dimanche 26 avril 2015

Sujet du Merc. 29/04 : Dressage ou éducation ?



DRESSAGE OU ÉDUCATION ?
« - Ce qu'il y a d'essentiel dans l'enseignement supérieur *** s'est perdu : Le but tout aussi bien que le moyen qui mène au but. Que l'éducation, la culture même soient le but, - que pour ce but il faille des éducateurs - et non des professeurs de lycée et des savants d'université - c'est cela qu'on a oublié... Il faudrait des éducateurs, éduqués eux-mêmes, des esprits supérieurs et nobles qui s'affirment à chaque moment, par la parole et par le silence, des êtres d'une culture mûre et adoucie, - et non des butors savants que le lycée et l'université offrent aujourd'hui comme « nourrices supérieures ». Les éducateurs manquent, abstraction faite pour les exceptions des exceptions, condition première de l'éducation : de là l'abaissement de la culture ***.
- Ce que les « écoles supérieures » atteignent en effet, c'est un dressage brutal pour rendre utilisable, exploitable pour le service de l'Etat, une légion de jeunes gens avec une perte de temps aussi minime que possible. « Education supérieure » et légion - c'est là une contradiction primordiale. Qu'est-ce qui amène rabaissement de la culture ? Le fait que l' « éducation supérieure » n'est plus un privilège - le démocratisme de la «culture» devenue obligatoire, commune.
Personne n'a plus la liberté de donner à ses enfants une éducation noble : nos écoles «supérieures» sont toutes établies selon une médiocrité ambiguë, avec des professeurs, des programmes, un aboutissement. Et partout règne une hâte indécente, comme si quelque chose était négligé quand le jeune homme n'a pas «fini» à vingt-trois ans, quand il ne sait pas encore répondre à cette «question essentielle» : quelle carrière choisir ? - Une espèce supérieure d'hommes, soit dit avec votre permission, n'aime pas les «carrières» - et c'est précisément parce qu'elle se sent appelée... Elle a le temps, elle se prend le temps, elle ne pense pas du tout à «finir », - à trente ans l'on est, au sens de la haute culture, un commençant, un enfant. - Nos lycées débordants, nos professeurs de lycée surchargés et abêtis sont un scandale : on a peut-être des motifs, - mais des raisons il n'y en a point.
« - Je présente, pour ne pas sortir de mon habitude d'affirmer et de ne m'occuper des objections et des critiques que d'une façon indirecte et involontaire, je présente dès l'abord les trois tâches pour lesquelles il nous faut avoir des éducateurs. Il faut apprendre à voir, il faut apprendre à penser, il faut apprendre à parler et à écrire ; dans ces trois choses le but est une culture noble.  

- Apprendre à voir - habituer l'œil au repos, à la patience, l'habituer à laisser venir les choses ; remettre le jugement, apprendre à circonvenir et à envelopper le cas particulier. C'est là la première préparation pour éduquer l'esprit. Ne pas réagir immédiatement à une séduction, mais savoir utiliser les instincts qui entravent et qui isolent. Apprendre à voir, tel que je l'entends, c'est, en quelque sorte, ce que le langage courant et non philosophique appelle la volonté forte : l'essentiel, c'est précisément de ne pas « vouloir », de pouvoir suspendre la décision. Tout acte antispirituel et toute vulgarité reposent sur l'incapacité de résister à une séduction : - on se croit obligé de réagir, on suit toutes les impulsions. Dans beaucoup de cas une telle obligation est déjà la suite d'un état maladif, d'un état de dépression, un symptôme d'épuisement, - puisque tout ce que la brutalité non philosophique appelle «vice» n'est que cette incapacité physiologique de ne point réagir. Une application de cet enseignement de la vue : lorsque l'on est de ceux qui apprennent, on devient d'une façon générale plus lent, plus méfiant, plus résistant. On laissera venir à soi toutes espèces de choses étrangères et nouvelles avec d'abord une tranquillité hostile, - on en retirera la main. Avoir toutes les portes ouvertes, se mettre à plat ventre devant tous les petits faits, être toujours prêt à s'introduire, à se précipiter dans ce qui est étranger, en un mot cette célèbre « objectivité » moderne, c'est cela qui est de mauvais goût, cela manque de noblesse par excellence.
« - Apprendre à penser : dans nos écoles on en a complètement perdu la notion. Même dans les universités, même parmi les savants en philosophie proprement dits, la logique, en tant que théorie, pratique et métier, commence à disparaître. Qu'on lise des livres : on ne s'y souvient même plus de loin que pour penser il faille une technique, un plan d'étude, une volonté de maîtrise, - que l'art de penser doit être appris, comme la danse, comme une espèce de danse...
C'est qu'il n'est pas possible de déduire de l'éducation noble, la danse sous toutes ses formes. Savoir danser avec les pieds, avec les idées, avec les mots : faut-il que je dise qu'il est aussi nécessaire de le savoir avec la plume, - qu'il faut apprendre à écrire » 
 (En remplaçant les *** dans le texte ci dessus vous devriez pouvoir identifier son auteur ...)
 
