mardi 27 janvier 2015

Noam Chomsky, l'hypocrisie de l'indignation occidentale !



Noam Chomsky, l'hypocrisie de l'indignation occidentale !
 

Les attentats de Paris montrent l’hypocrisie de l’indignation occidentale, par Noam Chomsky, 19/01/2015
NdE : Noam Chomsky est professeur émérite du département de linguistique et de philosophie de l’Institut de Technologie du Massachussetts (MIT). Il a publié récemment « Masters of Mankind » [NdT : « Les maîtres de l'humanité »]. L’adresse de son site web est www.chomsky.info. Les opinions exprimées dans ce texte n’appartiennent qu’à l’auteur.
(CNN) Après l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo qui a fait 12 morts dont le rédacteur en chef et quatre autres dessinateurs, et le meurtre de quatre juifs le lendemain dans un supermarché casher, le premier ministre français Manuel Valls a déclaré « la guerre contre le terrorisme, contre le djihadisme, contre l’Islam radical, contre tout ce qui vise à détruire la fraternité, la liberté, la solidarité. »
C’est sous la bannière « Je suis Charlie » que des millions de personnes ont manifesté pour condamner ces atrocités et dénoncer en chœur ces horreurs. Il y eut d’éloquents discours d’indignation, brillamment résumés par Isaac Herzog, chef du parti travailliste israélien et candidat favori aux prochaines élections, qui a déclaré que « Le terrorisme, c’est le terrorisme. Il n’y a pas d’autre manière de le définir », et que « toutes les nations qui cherchent la paix et la liberté [font face] à l’énorme défi » de la violence brutale.
Ces crimes ont également provoqué un torrent de commentaires, cherchant les racines de ces agressions choquantes dans la culture islamique et explorant des façons de contrer cette vague meurtrière de terrorisme sans sacrifier nos valeurs. Le New York Times a qualifié l’attentat de « choc des civilisations », mais il a été corrigé par l’éditorialiste du Times, Anand Giridharadas, qui a tweetéque cela « n’était pas et ne serait jamais une guerre de civilisations, entre elles. Mais une guerre POUR la civilisation, contre des groupes qui se trouvent de l’autre côté de cette ligne. #CharlieHebdo. »
Le déroulement des événements à Paris a été décrit de manière très détaillée dans le New YorkTimes par Steven Erlanger, correspondant vétéran du journal en Europe : « une journée de sirènes, de survols d’hélicoptères, de bulletins d’informations ; de cordons de police et de foules angoissées ; de jeunes enfants emmenés loin des écoles par mesure de sécurité. C’était un jour comme les deux précédents, de sang et d’horreur, dans Paris et ses alentours. »
Erlanger a également cité un journaliste survivant qui disait que « Tout s’est effondré. Il n’y avait pas d’issue. Il y avait de la fumée partout. C’était terrible. Les gens hurlaient. C’était comme dans un cauchemar. » Un autre a raconté « une énorme détonation, puis tout est devenu noir. » La scène, rapporte Erlanger, « était une scène de plus en plus familière faite de verre brisé, de murs effondrés, de poutres tordues, de peinture brûlée, de dégâts émotionnels. »
Cependant, ces dernières citations – comme nous le rappelle le journaliste indépendant David Peterson – ne datent pas de janvier 2015. En fait, elles proviennent d’un reportage d’Erlanger datant du 24 avril 1999, qui avait reçu moins d’attention. Erlanger y décrivait « l’attaque des missiles de l’OTAN sur le siège de la télévision nationale serbe » qui avait « fait disparaître Radio Television Serbia des ondes », tuant 16 journalistes.
