samedi 29 novembre 2014

Sujet du Merc.03/12 : La guerre est elle la continuation de la politique par d'autres moyens ?



La guerre est-elle la continuation de la politique
par d’autres moyens ?
 Le rabâchage habituel sur la guerre c’est qu’elle est née de la « nature humaine », cette fameuse (fumeuse) « nature humaine » qui nous enseigne (matraque) que l’homme est égoïste et violent …. depuis toujours. Alors avant d’aller plus loin il semble utile de jeter à la poubelle des croyances ce qui doit y être jeté : tout discours non scientifique (c’est à dire non adossé à des faits) qui fait « l’air ambiant » de tout discours sur la guerre.
En 2004 un anthropologue, R Brian Ferguson écrit « La guerre, selon les anthropologues, est un type de violence potentiellement mortelle entre deux groupes, quels que soient la taille de ces groupes et le nombre de victimes. Mais dans quelle mesure une définition aussi large de la guerre ou, plus précisément, des cas de conflits dans les sociétés humaines primitives peut-elle éclairer la genèse et les enjeux des guerres modernes et des conflits qui ont éclaté en Iraq, au Kosovo, au Rwanda, au Vietnam ou encore en Corée ? »
( Naissance de la guerre – Mensuel N° 373)
De nombreux autres anthropologues étazuniens dont, Lawrence H. Keeley, archéologue de l'université de l'Illinois, Steven A. LeBlanc, archéologue à l'université de Harvard déclarent : « La guerre est semblable au commerce et aux échanges. C'est quelque chose que font tous les hommes. », « tout le monde a fait la guerre à toutes les époques », pourquoi ? : pour eux, les peuples primitifs ne furent jamais de « vrais conservateurs ». Ils dégradaient leurs ressources, et lorsque la population augmentait, ils manquaient de nourriture, ce qui déclenchait des guerres, bref,  du Malthus, à la sauce ethnographique !
Et R B Ferguson de conclure :  «Si la guerre était courante dans les temps anciens préhistoriques, les abondants vestiges archéologiques devraient en contenir les traces. Or, il n'en est rien. La collecte des données archéologiques, en revanche, est riche d'enseignements. Elle révèle que la guerre n'a pas toujours existé : elle est apparue il y a moins d'une dizaine de milliers d'années, à des dates très différentes selon les continents et les régions Et nous ne sommes pas dans un cas où « l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence ».
Le cadre étant posé reste à savoir pourquoi la guerre est née à l’aube du néolithique (- 7000 en ce qui concerne l’ouest européen). Plusieurs facteurs peuvent être mis en corrélation : climat tempéré, passage du stade cueilleurs-chasseurs nomades à celui d’éleveurs agriculteurs sédentarisés, accroissement de la population, développement inégal des moyens de production de nourriture, pré-organisation en micro cités (naissance du politique et du religieux comme associé du politique) …….
Alors, foin des fables et mythes ambiants sur notre prétendue « nature humaine » agressive ! L’archéologie, l’anthropologie entre autres sciences nous renvoient une image de notre histoire bien différente.
Pour que la guerre apparaisse il faut certaines conditions historiques, tout comme pour le moteur à explosion ou la fission de l’atome. La guerre, telle que nous la connaissons nait avec le politique, avec la gestion d’un territoire, des ressources, d’humains, réunis pour la première fois en grand nombre (plus qu’une tribu primitive).
C’est ainsi que Carl von Clausewitz (1770-1831) pourra déclarer dans une formule synthétique :  « La guerre n’est que la simple continuation de la politique par d’autres moyens. ... car le dessein politique est le but, la guerre est le moyen, et un moyen sans but ne se conçoit pas. »
