la société du chaos n’ont plus besoin de détourner ni de récupérer la théorie critique chez ceux qui remettent en cause cette société et la combattent. Ils écrivent et diffusent eux-mêmes une telle théorie et la font admettre comme étant la seule théorie critique possible. » (Jordi Vidal). Magnifique usage du sophisme sous l’apanage fallacieux de la démarche de la raison et des Lumières.

C’est le nouvel espace totalitaire et mondial où tout est pénétré et relativisé par l’insignifiance. Il y a une sorte de relation nécessaire entre trois émergences : la montée de formes culturelles postmodernes, l’apparition de modes toujours plus flexibles d’accumulation du capital et un nouveau cycle de compression très concret de l’espace-temps dans l’organisation du capitalisme. Le cycle du temps de ces trois formes chute sur celui de l’instant électronique devenu la trame concrète de nos vies. Depuis le milieu du XXème siècle, la coopération étroite entre l’Etat et les grandes sociétés dans un cadre national s’est dissoute au profit de l’expansion des investissements mondiaux (FMI, Banque mondiale) et du commerce (OMC) impulsée par le secteur privé des multinationales et des marchés financiers volatils. Ceci a déterminé une série de changements sociaux, économiques, scientifiques, techniques et culturels auxquels répondent l’éthique et l’esthétique du postmodernisme.

Se croyant légitimés à parler au nom des gens, les souteneurs de la déconstruction des Lumières -tout en prétendant à l’instar de la Gauche défendre les opprimés et lutter contre le sexisme, le racisme et l’impérialisme – soutiennent en sophistes le pire archaïsme politique, les plus sanglantes aliénation et barbarie religieuses, la récusation fallacieuse de la science comme un droit à la différence et l’apologie du communautarisme comme une actualisation du combat anti-impérialiste. 

Le combat contre ce système mortifère destructeur de toute humanité ne commence-t-il pas par le retour volontaire aux faits et à l’usage de la raison 

1) dans une éducation personnelle et réciproque dans des collectifs et 

2) dès l’enfance, en famille et dans une école de type scholè (de la Grèce antique) dont le but premier est l’acquisition de la maîtrise de soi par l’ascèse heureuse de la pratique des disciplines qui la développent et la fortifie pour faire des hommes des humains authentiques ?

samedi 17 mai 2014

AU CINE : Le racisme c'est rigolo.

Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? (2014) : le racisme, c’est rigolo

bon dieu00Claude et Marie Verneuil n’ont vraiment pas de chance : trois des quatre filles de ces Français issus d’une vieille famille catholique se sont mariées respectivement un Juif, un Arabe et un Chinois, alors que la quatrième s’apprête à leur présenter Charles, son fiancé ivoirien. Pour ces provinciaux racistes, la pilule ne passe pas. Alors, pour retrouver le fragile équilibre familial, les trois gendres conspirent vainement pour faire rater le mariage de la cadette. Le « salut » viendra finalement des deux patriarches Verneuil et Koffi (le père de Charles, tout aussi raciste et réactionnaire que son alter ego auvergnat) qui, après avoir sérieusement mis en danger les choses, se rendent compte de leur manque d’ouverture et réussissent à réconcilier les uns et les autres.
Dès sa sortie, cette comédie populaire a été acclamée par le public et la critique comme hymne à la tolérance et rapprochée d’un autre film à succès, « Intouchables ». Mais, alors que le propos central de ce dernier porte sur la construction d’une relation positive entre deux êtres que tout sépare (bien que le propos soit assez problématique à plus d’un égard), « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? » se limite à décrire le racisme dans sa forme la plus puérile comme socle tout à fait acceptable d’identification commune. « Tout le monde est un peu raciste », comme le dit David, le gendre juif ; et tout le film s’applique à démontrer que ce n’est pas si grave, tant que cela reste dans des proportions acceptables. L’Arabe ne tolère pas le Juif (et vice-versa), les Sémites se méfient des Chinois, qui leur rendent bien, et la haine du Blanc pour le Noir n’a d’égale que celle du Noir pour le Blanc. Au final, tous les racismes s’annulent et créent la paix commune.
Alors comment l’oeuvre de Philippe de Chauveron réussit ce tour de force à réhabiliter une certaine forme de racisme tout en prétendant défendre l’inverse? En dédramatisant par le rire un des procédés d’escroquerie intellectuelle les plus aboutis de la droite décomplexée, consistant à dépolitiser le racisme en le réduisant à la dimension de l’individu. En le cadrant à cette dimension unique, celle de la petite invective balancée lors d’un repas de famille, que l’on pourra facilement guérir autour d’un verre de vin.