« L’OTAN et les responsables américains ont justifié l’attaque », a écrit Erlanger, « en disant qu’il s’agissait d’un effort pour affaiblir le régime du président Slobodan Milosevic de Yougoslavie. » Kenneth Bacon, le porte-parole du Pentagone a déclaré lors d’une réunion à Washington, que « la télé serbe fait autant partie de la machine meurtrière de Milosevic que son armée », ce qui en faisait par conséquent une cible militaire légitime.
Il n’y eut aucune manifestation ni pleurs d’indignation, ni slogan « Nous sommes RTV », pas d’enquête sur la raison des attaques, dans la culture chrétienne et son histoire. Au contraire, l’attaque contre la presse a été applaudie. Le très respecté diplomate américain Richard Holbrook, alors représentant en Yougoslavie, a décrit le succès de l’attaque de la RTV comme un « développement positif et, je pense, extrêmement important », sentiment partagé par d’autres.
Il y a beaucoup d’autres événements qui n’appellent aucune enquête sur la culture occidentale et son histoire – par exemple la pire atrocité terroriste en Europe de ces dernières années, en juillet 2011, lorsque Anders Breivik, un extrémiste chrétien ultra-sioniste et islamophobe, a massacré 77 personnes, principalement des adolescents.
Dans la « guerre contre le terrorisme », la campagne terroriste la plus extrême des temps modernes est aussi passée sous silence – la campagne mondiale d’assassinats de Barack Obama visant quiconque suspecté de peut-être vouloir nous faire du mal un jour, ainsi que les malheureux se trouvant dans les parages. On ne manque pas d’exemples de ces malchanceux, comme ces 50 civils tués dans un bombardement américain en Syrie, en décembre, dont on a à peine parlé dans les medias.
Une personne a effectivement été punie, en lien avec le bombardement du siège de la RTV (Radio-TV Serbe) par l’OTAN. Ce fut Dragoljub Milanović, le directeur général de la station, qui a été condamné par la Cour européenne des Droits de l’Homme à 10 ans de prison pour n’avoir pas réussi à faire évacuer le bâtiment, selon le Comité de Protection des Journalistes. Le Tribunal Pénal International pour la Yougoslavie a examiné l’attaque de l’OTAN et a conclu que ce n’était pas un crime, et bien que les pertes civiles aient été « malheureusement élevées, elles n’apparaissaient pas comme clairement disproportionnées. »
La comparaison entre ces cas nous aide à comprendre la condamnation du New York Times par l’avocat des droits civiques Floyd Abrams, connu pour son infatigable défense de la liberté d’expression. « Il y a des moments pour la retenue », a écrit Abrams, « mais dans le sillage immédiat de la plus grande attaque contre le journalisme de mémoire d’homme, [les éditeurs du Times] auraient mieux servi la cause de la liberté d’expression en s’engageant pour elle », en publiant les dessins de Charlie Hebdo ridiculisant Mahomet qui ont provoqué cette attaque.
Abrams a raison de décrire l’attaque de Charlie Hebdo comme « étant de mémoire d’homme, le plus grave assaut contre le journalisme. » La raison est liée au concept de « mémoire d’homme », une catégorie minutieusement élaborée pour inclure leurs crimes contre nous, tout en excluant scrupuleusement nos crimes contre eux – ces derniers n’étant pas des crimes, mais une noble défense des plus hautes valeurs, parfois perverties par inadvertance.
Ce n’est pas l’endroit pour analyser ce qui « était à défendre » lorsque la RTV fut attaquée, mais une telle recherche nous en apprend beaucoup (voir mon livre A New Generation Draws The Line [NdT: « Une nouvelle génération fixe ses règles »).
Il y a bien d’autres illustrations de cette intéressante catégorie qu’est la « mémoire des faits ». L’une d’elles est l’attaque des Marines contre Falloujah en novembre 2004, l’un des pires crimes commis lors de l’invasion de l’Irak par l’alliance américano-britannique.