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France Avril 2015 : Projets de programmes au collège : premiers décryptages  (extrait)
Philosophie du texte

Les programmes se déclinent tous de la même façon : on entre dans les contenus par la compétence (« compétence attendue ») et éventuellement, pas toujours, on lui associe des connaissances (« connaissances associées »).

Ce changement de conception du « savoir » disciplinaire est évidemment très important. Il ne s’agit pas de nier l’importance d’une démarche pédagogique qui associe compétences et connaissances, mais il faut relever que la finalité aujourd’hui de l’enseignement est essentiellement d’atteindre des compétences, ce qui modifie en profondeur la conception de la « culture » à transmettre et du rôle de l’éducation dans la construction de l’individu, ce qui laisse également entrevoir de sérieuses dérives à venir sur l’évaluation.

Les termes employés pour définir les compétences visées sont variés, mais l’occurrence « sensibiliser » est importante : on peut craindre à la fois une baisse des exigences des connaissances visées, un changement de nature aussi de l’enseignement, et des dérives importantes dans l’évaluation de telles « compétences » qui font appel à la plus grande subjectivité.

Des programmes en cohérence avec le nouveau collège

Les appréciations du contenu des programme sont très diverses selon les disciplines, et certains collègues sont plutôt séduits par le projet.
Ce qu’il faut néanmoins souligner, c’est que l’on s’achemine peu à peu vers une disparition des disciplines en tant que telles (brouillage entre discipline-enseignement-parcours, entrées exclusives par les compétences, globalisation du contenu de certaines disciplines (LV, sciences et techno), croisement interdisciplinaire artificiel). Cela va s’accompagner d’une dégradation importante des conditions de travail pour les enseignants, qui devront se concerter constamment (sans temps prévu pour cela) pour un travail commun : on comprend bien ici pourquoi la réforme du collège prévoit de nombreuses hiérarchies intermédiaires (coordonnateurs de cycle, de niveau, de diciplines) pour organiser - et contrôler- ce temps de travail supplémentaire.

Par ailleurs, certaines disciplines disparaissent totalement : c’est le cas des langues anciennes. Le latin apparaît de temps à autre comme contribuant à l’acquisition du français…
Rappelons que l’enseignement du latin n’est pourtant pas marginal au collège, il concerne 20% des élèves. La suppression de cette discipline est une attaque majeure qui ne soulève pas l’indignation syndicale méritée.

D’autres disciplines (HG, par ex) sont déclinées avec des priorités en gras, et des sujets laissés au choix des enseignants.
Le cadre national de référence est déjà mis à mal à travers la réforme du collège (20% des horaires dépendent de l’autonomie de l’établissement), mais le fait que le contenu même des programmes soit si peu cadré fait craindre les plus grandes disparités d’un collège à l’autre, d’un enseignant à l’autre…
Les inégalités de traitement qui s’en suivront feront éclater un peu plus le caractère « national » de l’éducation.

Véronique PONVERT (EE)

samedi 18 avril 2015

sujet du Merc. 22/04 : Les guerres justes existent-elles ?



Les guerres justes existent-elles ?