Grand militaire et grand théoricien de la guerre, Clausewitz raisonne aussi, et c’est là sa pertinence, en dialecticien. Il ne subordonne pas la politique à la guerre ou l’inverse. Pour lui le phénomène « guerre » est un des éléments d’un processus général comme le montre assez bien A D Beyerchen :  « l'interprétation non linéaire de Clausewitz nous oblige à approfondir notre compréhension de sa maxime sur les rapports entre guerre et politique. L'idée que « la guerre est simplement le prolongement, par d'autres moyens, de la politique » est souvent comprise comme consacrant le privilège d'un continuum d'ordre temporel: d'abord, la politique établit les objectifs, puis vient la guerre, avant que la politique ne reprenne les commandes au moment où le conflit prend fin. Toutefois, dans une telle perspective, la politique est traitée comme quelque chose d'extérieur à la guerre: c'est un artifice produit par un modèle séquentiel linéaire. La politique est une affaire de pouvoir, et les boucles rétroactives qui mènent de la violence au pouvoir comme du pouvoir à la violence sont un aspect intrinsèque de la guerre. Cela ne signifie pas simplement que les considérations politiques pèsent toujours sur les commandants militaires, mais que la guerre est par définition un sous-ensemble de la politique et que tout acte militaire aura des conséquences politiques, indépendamment du fait que celles-ci aient été voulues ou non, voire même qu'elles soient sur le coup évidentes »
Au fond il est nécessaire de comprendre la guerre et de ne pas en faire « une acte de folie des hommes ». Il faut, au contraire, la réhabiliter comme fait politique, moyen politique. C'est-à-dire pratique humaine liée à des conditions concrètes, une situation concrète.
Si nous observons alors quelques éléments des guerres modernes :
1      la décision d'entrer en guerre dépend de la poursuite d'un intérêt propre à ceux qui prennent effectivement la décision. Un conflit peut être relié au problème des ressources alimentaires de base, mais il peut tout aussi bien éclater à propos de biens accessibles uniquement à l'élite. La décision dépend du rapport entre le coût de la guerre et d'autres risques potentiels, menaçant la vie et le bien-être. Et de manière plus définitive, de la position dans la hiérarchie politique interne : Présidents, dirigeants favorisent souvent la guerre, car la guerre favorise les dirigeants.
2        Bien sûr, ceux qui poussent à la guerre ne font jamais état de leurs propres intérêts. Les  arguments qu'ils invoquent sont ceux de dangers et de bénéfices collectifs. Ceux qui prônent la guerre la définissent toujours en termes de valeurs élevées à défendre, qu'il s'agisse de la nécessité de répliquer à des actes malveillants, de défendre la seule vraie religion ou de promouvoir la démocratie. C'est comme cela que l'on convainc les indécis et que l'on construit un engagement émotionnel. Et toujours, c'est l'autre camp qui, d'une manière ou d'une autre, a amené la guerre.
Ces roulements de tambour requièrent bien entendu en préalable des manipulations cyniques, dont les mass média sont les vecteurs. (Algérie, Vietnam, Iraq …)
Intérêts réels et intérêts symboliques s’entremêlent car la guerre requiert de la chair humaine.
Apprécier Clausewitz c’est balayer les mythes creux sur la guerre et mettre la politique aux postes de commande.
C’est balayer l’irrationnel apparent (et ressassé par tous les manuels d’histoire). Clausewitz est certainement un des auteurs qui permet de penser le politique dans sa version apparemment inavouable et soi disant « incompréhensible » : la violence institutionnalisée.
Du même mouvement si la guerre est un moyen de la politique elle doit être accessible à la raison. A ce titre a nous de reprendre la politique en main et de cesser d’user de ce moyen. La guerre est née d’un stade social de l’humanité. Il n’y a aucune raison que ce « moyen » de la politique perdure sauf à penser et dire que nous en sommes à la « fin de l’histoire »