L’attaque a commencé par l’occupation de l’hôpital général de Falloujah, un crime majeur en soi, au-delà de la manière dont elle s’est déroulée. L’attaque a été largement reprise à la Une du New York Times, accompagnée de photos décrivant comment “les patients et le personnel soignant ont été sortis de leur chambre à la hâte par des soldats armés. Ceux-ci leur ont ensuite ordonné de s’asseoir ou de s’allonger sur le sol pendant que des soldats leur attachaient les mains derrière le dos”. L’occupation de l’hôpital était louable et justifiée, a-t-on estimé : elle a « forcé l’arrêt de ce que les agents considéraient comme une arme de propagande pour les militants : l’hôpital général de Falloujah et son flot de blessés civils. »
De toute évidence, il ne s’agissait pas d’une attaque contre la liberté d’expression, et cela n’entre pas dans la catégorie « mémoire des faits. »
D’autres questions viennent à l’esprit. On pourrait naturellement se demander comment la France fait respecter la liberté d’expression et les principes sacrés de « fraternité, liberté, solidarité ». Est-ce par exemple grâce à la Loi Gayssot, appliquée à de nombreuses reprises, qui accorde à l’état le droit de décider de la Vérité Historique et de punir quiconque a une interprétation divergente ? Ou bien en expulsant les malheureux descendants des survivants (Roms) de l’Holocauste vers l’Europe de l’Est où les attend une implacable persécution ? Ou alors en traitant de manière déplorable les immigrants nord-africains des banlieues de Paris dans lesquelles les terroristes de Charlie Hebdo sont devenus des djihadistes ? Est-ce enfin quand le courageux journal Charlie Hebdo a licencié le dessinateur Siné au motif qu’un de ses commentaires aurait eu des connotations antisémites ? Cela soulève tout de suite beaucoup d’autres questions.
Quiconque ayant les yeux ouverts aura immédiatement remarqué d’autres omissions assez frappantes. Ainsi, les palestiniens sont au premier rang de ceux qui affrontent « l’ énorme défi » de la violence brutale. A l’été 2014, lors d’une nouvelle attaque vicieuse d’Israël sur Gaza, au cours de laquelle de nombreux journalistes ont été assassinés, quelquefois dans des voitures clairement identifiables comme appartenant à la presse, en même temps que des milliers d’autres victimes, alors que cette prison à ciel ouvert gérée par Israël était à nouveau réduite à l’état de gravats, sous des prétextes qui ne résistent pas une seconde à l’analyse.
L’assassinat de trois autres journalistes d’Amérique latine en décembre, portant le total de l’année à 31, a également été ignoré. Il y a eu plus d’une douzaine de journalistes tués rien qu’au Hondurasdepuis le coup d’état militaire de 2009, qui a été reconnu par les États-Unis (mais par peu d’autres pays), ce qui place probablement le Honduras en tête de la compétition du meurtre de journalistes par habitant. Mais là encore, ce n’est pas, de mémoire d’homme, une attaque contre la liberté de la presse.
Ce n’est pas bien compliqué de détailler. Ces quelques exemples illustrent un principe très général qui est observé avec professionnalisme et constance : plus nous pouvons imputer de crimes à nos ennemis, plus ils sont violents ; plus notre responsabilité y est importante – et par conséquent plus nous pouvons les faire cesser – moins nous y porterons intérêt, plus nous aurons une tendance à l’amnésie ou même au déni.
Contrairement à l’éloquente déclaration, ce n’est pas vrai que « Le terrorisme, c’est le terrorisme. Il n’y a en a pas deux sortes ».
Il en existe clairement deux : le leur contre le nôtre. Et pas seulement pour le terrorisme.
Source : CNN, le 19/01/2015 Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