Des minorités lissées et une apologie de l’assimilation

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Le film nous présente de bien beaux gendres, qui en plus de remplir de bonheur les filles Verneuil, semblent avoir été taillés sur mesure pour contredire les idées reçues les plus répandues : Chao est extraverti et drôle, Rachid est avocat et David est sans le sou. A ce parti pris de départ presque scolaire de jouer le contre-stéréotype, on oppose l’archétype du couple bourgeois catholique le plus caricatural qui soit : Claude le gaulliste et Marie la grenouille de bénitier. A priori, une condition idéale pour mettre en valeur ces jeunes hommes « issus de l’immigration », donc. Malheureusement, il suffit de gratter un peu la surface pour voir apparaître la grossière conformité des gendres aux caricatures les plus courantes : le Chinois obséquieux fait du kung-fu, l’Arabe est un peu roublard et l’idée fixe du Juif consiste à trouver l’idée business qui le rendra enfin riche. L’obsession permanente du film de rappeler à chaque scène et à chaque phrase leurs origines, à expliquer chacune de leurs actions (surtout les plus retorses) en fonction de leurs appartenances respectives, ne leur confère absolument aucune existence au-delà d’elles. Les alliances et les antagonismes entres les uns et les autres ne se fondent pas sur des amitiés ou des compatibilités de caractère, mais sur des ennemis communs à combattre : tantôt l’Auvergnat catholique, tantôt le Noir qui veut « sa part du gâteau » (sic!). L’unique ressort comique du film tenant en la capacité des personnages à confirmer ou infirmer un préjugé, il s’agit moins de rire du racisme que grâce à lui.
Pour ces gendres posés comme des produits génériques de leur communauté agrémentés de rares traits distinctifs qui les érigent en exceptions parmi les leurs, les rares instants de répit et d’harmonie doivent être mérités ; ils passent par l’assimilation, ni plus ni moins. Le fin du repas de Noël donne lieu à ce qui restera certainement à une des scènes les plus édifiantes du film : aviné, Rachid se lève pour entonner la Marseillaise, bientôt suivi de ses deux comparses, prouvant par là-même leur patriotisme. L’honneur est sauf : bien que métèques, ces gendres-là sont, au fond, de bons français pétris de valeurs républicaines. Plus tard, ils se rendent en compagnie de leurs beaux-parents à la messe de minuit et entonnent les cantiques avec une ferveur outrancière qui n’échappe à personne. A ce moment seulement entrent-ils symboliquement dans la famille. De leur côté, les Verneuil n’auront pas eu à faire ces efforts d’adaptation à l’autre : les dindes hallal, casher et laquée préparées par Marie est une attention présentée comme louable mais excessive et inutile. Les trois jeunes hommes insinuent clairement qu’ils ne demandent rien de tel. L’autre n’est donc acceptable dans sa différence d’apparence que dès lors qu’il est totalement assimilé dans ses us et coutumes, qu’il en fait des tonnes pour prouver qu’il a bien appris sa leçon d’intégration et qu’il ne demandent pas trop d’efforts en retour.
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Le bon immigré est celui qui boit du vin, est issu d’une classe socio-économique élevée (l’homogénéité de classe est remarquable dans ce film), n’est pas trop rancunier quand on lui balance une remarque raciste de premier degré, vu qu’il en balance en retour de toute façon. En bref, la version cinématographique de la promotion de « l’immigration choisie » sarkozyste.
Cette apologie de l’assimilation est particulièrement efficace parce qu’elle ne se lit pas aisément : elle crie la tolérance de la différence de surface tout en chuchotant son intolérance à la différence de fond. Le fait que les gendres soient présentés comme des « bons immigrés » n’exempte pas le film d’une tendance à dépeindre les autres immigrés sous un angle bien moins flatteur. Lorsque des figurants « de couleur » apparaissent à l’écran, c’est quasi-exclusivement pour souligner certains travers : le jeune de banlieue arabe se drogue en face du tribunal, le traiteur chinois ne craint rien tant qu’une inspection d’hygiène, la femme de ménage noire est fainéante et on en est encore à débattre d’une supposée forme de barbarie de la circoncision infligée aux petits garçons juifs.
Le bon immigré et le mauvais immigré mis dos-à-dos n’est pas une configuration nouvelle dans le cinéma français. Les exemples ne manquent pas : « Neuilly sa mère », « Mohamed Dubois », « La journée de la jupe » et tant d’autres encore. A chaque fois, l’immigré qui se montre sous un jour trop différent, qui prend en quelque sorte trop de place est systématiquement identifié comme hostile et personnellement responsable de sa propre désintégration au corps majoritaire.
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Le racisme, cette valeur triviale et consensuelle