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lundi 24 novembre 2014

ONU - Condamnation du nazisme : la France s'abstient !

"Nos" médias n'ont rien dit :


le 21 Novembre dernier l'assemblée de l'ONU avait se prononcer sur la condamnation du nazisme


La résolution déclarait : les membres de l’ONU expriment leur « profonde préoccupation par la glorification de toute forme de mouvement nazi, de néonazisme et des anciens membres de la Waffen SS, y compris par la construction de monuments commémoratifs et la tenue de manifestations publiques ». Le document souligne également l’augmentation du nombre d’incidents de nature raciste dans le monde entier.

Unanimité ? Pas du tout.

Et parmi ceux qui refusent de condamner le Nazisme et la discrimination raciale,
 notre gouvernement ! Et votent CONTRE cette résolution ... USA et ... Ukraine. Les dirigeants actuels de l'Ukraine oublient ils le lourd tribut payé par leur peuple au nazisme ?


Sujet du Merc. 26/11 : La souffrance fait-elle évoluer ?



La souffrance fait-elle évoluer?

La souffrance a cela de positif qu’elle n’a pas besoin d’être expliquée! Tout le monde sait de quoi il s’agit.( Les mots douleur et souffrance sont ici interchangeables et synonymes.)
A la question que lui posait un journaliste sur son combat en faveur d’une réconciliation en Afrique du Sud, Nelson Mandela répondit: «j ai eu 21 ans en prison pour réfléchir, sans cette condition j’aurais continué à professer la lutte armée! ». On peut aisément imaginer les souffrances qui ont dû baliser sa réflexion. A plus ou moins grande échelle la souffrance, qu’elle soit mentale ou physique,  fait partie du lot quotidien de chacun depuis toujours.
La religion chrétienne met en avant la souffrance soit comme châtiment de Dieu soit comme participation mineure aux souffrances du Christ, devenant ainsi un facteur qui sauve l’homme de ses péchés, qui purifie l’âme. Simone Weil parle «d’un usage surnaturel de la souffrance» Quant aux religions orientales elles mettent en avant l’incapacité de l ‘homme à s’affranchir de ses désirs, à vivre au présent et l invite à l ‘acceptation ou résignation. Ce résumé est quelque peu caricatural mais reflète un état d’esprit assez courant même chez les gens athées lorsqu’ils souffrent.
Elisabeth Kübler-Ross éminente psychiatre américaine d’origine suisse, pionnière dans l’accompagnement des mourants a permis de changer le regard sur la mort et la maladie dans les milieux hospitaliers, ne les considérant plus comme l’échec de la vie et de la santé. Elle dénombre 5 phases que traverse toute personne avant d’accepter la mort ou tout autre deuil: le déni, la colère, le marchandage, la dépression, l’acceptation. l ‘acceptation étant la phase qui permet de tourner la page et donc de transcender la souffrance. Elle insistera sur l’importance de laisser à chacun la possibilité de s’exprimer à chacune de ces phases exigeant des médecins le droit des patients de savoir la vérité sur leur maladie.
Sans parler de deuil, la souffrance au quotidien est présente dans tous les aspects de notre vie; au travail notamment elle a été étudiée par C. Dejours, psychanalyste, qui nous rappelle que toute résistance à la maitrise  est une expérience de l’échec mais que si elle permet de mobiliser l’intelligence pour résoudre un problème elle se transformera en plaisir puisque l’on se sentira plus intelligent, sans compter le regard des autres qui nous valorisera. Dans le cas de harcèlement c’est la solidarité qui est un facteur clef. L impossibilité de surmonter une difficulté accroit ou développe des pathologies qui peuvent conduire jusqu’au suicide sur le lieu de travail ( chez France Telecom etc) ou parfois même à l école où l’enfant peut connaitre les mêmes difficultés et a besoin de sentir la reconnaissance de l’enseignant.
«Un mot permet d’organiser notre manière de comprendre le mystère de ceux qui s’en sont sortis. C’est celui de résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit de l’adversité. En comprenant cela nous changerons notre regard sur le malheur et malgré la souffrance, nous chercherons la merveille» Boris Cyrulnik dans un «merveilleux malheur»

Pourquoi certains d’entre nous sauront surmonter souffrances et douleurs?
Pardon, solidarité, regard empreint d’empathie, entraide favorisent la résilience mais suffisent-ils? Quels sont les tuteurs de résilience qui nous permettent de surmonter notre souffrance?          

lundi 17 novembre 2014

Sujet du Mercredi 19/11 : Comment se déshumanise l'évolution des hommes ?