samedi 24 janvier 2015

Les limites de la "liberté d'expression" : Un prof de philo suspendu ...........

Le rectorat suspend le prof et saisit la justice

24/01/2015 05:46    "La Nouvelle République"
 
Jean-François Chazerans a reçu le courrier lui, notifiant sa suspension. Aucun motif n'est indiqué. - (Photo Patrick Lavaud)
Accusé par des parents d’élèves d’avoir perturbé la minute de silence, un professeur de philo du lycée Victor-Hugo à Poitiers est mis à pied. Il se défend.
Jacques Moret organisait hier après-midi la mobilisation pour les valeurs de la République (lire plus bas). Dans son introduction il rappelait : « Le 8 janvier, il y a eu aussi l'inacceptable commis par quelques enseignants qui n'ont pas observé la minute de silence avec des arguments dérisoires invoquant une absence de nécessité. Ou des arguments plus contestables estimant que ce n'était pas le moyen le plus approprié. Mais aussi des arguments inadmissibles pour des fonctionnaires cautionnant plus ou moins les attentats. » Et le recteur de promettre des sanctions si ces faits étaient avérés.
Ainsi, un professeur de philosophie du lycée Victor-Hugo à Poitiers est suspendu à titre conservatoire pour 4 mois (*) depuis mercredi. Il a été remplacé. « Sur ce cas, il y a eu des plaintes de familles, nous a confié le recteur. L'enseignant aurait tenu des propos déplacés pendant la minute de silence. J'ai immédiatement diligenté une enquête. Le professeur a été suspendu. Il fallait l'éloigner de ses élèves. La procédure suit son cours. Le conseil de discipline statuera sur la suite de sa carrière. » Par ailleurs, Jacques Moret a porté l'affaire en justice hier soir. « Le recteur m'a effectivement dit qu'il me saisissait sur le fondement de l'article 40, nous a confirmé le procureur de la République Nicolas Jacquet. Je n'ai pas à cette heure les éléments en main. » L'apologie du terrorisme est évoquée. Mais le rectorat n'en dira pas plus.
Jean-François Chazerans par contre nous a livré sa version. Ce professeur de philo mis en cause est connu pour son militantisme d'extrême gauche. Enseignant à Victor-Hugo depuis 2005, il est apparu très ému hier midi. Sous le choc. Voici sa vérité. « J'ai été interrogé lundi par deux inspecteurs d'académie. Ils m'ont dit que leur rapport serait le soir même sur le bureau du recteur et le lendemain sur celui de la ministre. Je ne sais pas ce qu'on me reproche. Je ne sais pas quel cours, quel débat est concerné. On m'a juste dit " ce sont des propos qui ont été tenus en classe ". On évoque qu'il y avait eu des plaintes d'élèves et de parents qui sont montées directement au rectorat. Je suis sonné, je m'attendais à tout sauf à ça. Ce fameux jeudi, j'ai organisé des débats avec mes six classes de terminale. Le but était de comprendre les causes du terrorisme en sortant autant que possible de la passion et de l'émotion du moment. »
" Les djihadistes sont des fascistes "
Jean-François Chazerans poursuit. « Ce sont les élèves qui étaient demandeurs. J'étais réticent. Je n'aime pas évoquer à chaud de tels sujets. Devant leur insistance et leur état de choc, j'ai décidé de mettre en place ces débats. »
Eludant la fameuse minute de silence (**) - « Je n'y étais pas » -, le prof engagé condamne aujourd'hui sans ambiguïté les attentats et leurs auteurs. « Ma réaction de citoyen est de dénoncer avec force ces actes odieux, horribles. On ne peut quand même pas m'accuser d'avoir la moindre sympathie pour les djihadistes. Ce sont des groupes fascistes que je combats. Il n'y a pas eu une quelconque apologie du terrorisme lors de mes cours. Au contraire… » Le prof fait montre d'incrédulité. « Je ne comprends pas. Je décide de m'exprimer car je ressens un fort sentiment d'injustice. »
(*) Pendant sa suspension, le professeur bénéficie de l'intégralité de son traitement. Il peut former des recours gracieux, hiérarchique ou contentieux pour contester cette décision. (**) Au moment où nous avons interrogé le professeur, il ignorait qu'on lui reprochait d'avoir perturbé la minute de silence.

Sujet du Merc. 28/01/2015 : Un philosophe religieux est-il un philosophe ?



            Un philosophe religieux est-il un philosophe ?
                               «Peut-on croire à une religion quand on est philosophe?…

… Et, par extension : le vrai philosophe n’est-il pas forcément athée ?  »
Question de Philippe BARBON, et réponse de Charles PÉPIN, professeur au lycée d’État de la Légion d’honneur.