Tout le monde, des Blancs aux Noirs en passant par les Arabes, les Juifs et les Chinois nourrit un petit complexe de supériorité à peine dissimulé. Chacun y va de son bon mot sur l’autre et devant la véhémence des invectives qui fusent de toute part, nous avons bien vite conclu à la totale symétrie et équivalence des sentiments racistes de tous. Pire encore, le racisme finalement ne consiste plus qu’en ce jeu d’insultes certes outrancières mais finalement bien peu conséquentes ; la discrimination raciale n’existe pas, par exemple. On apprend que Koffi ne doit s’en vouloir qu’à lui-même et son caractère de cochon du dédain affiché par ses supérieurs hiérarchiques blancs et Charles peut même camper un personnage principal dans un vaudeville où se presse le tout Paris ; ironique de la part d’un cinéaste français de prétendre que les arts de la scène français se sont à ce point guéris de leur ethnocentrisme blanc, quand dans la pratique on compte encore sur les doigts d’une seule main le nombre de rôles confiés à des personnes de couleur sans que se cache derrière ce choix une exigence scénaristique faisant mention explicite des origines particulières du personnage.
Le racisme tel qu’il est vécu en réalité pour les personnes « issues de l’immigration » est un système politique, économique et social qui instaure une hiérarchie entre dominants et dominés, qui limite les chances d’accès à un emploi, un logement et une visibilité médiatique. C’est cette dimension collective du racisme qui est totalement absente du film, qui ne le transforme qu’en petits points de vue exprimés entre le fromage et le dessert. Dans « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? », être raciste n’est rien d’autre qu’un travers personnel, qui n’engage que son titulaire et non l’ensemble des paramètres environnementaux susceptibles de le créer. C’est cette dépolitisation du racisme qui est la plus en vogue tant dans les rangs de droite décomplexée que dans les milieux proches la gauche gouvernementale tièdement « anti-racistes ». Il est facile, lorsque l’on fait mine d’ignorer que la société française est instaurée de telle façon qu’un ordre de dominant-e-s et dominé-e-s existe et n’a pas encore été dépassé, de prétendre que le « racisme anti-blanc » existe en France et est équivalent au racisme anti-noir, anti-musulman ou antisémite.
La caractéristique purement individuelle du racisme est confirmée par l’évolution du personnage de Marie Verneuil. Rongée par la solitude occasionnée par la mésentente familiale,elle fait une dépression et entame une psychothérapie, qui lui permet de se remettre en question et de mettre le doigt sur les raisons profondes de ses sentiments hostiles à l’égard de ses gendres. Elle découvre alors que sa peur de l’étranger prend racine dans sa peur enfantine des… mulots. Toute honte bue, le film fait donc le parallèle entre étrangers et rats. Cette révélation est le début de la guérison pour Marie, qui nous prouve par a+b qu’il est possible de guérir du racisme allongée sur un divan de psy, sans jamais remettre en cause le système global qui produit ce mal social dont les conséquences politiques, géopolitiques et économiques sont pourtant tangibles.
L’individualité du racisme et sa non-existence politique est également présente en creux dans les personnages des quatre filles Verneuil. Si tous les protagonistes s’en donnent à coeur joie pour balancer des vannes, elles seules restent totalement hermétiques et innocentes à cet égard. Elles roulent des grands yeux et s’émeuvent, mais jamais ne prononceront de mot désobligeant sur une appartenance quelconque. Dans la réalité, le déterminisme familial n’est jamais total, bien entendu, mais il est étonnant de laisser penser que les valeurs racistes ne se transmettent pas, au moins en partie, à travers l’éducation ou les références culturelles. Ainsi, le racisme des parents Verneuil est dépeint finalement comme une anomalie exceptionnelle chez les Blanc-he-s plutôt qu’une règle sociale qui déploie son effet sur l’ensemble du corps des dominants.
Les filles Verneuil incarnent de plus à elles quatre la seule réponse anti-raciste qu’oppose le film au racisme : le métissage, présenté comme une solution auto-suffisante. Conception simpliste, vu qu’être en couple avec une personne d’un autre groupe ethnique que le sien et avoir des bébés de toutes les couleurs dans une même famille n’exempte pas de l’existence de rapports de domination à la fois dans la sphère personnelle et publique. Le métissage, tout comme la « tolérance », est sans conteste un pas important hors de la logique de la haine raciste, mais il ne saurait constituer un aboutissement à lui seul. Les filles Verneuil ne combattent pas le racisme en manifestant, en votant ou en exprimant leur désaccord sur l’ordre politique; elles le font en faisant des enfants peut-être suffisamment blancs pour échapper un peu mieux aux stigmates que leurs pères largement plus typés. Ici encore donc, la dépolitisation du racisme est utilisée comme procédé d’occultation de la nature multidimensionnelle du phénomène.
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Pour être plus précis, notons que si le racisme n’est pas « contagieux » chez les Blanc-he-s chez qui il n’est qu’un truc de vieux réac’, il n’en va pas de même pour les personnes immigrées ou issues de l’immigration. Comme tout Algérien qui se respecte Rachid marque sa haine du Marocain et David le Séfarade des Ashkénazes, alors que Chao se désole de son accent vietnamien. La métissage qui suffisait à lui seul à ériger les femmes blanches en archétypes incontestables de l’anti-racisme n’a visiblement pas le même effet sur les jeunes fils d’immigrés, qui sont bien incapables de dépasser les haines inter et intra-communautaires irrationnelles commandées de façon apparemment inéluctable par leurs appartenances respectives. Et finalement, puisqu’à l’intérieur même des minorités tout le monde semble déjà se haïr pour d’obscures raisons, qu’il y a-t-il de mal à les détester aussi, après tout ? La boucle est bouclée : il est possible d’être déculpabilisé du racisme.