Note : Ce philopiste est diffusé au café philo sous format papier A3 avec illustrations. Nousn ne pouvons pas le reproduire ici.
Les abonnés à la liste de diffusion le recevront en pièce jointe (PDF)



       COMMENT  SE  DÉSHUMANISE  L’ÉVOLUTION  DES  HOMMES ?

Tout être s’adapte en permanence aux changements de son environnement ou disparaît. C’est le principe même de l’évolution du vivant.
Une problématique majeure du sujet qui nous occupe est de définir avec précision la nature du processus évolutif par lequel en toujours moins de temps les hommes modifient radicalement leur milieu de vie, induisant en retour une évolution qui, par son caractère si humain mais « artificiel », correspond paradoxalement à une auto-sélection déshumanisante. Ou alors au contraire, faut-il considérer que cette auto-sélection est le processus d’humanisation par excellence ? Menée avec conscience et raison, une démarche intermédiaire est-elle une solution d’humanisation à préciser ? Les hommes sont en effet sans cesse en devenir par le truchement de leurs actes dans un milieu qu’ainsi ils modifient et qui rétroagit sur leur devenir par une « sélection naturelle » qu’ils induisent « artificiellement » : en somme, une dialectique en marche. Si cela pouvait être le cas, la philosophie épouserait bien le réel.
Mais aujourd’hui on ne sait plus trop ce qu’il en est de la détermination des hommes par le rythme sidérant de leurs multiples constructions. Nous sommes faits de matière comme les choses et les animaux qui ne sont que l’effet de divers regroupements fonctionnels de particules matérielles qui caractérisent les formes propres à leurs natures intrinsèques. A cet égard et pour partie au moins, les hommes ne font pas exception.
1.   Sauf précisément que les hommes construisent eux-mêmes sans cesse l’agencement des éléments qui les constituent dans un rapport dialectique de co-évolution tant avec le milieu ambiant qu’avec la société qu’ils constituent en une structure évolutive s’édifiant au fil du temps. Le rapport évolutif cyclique initial de la main aux objets et au cerveau a produit la lente émergence d’Homo sapiens qui a persisté par la suite dans cette voie : les hommes se meuvent sans cesse dans un équilibre instable (de « type vélo » qui chute s’il s’arrête) toujours vers un ailleurs à ce qu’ils sont déjà devenus. Ils se transforment par émergences en un mouvement incessant. Ils passent d’une forme à une autre dans l’apparition de fonctions nouvelles et inédites.
2.   Ainsi par exemple, les hommes ont créé un rapport de co-opération évolutive avec les chiens et, actuellement, avec les GPS et autres smartphones qu’ils ont conçus, et surtout avec les multiples « institutions » en correspondance évolutive rapide avec eux mais aussi entre elles. L’évolution historique s’emballe depuis quelque dix générations de révolution technique. Mille prothèses compensent nos limites : dents, membres et organes artificiels; gènes nouveaux incorporés au génome humain; connexions diverses au cerveau, même subliminales; mécanismes sociétaux à prégnance tous azimuts dont nous nous convainquons de « l’horizon indépassable ». C’est la science et les technologies, la création monétaire alliée à la privatisation du vivant et des besoins vitaux, notre transformation en troupeaux de bestiaux, c’est le capitalisme renaissant de ses crises successives dans un processus en cascade dialectique avec elles.