« Cette opposition automatique entre la religion et la philosophie repose probablement sur des idées préconçues au sujet de la religion comme de la philosophie. Croire n’est pas nécessairement synonyme de foi mystérieuse, absolue et indubitable. Philosopher ne renvoie pas nécessairement à une analyse exclusivement rationnelle du réel. On peut croire en Dieu « de manière philosophique », par exemple en sachant incorporer dans sa croyance une part de ce doute qui, de SOCRATE à DESCARTES, signe l’attitude philosophique. Il y aurait même là, comme l’explique Gianni VATIMMO dans Après la Chrétienté (Calmann-Lévy, 2004), un garde-fou contre le fanatisme, l’intolérance de celui qui ne supporte pas le doute des autres parce qu’il ne supporte d’abord pas le doute en lui.
On peut aussi, à l’inverse, philosopher « de manière religieuse », par exemple en croyant en certaines idées qu’il n’est pas possible de démontrer rationnellement. Ainsi trouve-t-on dans la philosophie de KANT trois idées (le moi, le monde, Dieu), paradoxalement appelées « idées de la raison », en lesquelles nous pouvons croire, auxquelles nous pouvons accorder du crédit malgré leur caractère hypothétique, et qui ont un usage régulateur positif sur notre effort pour connaître, pour agir, pour vivre. Bien sûr, KANT explique qu’il faut savoir toujours distinguer le savoir de la croyance, mais il propose néanmoins une philosophie dans laquelle on a besoin de (bien) croire pour (mieux) savoir. Il n’y a donc pas opposition entre religion et philosophie ; ce n’est donc pas « un progrès de ne plus croire ». Chez HEGEL, de même, on trouve cette idée que la religion nous révèle ce que la philosophie nous démontrera ensuite (et que l’art d’ailleurs a commencé par nous montrer) : il n’y a donc pas non plus opposition du religieux et du philosophique, mais le même Esprit du monde s’exprimant sous des formes différentes.
La meilleure façon de vous répondre reste toutefois de faire référence à tous ces philosophes qui ont voulu démontrer rationnellement l’existence de Dieu : LEIBNIZ, DESCARTES, SPINOZA, SAINT ANSELME, SAINT THOMAS. On peut bien sûr critiquer cette démarche, objecter par exemple à DESCARTES qu’il croit démontrer Dieu alors qu’il l’a simplement d’abord postulé, parce qu’il est d’abord croyant, ou à SPINOZA qu’il a tout simplement redéfini Dieu par la puissance de sa philosophie. Mais dans tous les cas on ne peut pas réduire la philosophie à l’athéisme. On commence à philosopher parce que le monde fait problème. C’est probablement pour cette même raison qu’il y a des religions. L’une comme l’autre prouvent que nous ne sommes pas des bêtes ».


« Alors, alors », aurait encore écrit Anatole FRANCE, devant toutes ces belles vérités…
Oui…
La problématique philosophique de cet article invite encore trop à distinguer les croyants des croyances sans remettre en question la problématique principale.
Le souci de « croire » pour vivre est-il « vital » et l’existence d’un dieu indubitable ?
Pouvons-nous être et créer sans idée de dieu ?
Il y a certainement de bons juifs, de bons chrétiens, et de bons musulmans, comme de bons hindous et de bons bouddhistes, et d’autres bons croyants de sectes en devenir, issus des centaines et des centaines de courants religieux différents que l’on ne découvre que lorsqu’il y a un massacre inter ou intra religieux !
Mais si des femmes et des hommes prônent la paix et l’amour, leurs maîtres sont au nom de leurs dieux — par l’usage des textes sacrés et de leurs interprétations — des bourreaux sanguinaires.
À preuve du contraire :
— Aucune religion n’accepte honnêtement la véracité d’une autre religion.
— Aucune religion n’accepte qu’un croyant change de religion ou abandonne sa croyance.
— Aucune religion n’accepte de dissidence ou de contradiction, d’humour ou de remise en question.
L’hérésie, l’apostasie comme le blasphème, sont toujours punis de mort… après, on module selon les pays et les époques !
— Aucune religion ne considère honnêtement TOUS les humains égaux entre eux !

Aussi :
— L’athéisme est une forme de « croyance en une non croyance »… et pourrait être aussi une forme de religion, avec de multiples courants.
— L’idée de dieux serait-elle universelle et nécessaire à distinguer l’humain de l’animal ?