La haine comme valeur commune

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Au final que reste-t-il des 1h37 de « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? » ? Une farce à peine cohérente où les personnages se lient d’affection uniquement sur la base de leurs détestations communes. La genèse de l’amitié entre Claude et Koffi consacre ce message pour le moins contradictoire ; on assiste pendant de longues minutes au rapprochement entre les deux chefs de clan au fur et à mesure qu’ils tombent d’accord sur les méfaits du métissage ; au cours des activités bien masculines que sont la pêche et la boisson, débarrassés donc des complications de la vie (à comprendre : des bonnes femmes), ils peuvent enfin aller au fond des choses, à la façon des hommes, des vrais. A la conclusion de cette joute viriliste se dessine enfin la paix des ménages, faite par et pour les patriarches. Ils scellent même leur réconciliation par la prise à parti d’un jeune homme soit-disant « albinos » pendant leur garde à vue. L’agression d’un tiers au motif de son apparence physique pour tisser des liens fraternels, on n’y aurait difficilement pensé, de prime abord.
La désescalade de l’hostilité entre les deux hommes fera au passage une autre victime : la réparation. En effet, c’est à travers l’obstination tournée en ridicule de Koffi à ne pas participer aux frais du mariage qu’est abordée la question de la réparation de l’exploitation coloniale française en Afrique. Présentée comme une requête égoïste, bête et méchante, elle passe à la trappe dans la dernière scène, lorsque le père du marié promet un chèque à Claude, celui-ci ayant plus tôt bien relativisé la spoliation en rendant les Africains coupables de leur propre sort sous la domination coloniale. Jamais oeuvre « anti-raciste » n’aura autant été en phase avec l’establishment politique (à gauche comme à droite), qui ne sait parler de l’idée même de la réparation des crimes coloniaux qu’en qualifiant celle-ci dans des termes tels que la « culpabilisation », l’ « autoflagellation » ou encore la « repentance » (sous-entendue excessive). La mise à égalité des griefs de l’ex-colonisé avec ceux de l’ex-colonisateur tendent à relativiser l’Histoire coloniale, car elle sous-entend que celle-ci peut être nuancée, répartie en « pour » et en « contre », qu’elle a même ses « circonstances atténuantes » ; en bref, on ne tombe pas très loin du « rôle positif de la colonisation ».
Peut-être donc parce qu’il conforte tout un chacun dans sa médiocrité et n’oblige personne à se questionner, le film a tout d’un consensus politiquement correct caressant les dominants dans le sens du poil. Au fond très convenu et conservateur, il ne bouscule rien et c’est certainement là la recette de son succès.
Inès El-Shikh

Source : http://www.lecinemaestpolitique.fr/quest-ce-quon-a-fait-au-bon-dieu-2014-le-racisme-cest-rigolo/
 

jeudi 15 mai 2014

Sujet du Merc. 21/05 : Et si on parlait de rien ?