La science et les techniques, dont font partie la finance et la monnaie, ne reposent-elles pas sur le principe fondateur de séparation en éléments discrets et disjoints ? Cette démarche de dissociation analytique en modules d’appréhension du réel distincts ne présente-t-elle pas un danger majeur pour les organismes vivants qui ont, au contraire, le caractère opposé de structures systémiques enchevêtrées intégrant les fonctions vitales ? A cet égard, s’imposent au moins deux remarques majeures : 1) par exemple, la sélection statistique par Google de seulement quelques caractéristiques distinctes de clients construit des profils en vue d’une prédiction de leurs comportements futurs de consommateurs au lieu de rechercher une connaissance intégrée des hommes comme le fait la démarche philosophique matérialiste et la science et 2) la complexité intégrée du vivant humain rend vulnérable à la démarche analytique qui le scinde en parties disjointes dont les liens structurels qui les unissent sont ainsi niés ?
Il y a bien des particules qui s’agrègent pour arriver à un tout. Mais on ne connaît pas cette unité intégrée qu’est la vie. Ce ne sont donc pas les technologies nano-bio-info-cognitives (NBIC) qui pourront, à partir de cette ignorance, fidèlement modéliser la vie humaine et encore moins l’augmenter sans dommages par l’amélioration ciblée de ses agrégats disjoints et distincts alors que les NBIC nient les liens qui les unissent. En fait, ces technologies s’approprient le vivant et le nie en tant que tel. Le pouvoir recherché serait-il de faire marcher les paralytiques, parler les muets, entendre les sourds et faire que les hommes se consument d’amitié ou d’amour pour un robot informatique (sur Facebook) ? N’est-ce pas tenter de recréer le vivant (trans)humain, tels des Christ et Platon technologiques assurant l’hybridation de l’humain par des artefacts (ou son extinction ?), véritable mutation (ou éradication ?) accélérée de masse à l’instar de nouvelles « applications » smartphoniques ? Les hommes qui se veulent dieu s’humanisent-ils ?
3.   Ne s’agit-il pas là d’une évolution dirigée et finalisée par une main divinement humaine portant des critères d’efficacité et de performance compétitives ? Alors que la nature a, au contraire, toujours agi au hasard. Quelque 99% des espèces ont disparu au cours de l’évolution par sélection naturelle survenue au hasard. La même proportion de nos cellules disparaît également ainsi. La nature exploite les possibles, mais au hasard et sans finalité.
Actuellement, nous produisons le contraire. Nous créons une finalité par l’usage des lois de la physique. Quelles qu’elles soient, les hypothèses sous-jacentes à cette hybridation humaine fulgurante sont absurdes. La première serait le suicide de l’espèce une fois pervertie par le transhumanisme. C’est une déshumanisation. La seconde postule déjà que les hommes resteraient des hommes malgré d’innombrables artefacts incorporés. C’est comme se convaincre que les chiens et les hommes peuvent survivre une fois séparés après avoir cédé certaines de leurs fonctions naturelles par l’échange réciproque d’avantages comparatifs. Le chien n’a-t-il pas renoncé au pouvoir de se nourrir par lui-même dans la nature après s’être repu des déchets que les hommes lui concèdaient pour que, originellement loup, ce canidé ne les attaque plus et qu’au contraire il leur prodigue des services d’olfaction et d’ouïe fines que les hommes ont perdues dans un processus adaptatif de co-opération par co-évolution mutuelle et réciproque ? Il s‘agit de mécanismes physiologiques profonds issus d’une sélection finalisée par les hommes. Ces changements fonctionnels des sens remplacent le lien physiologique existant par une autre fonction organique. Cette co-évolution dirigée fait que les hommes et les chiens ne peuvent plus exister les uns sans les autres. Une évolution analogue n’émerge-t-elle pas aujourd’hui par la relation hommes-GPS-smartphones-etc. ?