L’arme de propagande des religions se construit sur la peur de la mort.
La philosophie s’intéresse au sens de la vie…
Les religions s’échafaudent sur l’autorité et la morale.
La philosophie semble s’édifier sur la considération et les valeurs.
La philosophie commencerait dans notre civilisation avec les présocratiques…
N’est-il pas étudié alors que Socrate, lui-même, fut condamné à mort par le tribunal de l'Héliée, à Athènes, pour corruption de la jeunesse, négation des dieux ancestraux et proposition de divinités nouvelles ?
Et Diogène de SINOPLE par ses propos et ses actes libérés fit triompher l’École Cynique…

Oui, sans religion, la vie devient jubilatoire…
Avec la religion, tout semble subversif !

Un philosophe religieux est-il encore philosophe puisqu’il perd la jouissance de chercher la sagesse en s’enfermant dans des certitudes, des vérités illusoires ?
Anatole FRANCE excelle dans sa quête sur la vérité par ces propos contradictoires qu’il attribut à VOLTAIRE, ce combattant des croyances, qui fut enterré en parfait religieux :
« — Qu’est-ce que la vérité ?…
— D’abord mon ami, je crois que s’il s’agissait de la Vérité absolue, nous pourrions en dire ce que ce diable de VOLTAIRE faisait dire à SPINOZA, s’adressant à Dieu :
“Je crois, entre nous, que vous n’existez pas” ».

                                     
                                                      Sujet du MERCREDI 04 Février

                          996                         Quelle est l’utilité des riches ?

lundi 19 janvier 2015

Sujet du Merc. 21/01 : « Régner est un crime… » Saint Just



« Régner est un crime… » Saint Just

« On ne peut régner innocemment, régner est toujours un crime d'usurpation, de domination et de tyrannie »
Citation de Sophie WAHNICH, Historienne française, qui a repris les grands propos sur la liberté que la Révolution Française de 1789 a fait jaillir… quelques rares instants !

« Régner est un crime »… quelques mots retrouvés dans les discours fleuves d’un jeune aristocrate : Louis Antoine de SAINT-JUST, guillotiné à 26 ans principalement pour avoir voulu, avec Gracchus BABEUF, donner au peuple de quoi manger en ouvrant les finances de l’État, en offrant les ors de la République naissante à celles et ceux qui ont faim…
Ces héros d’un jour étaient des êtres épris de libertés, désirant l’égalité, aspirant à la fraternité !
Mais de SAINT-JUST, les historiens d’État préfèrent se limité à le cantonner dans son élogieux surnom : « L’Archange de la Terreur ».

De SAINT-JUST il faut citer : « On ne peut régner innocemment ».
Et bien entendu : « Un peuple n'a qu'un ennemi dangereux, c'est son gouvernement ».
De BABEUF, rappelons que « Si le peuple est souverain, il doit exercer lui-même tout le plus qu'il peut de souveraineté » sans oublier : « Plus de propriété individuelle des terres, la terre n'est à personne. Nous réclamons, nous voulons la jouissance communale des fruits de la terre : les fruits sont à tout le monde ».

SAINT-JUST et la Terreur ?
« La Terreur », Une très courte époque où certains ont tenté de se libérer de l’autorité… et de rendre le Peuple souverain… pour faire court… ou plus court : il fallait couper les têtes qui veulent s’imposer, affirmer une quelconque autorité en se prétendant légitime, par la force, le vote ou un dieu…
N’est-ce pas plutôt alors l’époque de la « Concorde » ?
Mais la Concorde n’est pas l’unité, le nivellement ou l’assimilation dans le médiocre ou le banal.
La Concorde, c’est l’harmonie !
Se dire « tous citoyens » ne devrait pas « imposer » l’élimination des intellectuels, des artistes ou même des footballeurs… pour se référer aux différentes actions de celles et ceux qui voulaient « plus d’égalités, au Cambodge, en Pologne ou ailleurs…