                                Et si on parlait de rien ?

Rien ce n’est pas grand-chose. Parfois c’est moins que ça. Au café philo nous parlons de tout et de rien. Reste à savoir si c’est séparément ou en même temps !
Et puis sommes-nous si sûrs que cela de parler de tout et de rien ? Après tout un café philo c’est fait pour parler de quelque chose : de philosophie.
La philosophie serait elle ni du tout, ni du rien ?
On pourrait tenter une définition de la philosophie à partir de ce constat d’évidence. La philosophie a-t-elle pour vocation a être un exercice de réflexion totalitaire (globalisant, enveloppant tous les champs de pensée) ? Ou bien est elle un exercice nihiliste qui déconstruit, décortique, anéanti toutes certitude, croyances … ?
Leibniz disait : « pourquoi y a t il quelque chose que rien ?». Etrange question. Si on est quelque chose (un être humain par exemple), comment pensez le rien absolu, l’absence totale de tout ?
Le rien serait il un jeu conceptuel ? Une expression abstraite pour le non-existant ? Ni pensée, ni matière ?
Discuter sur le rien ne reviendrait il pas alors à une absence de discussion. ? Que serait une discussion où on essaierait de ne parler de rien ? Une page blanche pour un écrivain manchot ?

Pourtant ce soir c’est bien à cela que nous sommes conviés à nous exprimer ! « Et si on parlait de rien ».
Au fond nous avons une solution, faire comme si de rien n’était et parler de rien comme concept.
Nous l’avons dit ci-dessus, si la philosophie se contentait de parler de rien elle se lancerait dans un exercice nihiliste. Questionnons donc le nihilisme :