4.   A l’opposé du slogan mensonger de libération, on conclut qu’on n’est pas augmenté mais plutôt réduit par ces prothèses. N’en perd-on pas rapidement le sens tant de l’orientation que du rapport de proximité multiforme en faveur d’intimations GPS binaires et réductrices du cerveau et d’une virtualisation du lien humain par médiation smartphonique ? Les moins de quarante ans seraient-ils déjà hybridés ?
De plus, en vingt ans la production industrielle d’aliments de démesure et le « fast-food » n’ont-ils pas créé en France des maladies inédites et accru, tout d’abord, la taille par hormones de croissances puis la rondeur adipeuse par inflation de portions toujours plus caloriques. De telles mutations en corps surdimensionnés ne sont-elles pas tout profit, non seulement pour les industries alimentaires et pharmaco-médicales, mais surtout par la perte générale des valeurs, rythmes et traditions culinaires qui « libèrent » tendanciellement les individus-monades de toute valeur ? Dès lors n’allons-nous pas demain (ou est-ce déjà fait ?) exiger nous-mêmes notre augmentation prothésique de type NBIC, en nous transformant en objets décervelés sans plus de possibilité de prise de conscience ?
5.   La chosification de l’humain par aliénation renforcée est là. L’histoire devient la continuation de l’évolution biologique des Sapiens par d’autres moyens. De quelque type qu’ils soient, les modes de production des deux derniers siècles - fondés sur des innovations majeures en matière de technologies, de communications, d’organisation sociale et de puissance militaire - sont au cœur de l’évolution humaine. Ces mutations ne sont pas survenues par elles-mêmes ni par hasard. Comme l’analysait déjà Marx, les forces matérielles et culturelles et les rapports de production ne sont pas séparables. Ce sont des activités d’hommes faisant leur propre histoire mais pas dans le vide, pas en dehors de la vie matérielle ni en dehors de leur passé historique. Il s’agit de comprendre comment agissent les forces responsables de la transformation récente de Sapiens.
6.   Une dérive culturelle et civilisationnelle alarmante saute aux yeux. C’est la marchandisation généralisée de l’humain au titre de chose ou de bête, forme hautement favorable à la vente d’abord de travail non payé puis de tout l’être et de son devenir, jusqu’aux « institutions » et à l’art qu’il a créés et qui ensemble sont la source de la vie en société. L’homme étant un animal social, il est politique (Aristote). Si cette capacité était dissoute, il ne serait plus.
Toute richesse ne provient de rien d’autre que des hommes. Le profit sans limite a fait, à l’inverse, de la richesse une dérive déshumanisante. L’apparemment incontrôlable évanouissement du sens qui en découle tend à priver les hommes de toute pensée positive. Ceci tend à les confiner à l’impossibilité de l’action et à l’impuissance à trouver les causes de cette situation et à les combattre. En fait,  la richesse-capital est censée « donner » du travail aux hommes, quand en vérité c’est le salarié qui est contraint de donner du travail gratuit et même sa force vive toute entière au capitaliste, alors même qu’il devient failli et « jetable », comme mouchoir de papier souillé, une fois qu’il ne peut plus contribuer à son propre asservissement. La richesse-capital devait servir la société quand c’est elle, aujourd’hui, qui le sert en se niant elle-même.
7.   Quelles sont les causes de cette dérive et quels en sont les mécanismes directeurs, le comment de la chose ? Allez donc me les trouver tous. Cette recherche philosophique sera vitale pour nous. Car si les hommes se mettent à dégénérer, on ne donne plus cher de nous ni du sort du genre humain…