Rappelons aussi cette phrase d’un bon bourgeois qui aimait les chaises musicales, le juge DUMAS qui s’est plut à dire en 1793 que « La république n’a pas besoin de savants » et de voir plus tard, les hautes instances de la République installer en grandes pompes, Marie et Pierre CURIE au panthéon… entouré de généraux, de maréchaux et autres sanguinaires tyrans…
Le retour à « l’Autorité »… au règne des puissants, d’un Bonaparte général puis Consul qui se fera Napoléon, aux rois, autre empereur et aux présidents anciens et actuels, a entrainé le Peuple dans toujours davantage de guerres et de massacres…

Et la célèbre « Liberté guidant le Peuple » d’Eugène DELACROIX, l’emmène, armes à la main, en chantant « La Marseillaise », vers un abattoir de plus !
Les autorités régnantes, tous en cœur, d’un extrême à l’autre, savent réaliser l’Unité Nationale pour que la guerre soit rassembleur… et que le Peuple se sacrifie…
Tout homme qui prend le pouvoir sur un Peuple, en tant que bon berger civil comme religieux, a nécessairement du sang sur les mains… et tous en chœur, reprenons : « Qu’un sang impur, abreuve nos sillons » !
Mais quelle horreur !

Ce chant « patriotique » nous invite à tuer, à mourir… mais bien entendu, pour une juste cause !

Régner est un crime dès qu’un être a la moindre ascendance sur un autre : c’est le commencement de la soumission imposé par la peur, ou par la ruse…
Mais si régner est un crime, se laisser dominer est une faiblesse que les humains aiment s’octroyer !
La naissance de l’autorité se fait peut-être par accord mutuel ?
Étienne de La BOÉTIE (1530-1563) osa écrire à l’âge de 18 ans son « Discours de la servitude volontaire », mais qui l’a lu?
Usons de quelques citations de cet homme épris de liberté et d’amour, qui va mourir probablement assassiné à 33 ans pour avoir trop aimé Michel de MONTAIGNE (mais les historiens d’État préfèrent dire qu’il est mort d’une maladie soudaine et étrange, peut-être une dysenterie)…
De La BOÉTIE, découvrons : « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. (...) s'ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de régner est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d'esclaves qui leur appartient par nature. » C’est un extrait du « Discours de la servitude volontaire ».
« Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. » osait proclamer cet enfant qui avait eu la chance d’étudier…
HEGEL, dans sa dialectique, savait aussi que celui qui s’accorde à être esclave, se sent parfois maître de son propre bourreau… et SADE s’est penché sur la jouissance que peut procurer l’asservissement, quel qu’il soit.
L’étude, la recherche du savoir nous donne une chance d’évoluer, si nous le souhaitons…
Oui, c’est peut-être par l’étude et la recherche de la connaissance que l’humain peut se libérer de ses chaînes, s’il le souhaite.
Car le Peuple qui défile dans la rue ne demande pas la liberté, il réclame plus de sécurité, plus de pain ou plus de jeu : quelques maillons de plus à ses chaînes qui finalement le rassure.
Pourquoi la connaissance ?
Elle peut se trouver en allant au-delà des institutions étatiques, en s’autorisant à penser par soi-même, en cherchant des magisters à nos côtés, qui nous enseignent et non des dominus qui nous imposent des vérités établies par les politiques ou les religieux.
Nous pouvons étudier alors en suivant la réflexion de PINDARE : « devient ce que tu es quand tu l’aura appris ».
N’avoir « Ni dieu, ni maître »… ne doit pas nous inviter à devenir le dieu ou le maître d’un autre, qu’il soit humain, ou animal…
L’important est d’être en bonne harmonie avec soi-même et la nature, et aimer la rencontre.
Alors, enfin, pour clore ce philopiste, osons l’Évolution avec cette phrase que l’on attribut tantôt à Pierre Victurnien VERGNIAUD, tantôt à La BOÉTIE, tantôt à d’autres êtres éveillés : « si les tyrans nous semblent grands, c’est peut-être que nous sommes trop souvent à genoux devant eux » !


                                                       Sujet du MERCREDI 28 Janvier

                          995              Un philosophe religieux est-il un philosophe ?

Sujet du Merc. 23/03/2024 : Le cas Nietzsche.

                                   Le cas Nietzsche.       Pourquoi un tel titre ? Qui aurait l’idée de dire « le cas Diderot », ou « le c...