Si Dieu n’existe pas, tout est permis. Par ce biais, le nihilisme est une idéologie qui justifie un activisme politique qui peut verser dans le terrorisme. Mais il est aussi utilisé pour souligner le « néant » qui caractérise l’homme des temps modernes et que nombre de phénomènes accuse : « mort » de Dieu, mépris d’êtres humains gérés comme autant de « ressources », génocides et famines rationnellement organisés, vide d’une culture rabaissée au rang d’obscénités publiquement étalées. En deçà de ses manifestations historiques, le nihilisme provient d’une négation. Que nie le nihilisme ? Ce qui, de toute évidence, est. Nietzsche précise : « Les valeurs les plus élevées se dévaluent » . Ce qui était auparavant estimé, comme le vrai, le beau, le bien, perd son sens.
Arrêtons-nous sur l’idée de vérité. Dire la vérité consiste à faire apparaître ce qui est ; masquer ce qui est sciemment revient à dire le faux, à mentir. Dire le faux sans s’en rendre compte, c’est commettre une erreur. Si rien n’est, toute quête de vérité est illusoire. Il n’est guère difficile de reconnaître ici le credo d’une doxa contemporaine : il n’y a pas de vérité, à chacun ses opinions. Parce que le nihilisme peut s’afficher avec bonhomie, rappelons le mot de Nietzsche : il est « le plus inquiétant de tous les hôtes » . Il se nie sournoisement et, occasionnellement, peut fêter sa victoire à travers « idéaux » imposés par la violence ou, de façon plus civilisée, au nom d’une « liberté d’opinion » autorisée à répandre des mensonges.
Le fait que le sens de quoi que ce soit ne jaillisse qu’à partir du moment où l’être humain s’interroge sur lui, que rien ne soit ni vrai ni faux sans êtres humains pour se prononcer sur ce qui est, tout cela fait le terreau du nihilisme. Il ne peut nier ce qui est qu’en renonçant à ce qui est humain. Lévi-Strauss indique : « Cette dévalorisation systématique de l’homme par l’homme se répand, et ce serait trop d’hypocrisie et d’inconscience que d’écarter le problème par l’excuse d’une contamination momentanée » . Ce type d’attitude, cependant, a déjà été illustré par Platon, à travers un personnage discret du célèbre dialogue Le Banquet. Il s’agit d’Apollodore, le narrateur. Parce que le philosophe cherche à discerner ce qui est au milieu des apparences, il peut être perçu comme un être « au-dessus » du monde et des autres. C’est dans cette posture que l’on découvre Apollodore. Glaucon lui demande de raconter la fameuse soirée rapportée par Le Banquet. Apollodore se prépare avec plaisir à « parler de philosophie », mais ajoute : « Quand au contraire j’entends d’autres propos, les vôtres en particulier, ceux de gens riches et qui font des affaires, cela me pèse et j’ai pitié de vous mes compagnons, parce que vous vous imaginez faire quelque chose alors qu’en réalité vous ne faites rien » Ne pas faire de philosophie, c’est ne rien faire. Platon indique ici ce que pourrait être une caricature de la philosophie socratique. Ce que font les hommes, dit Socrate, sont des idoles (eidôla), plus ou moins éloignées de l’idée qui les guide. La philosophie n’est donc pas une négation du monde ni des hommes. Comme l’indique Heidegger, le « mè on » platonicien n’est pas un simple « rien », mais désigne ce qu’il ne faut pas prendre pour la norme de ce qui est . Le souci philosophique de la vérité réclame une attitude critique, qui consiste bien à séparer ce qui est, ce qui n’est pas, ce qui passe pour être. La dialectique platonicienne laisse paraître la « séparation » mais aussi le rapport inapparent des idoles aux idées, à l’insu de ceux qui œuvrent et travaillent sans faire profession de philosophe : artisans, poètes, médecins, architectes, sophistes, hommes politiques. L’attitude philosophique fait jaillir ce qui, au quotidien, semble n’être rien : l’idée, au-devant de laquelle se projettent les ombres qu’il ne faut pas idolâtrer. Il n’y a d’ombre que par le rayonnement d’une lumière. La philosophie se soucie de cette lumière afin de montrer ce que les idoles imitent avec plus ou moins de justesse. Faire de la philosophie consiste à clarifier le rapport mal assuré aux idées afin de « retrouver le chemin de chez-nous », soit de comprendre le monde où il nous est donné de vivre.
Apollodore est la figure prémonitoire d’une interprétation malheureuse de la philosophie de Platon comme doctrine sur « deux mondes ». Ce n’est pas un hasard si Platon le présente comme un rapporteur, non comme  un penseur. Voir les activités humaines comme un néant coupe à sa racine la possibilité de penser. Il préfigure ce que l’Occident nommera le nihilisme. Il reste certes le fidèle messager d’une pensée en dialogue. Mais Platon indique déjà que le nihilisme est un rejeton dogmatique de la philosophie, devenue étrangère à elle-même, une fois conçue comme doctrine. Le nihilisme à venir pourra usurper l’attitude critique du philosophe en se prévalant d’un certain sang-froid et d’une certaine hauteur : rien n’est au-dehors d’opinions et de doctrines conventionnelles que l’on peut éventuellement exposer.
Le foisonnement « d’informations » qui laisse croire que plus rien n’est à penser par soi-même est sans doute une forme contemporaine du nihilisme. La pensée se fige dès lors qu’aucune question ne vient la solliciter en propre. Ce manque suscite l’agressivité, déjà si bien illustrée par Platon (Le Banquet, 173 d) : « Tu es toujours le même Apollodore, toujours à dire du mal  de toi-même et des autres et tu me donnes l’impression de penser que, Socrate excepté, absolument tous les hommes sont des misérables, à commencer par toi. […] dans les propos que tu tiens, tu es toujours agressif  contre toi-même et les autres, à l’exception de Socrate. » La négation des activités humaines permet de masquer, non sans un certain snobisme, la difficulté de penser. Les dialogues platoniciens sont des expériences de penser, où le plaisir de découvrir une vérité, si souvent souligné par Platon, s’oppose à la pure et simple hargne dénonciatrice.

Là où le philosophe s’attarde à faire paraître la richesse foisonnante de ce qui reste à comprendre, le nihiliste sermonne en agitateur : regardez, il n’y a rien à voir ! Le nihilisme n’autorise pas seulement la destruction d’une humanité considérée comme un rien. Platon montre qu’il tend à justifier l’absence de pensée en la détournant de ce qui la nourrit, la contemporanéité d’une question elle-même ancrée dans un monde partagé. Cette absence de pensée peut être masquée par une assurance prompte à accuser et à dénoncer. Pour cette raison, c’est une erreur de croire que l’on peut combattre le nihilisme en le dénonçant. Penser le nihilisme, ce n’est pas étaler la laideur de ses manifestations.
Le nihiliste, comme Gorgias, peut prétendre savoir répondre à toutes les questions. A la question éminemment philosophique de savoir ce qui véritablement est, il peut partout répondre : rien ! Sous une forme plus savante : tout dépend des conventions, des opinions, des rapports de force historiques en jeu. Le nihilisme détourne de la question de l’être par son apparence séduisante. Dès son commencement, il est à la philosophie ce que les idoles sont aux idées : il croît dans son ombre.