vendredi 7 novembre 2014

Sujet du Merc. 12/11 : A qui appartient l'écologie ?



               A qui appartient l'écologie ?

Quelle doit-être la place de l'écologie dans la société ?

« Aujourd’hui la seule condition de survie réside dans l’établissement d’un rapport plus humble avec la planète. »  Alain Gras (Science et Vie, 2008)

Le terme « écologie » vient du grec oikos (« maison », « habitat ») et logos (« science », « connaissance ») : c'est la science de la maison, de l'habitat.

Depuis quelques années seulement, l'écologie connaît un succès grandissant dans le quotidien des humains.
Plusieurs congrès sur l'environnement sont organisés, et même des partis politiques en font leur principal fer de lance. Récemment les projets de la construction du barrage de Sivens ou de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont subi des mouvements contestataires importants et ont fait la Une des médias. Pourtant l'écologie existe depuis bien longtemps. C'est une notion définie par Ernest Haeckel en 1866. Mais même Aristote s'y intéressait en son temps. Son élève Théophraste décrivait déjà les interactions entre les animaux et leur environnement au IVème siècle avant J.-C..

L'écologie est donc une science, celle de l'habitat, des interactions qui s'y passent et donc des "conditions d'existence" d'après Haeckel. Cela signifie que l'écologie fait partie intégrante de la Vie et lui est en aucun cas dissociable. Au vu de la nécessité d'être en vie (rien que pour écrire ou lire ces quelques lignes, par exemple), on peut dire que l'écologie est importante.
En la définissant ainsi on se rend vite compte qu'il ne s'agit en aucun cas de quelque chose de négligeable...à moins de renoncer à l'étude des conditions et modalités d'existence de la vie. Nous sommes d'accord, ce serait sacrément dommage et potentiellement handicapant.
C'est sûrement pour cela que l'humain lui accorde de l'importance maintenant que le réchauffement climatique se fait sentir. Que ce soit par diverses formes de manifestations ou de simples pétitions, le peuple se sent concerné par cette cause. Les plus hautes sphères dirigeantes aussi, de façon très administrative avec la présence d'un ministère de l'environnement ou très engagée avec le parti d'Europe Ecologie Les Verts. Cette science possède donc un ministère de façon aussi légitime qu'existe le ministère de la santé.

            Par contre, un parti...?
Etrangement, personne n'a créé le parti de la médecine ou de l'astrophysique. Pourquoi donc ? La politique consiste à se soucier de la vie en société. Pour cela il faut faire un choix de système : en politique il n'y a que des choix, il n'y a pas de vérité. Avec la fréquence du mot vérité dans les discours de nos politiciens actuels, on est en droit de se demander s'ils ont vraiment compris leur rôle.
Pour revenir à la définition de l'écologie, voter EELV signifirait choisir de faire de l'écologie ? Comme si l'on pourrait choisir de se soigner si l'on votait pour le parti de la médecine. Cela discrédite grandement cette science qui est alors insérée dans un système de choix.
L'écologie dépasse la sphère politique.

            S'il s'agit d'une science, elle est donc faite pour des scientifiques, non ?
Les enseignements portant sur l'écologie ne consiste pas à trier les déchets. Certains actes considérés écologiques dans la société sont simplement sanitaires, comme le traitement de l'eau par exemple. Il y a une distorsion entre la réalité scientifique de l'écologie et ce que la société, que ce soit par la politique, la publicité ou les médias, en fait.
            Que fait l'écologie au milieu du peuple non scientifique alors ? Par quel sentiment, un individu lambda voudrait faire de l'écologie ? Quel est l'effet de cette vulgarisation erronée ?
On ne s'improvise pas médecin. Ou même thérapeute. Il faut une formation sérieuse. Et pourtant, beaucoup de personnes se soucient de l'écologie, de la santé de notre planète et des êtres vivants qui la peuplent. Alors pourquoi ? Pourquoi une science qui nécessite des études précises attire autant de gens. Y aurait-il quelque chose d'intrinsèque à l'homme pour qu'il veuille s'occuper de la planète et la conserver ? Ou, au contraire, les gros industriels ne s'en souciant pas nous montreraient-ils qu'il s'agit d'une préoccupation non universelle ?

Une chose est sûre, si l'écologie a aujourd'hui une réelle place dans la société, cette place n'est ni précise, ni efficace et surtout loin d'être à la hauteur de la discipline.

Pistes de réflexion :

Le salon de l'écologie les 5, 6 et 7 novembre 2014 à Montpellier : www.salon-ecologie.com
Venez nombreux, il y aura du monde !

Sur YouTube : Doxa #17 - L'alimentation et l'écologie par Dany Caligula
Même si le sujet de ce philopiste ne concerne pas, du moins directement, l'alimentation.


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Sujet du Merc. 23/03/2024 : Le cas Nietzsche.

                                   Le cas Nietzsche.       Pourquoi un tel titre ? Qui aurait l’idée de dire « le cas Diderot », ou « le c...