lundi 12 mai 2014

Sujet du Merc. 14/05 : « ET LES NOUVELLES TE FONT MAL JUSQU’À LA PAGE DES SPECTACLES » Léo Ferré



                « ET LES NOUVELLES TE FONT MAL JUSQU’À LA PAGE DES SPECTACLES »  Léo Ferré

Cette citation de Léo Ferré interroge notre relation aux médias. Les médias voudraient nous faire croire en de "nouvelles"..."informations".. 
Sans oublier la "fonction" des spectacles (largement sous employées, sous considérés), deuxième couche pour être certain d'anesthésier encore l'opinion.
La page des spectacles (presse ou via internet) "informe" nous le constatons, de plus en plus avec des outils d'aliénation de masse. Le système capitaliste, omniprésent, monothéiste yen ou dollar veut "conditionner" (comme on conditionne des produits ou des outils) public et opinion. Cela afin qu'ils développent des réflexes pulsionnels et superficiels.
MEDIA « désigne, dans l'acception la plus large, tout moyen de diffusion, naturel (comme le langage, l'écriture, l'affiche) ou technique (comme la radio, la télévision, le cinéma, internet) permettant la communication, soit de façon unilatérale (transmission d'un message), soit de façon multi-latérale par un échange d'informations
Au sein de cet ensemble, l'expression médias de masse (de l'anglais « mass-media ») caractérise un sous-ensemble important, les médias qui ont acquis une diffusion à grande échelle pour répondre rapidement à une demande d'information d'un public vaste, complété dans de nombreux cas par une demande de distraction. La plupart des entreprises dites de média emploient des journalistes et des animateurs de divertissement. Ils recueillent dans un premier temps des informations auprès de sources d'information, en leur assurant la protection des sources d'information, ce qui leur permet d'acquérir une audience, et valorisent dans un second temps leur audience par la vente d'espaces publicitaires. À côté de ce modèle dominant, les chaînes de téléachat et les périodiques ne diffusant que des petites annonces et publicités sont aussi considérés comme des médias ».
Etymologie : « en latin, media est le pluriel de medium (milieu, intermédiaire). La notion d'intermédiaire a aussi une origine grecque, médiation développée par de nombreux philosophes notamment Socrate puis Bergson et nouvellement Francis Balle. Le terme media est maintenant rarement employé selon son orthographe latine, « Médias » désigne plusieurs supports et « Média » un support unique ».
Médias et communication : les médias sont des outils de communication.
« Le choix d'un média dépend évidemment du type de communication recherché » Outils afin de faire croire à un semblant d'information, faire peur d'un côté, tout en faisant le plus vite possible oublier le sens, le contenu et de possibles analyses concernant les réalités du monde. Manipulation des médias par le passé certes. D'autant plus aujourd'hui que les outils médiatiques (h)omniprésents sont d'une puissance ravageuse...
Déroulement d'un journal télévisé, où l'on met en scène générique, début, milieu et fin. Stratégies d'une guerre de la séduction, de la communication. Guerre entre les chaînes. Chaînes de télévision elles-mêmes assujetties à des groupes financiers liés, pour exemple, à une multinationale bétonnée ou cette autre armée...
Il arrive même que l'on ait, à d'autres reprises, une sensation de bouillie obsédante. Quand un événement est "spectaculaire", il est diffusé en boucles, donc à l'identique.  Il arrive parfois même que des associations douteuses voir hyper maladroites se fassent entre événements et pseudo reportages.
cf 7 ième point / Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise (10 stratégies de manipulation de masse Noam Chomsky synthétisé par Sylvain Timsit *)
« Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
Dans un passé proche, le moindre réfrigérateur, améliorait notre quotidien.
Nos outils contemporains, en temps réel, ont la possibilité de nous fournir des sources rapides, utiles, « éclairantes ». Outils indéniables : tout dépend ce que l'on met dedans, comment ils sont utilisés.
Pourtant, de plus en plus fréquemment, dés que l'on veut consulter une source sur internet, on doit supporter une pub, voir deux. Notre cerveau totalement ouvert et attentif subit alors une réaction de stress inévitablement !
(Qui n'a pas fait le constat suivant ? Intérieurement cris, jurons qui s'en suivent, inhibés voir exprimés...)
Sans compter le nombre de fois où une page, sans aucun rapport avec le sujet demandé, s'affiche. Les outils, ordinateur avec derniers processeurs : juste à côté du coeur, téléphone portable en mode amplifié dans l'espace public : insupportable, tablette & co, sous prétexte qu'ils soient dans l'air du temps, ces -fabuleux- outils, la façon dont ils sont manipulés, ne justifient pas ce stress.
Parfois même, il y a perte de sens. Sous le prétexte d'une « source » "branchée", "people", cette indécence, ne sert-elle pas malheureusement à renforcer l'ignorance crasse et fière de l'être d'une majorité de personnes dans l'opinion ? (cf les "Une" lamentables de certains serveurs ou "fournisseurs" dit d'accès internet) . En quoi doit-on supporter, "tolérer" l'intolérable ? Notamment, dans les transports en commun, quand des "génies" imposent leur ectoplasme sonore **, médiatiquement mais injustement qualifié de "musique", alors qu'il ** n'est que stress, obsession en mode beat booté amplifié, vide de sens et d'émotion.
cf 8 ième point / Encourager le public à se complaire dans la médiocrité *
« Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte… »
INFORMATION étymologie
« De formo (« faire, former, travailler ») avec la préposition locative « dans », « sur » : former, façonner, fabriquer / former dans l’esprit, imaginer, se représenter, tracer le portrait de /ébaucher, esquisser, crayonner / peindre, décrire/ former, instruire." artibus aliquem ad humanitatem informare" , Cicéron : instruire quelqu'un pour qu'il soit un homme cultivé.
la "fonction" du et des spectacles
Comme « outil » de propagande : afin de faire croire à une pseudo art, une pseudo culture. Tout en faisant le plus possible oublier une Culture qui tend vers l'universalité, l'Histoire et celle de la culture.Afin que l'opinion oublie le sens, le contenu, de possibles analyses concernant la violence du système économique que l'on sait.
cf 6 ième point / Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion *
« Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l'analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements… »
Conséquences :
- créations de peudo artistes sans saveur, sans aucune conscience de leurs responsabilités vis à vis du public.
- opinion majoritairement influençable, parfois même désespérément prévisible, entraînée à suivre les campagnes médiatiques, publicitaires, de la petite politique politicienne.
- mort d'une conscience humaine, politique, philosophique, résistante. dans un trop grand nombre de domaines artistiques aussi.
cf 3 ième point / La stratégie de la dégradation *
« Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement. »
Dans la chanson, constat de ce qui se passe en 2014 en comparaison avec un des courants de la chanson "vivante" (terme inventé par Allain Leprest), dites "à texte" des années 1960-70,  dans les années 1980-2010, malgré des Noirs Désirs, (malgré le drame que l'on sait, Bertrand Cantat, pourtant plume talentueuse), 1990 Zebda (son auteur Magyd Cherfi - les médias ont achevé ce groupe non par hasard) Allain Leprest (dans la filiation des plus grands), Juliette (reprend "les haineux" texte de Pierre Dac, censuré sous Sarcosi) Michèle Bernard...
Le but étant de donner en pâture du fade, du sans saveur, quitte à conditionner le public dans la direction suivante :
Etre contestataire, résistant, c'est ringard, "as been", voir "68 ard". Surtout faire oublier la fonction des chants Populaires Révolutionnaires, ceux de la Commune entre autre.
cf 9 ième point / Remplacer la révolte par la culpabilité *
« Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution ! … »
Dans la culture dite savante :Cette position qu'ont parfois certaines élites, accrochées à leurs privilèges, se croyant au dessus du peuple, cultivant finalement un dédain faussement « distancié » concernant une majorité d'Etres Humains.D ans quelles mesures certaines élites, ne collaborent-elle pas directement ou indirectement avec les pires mafieux, bien sur, en col blanc ? Irrespect, non responsabilité concernant un large public sont des référents qu'ils ont en commun.Leurs socles étant la "Société du spectacle", médias, show bizz et autre mainstream (qui façonnent d'ailleurs de nouvelles formes d'élites des plus inquiétantes ?) 1Stephane Sweig lors de la monté d'hitler en 1933 s'exprimait ainsi : "Le pouvoir a toujours été réservé aux barons, aux princes, aux universitaires. Rien n'a autant aveuglé les intellectuels allemands que l'orgueil de leur culture".
Ajouté à la machine infernale citée plus haut 1, ne pourrait-on entendre -comme un écho- à cette phrase en 2014 ?

Sujet du Merc. 23/03/2024 : Le cas Nietzsche.

                                   Le cas Nietzsche.       Pourquoi un tel titre ? Qui aurait l’idée de dire « le cas Diderot », ou « le c...