La période historique récente a complètement brouillé les cartes sur la question de la guerre, ou plutôt des caractéristiques des guerres.
En effet si tout le vingtième siècle vit des peuples et des pays prendre les armes pour résister à une agression, acquérir leur indépendance par rapport au maître colonial ; ce début de 21ième siècle voit des tragédies sans nom commises contre peuples et pays au nom du …Bien.
Le discours convenu de l’idéologie et  de la morale dominantes c’est de condamner la guerre comme étant EN SOI  une acte abominable.
Seule la philosophie idéaliste peut tenter de voir les choses comme des catégories « en soi » : la justice, la liberté, le pouvoir, etc …
Mais depuis l’antiquité jusqu’à nos jours il existe une autre manière de philosopher, une autre manière de poser les problèmes : en partant de la réalité des faits et des choses concrètes.
Parler de guerre juste c’est aussitôt formuler – de fait – qu’il y en a qui ne le sont pas ! Nous ne sommes pas là dans le registre du bien et du mal, celui dans lequel le président G Bush nous plaça un jour de septembre 2001 en déclarant qu’il y avait désormais un « axe du bien et un axe du mal » (les u$a étant bien entendu du coté du « bien »).
Avant lui les « french doctors » à la Kouchner nous avait inventé le « droit d’ingérence » et le pantin qui dirigeait la Tchécoslovaquie, Waclav Havel, faisait valoir le droit et « la précision chirurgicale » des « bombes éthiques » jetées sur la Yougoslavie !.
Classons les choses de manière différente. Point de pathos, de croyance, de morale, juste les faits.
Début des années 1920 le Maroc sous protectorat espagnol et français, revendique son indépendance. Un ensemble de tribus regroupées dans le Rif défait l’armée espagnole en 1921. La guerre durera 4 années. Les bombardements espagnols seront d’une extrême dureté utilisant les bombes au gaz moutarde fournis par l’Allemagne. En 1924 la France envoie Pétain et l’Espagne, Franco pour « éradiquer » la rébellion. L’heure de l’indépendance du Maroc n’était pas encore venue.
Début des années 1950 le même scénario se reproduit au Vietnam où les occupants français sont bientôt remplacés par les armées des u$a. Les théories classiques de la guerre, y compris celles soutenus par les hommes politiques de gauche, s’effondrent sous les coups d’une guerre de type nouveau, tirant les leçons de la guerre du Rif et de la guerre d’indépendance sino-japonaise : la guerre populaire.
C’est Mao Tse Toung qui va en préciser les principes :
— D’abord attaquer les forces ennemies dispersées et isolées, ensuite les forces importantes.      
— D’abord établir des zones libérées dans les campagnes, encercler les villes par les campagnes, s’emparer d’abord des petites villes, ensuite des grandes.
— S’assurer d’une forte supériorité numérique dans le combat (la stratégie est de se battre à un contre dix, la tactique à dix contre un).
— S’assurer du haut niveau de conscience politique des combattants, afin qu’ils soient supérieur en endurance, courage et esprit de sacrifice.
— S’assurer du soutien du peuple, veiller au respect de ses intérêts.
— S’assurer du passage au camp révolutionnaire des prisonniers ennemis.
— Utiliser les temps entre les combats pour se reformer, s’entraîner et s’instruire.
Seul type de guerre, c'est-à-dire de violence politique, qui affirme son principe de positionnement de classe (soutien du peuple, instruction, etc ..), qui n’agit que pour la défense des intérêts particuliers d’une classe sociale ou d’un pays occupé (indépendance nationale, sans interventionnisme dans les affaires des autres états), la guerre populaire à la différence de toutes les autres formes de conflits peut être caractérisé comme juste.
Inversement, toute ingérence militaire dans les affaires d’un pays souverain (et ce quelle que soit la situation interne réelle ou prétendue réelle) ; toute intervention armée intérieure ou extérieure au nom de prétendues « valeurs » : droits de l’homme, ingérence dite humanitaire, pour la « patrie », ne sont que des paravents pour tenter de justifier le massacre de millions d’hommes jetés en pâture aux intérêts particuliers des banquiers et des industriels et de l’état qui les représente. Ce type de guerre doit être caractérisé d’injuste.
"Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ( 1914-1918) ne surent pas pourquoi ils mouraient. Il en est de même dans toutes les guerres.  Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes* ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l'ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie; on meurt pour des industriels.
Ces maîtres de l'heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes: des usines, des banques, des journaux. … ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde."Anatole France  1922

lundi 13 avril 2015

Sujet du MARDI 14/04 : Ni dieu(x), ni maître(s)



                                     NI  DIEU(X), NI  MAITRE(S) ?  (Bakounine)

« Le grand livre de la vie et de la nature » serait la compréhension la plus complète qu’on puisse avoir des processus du vivant végétal et animal. Et donc des hommes. Or nos maîtres et s(a)eigneurs nous ont produit d’autres livres, composés de fatras si imaginaires et de fictions si échevelées que la vie réelle ne s’y trouve pas. Ils les ont appelés « Le Livre ». Celui des vérités absolues révélées aux hommes par un dieu, indubitables et imprescriptibles. C’est Le Livre des trois religions monothéistes. La science infuse et absolue l’habite de part en part même si, ironiquement, elle y est auto-contradictoire. Ce qui est un comble.

D’autres recueils concernent d’autres dieux, multiples cette fois mais tout autant « maîtres de vérités infuses ». Le monde que nous habitons fut créé de toute pièce, tel qu’en lui-même une fois pour toutes. Parfois il repose sur le dos d’une sage tortue ou d’un éléphant, c’est selon. Ou encore tourne-t-il par la main motrice d’un dieu, logé hors du cosmos en une symphonie harmonique de sphères amandines concentriques et solides que traverse pourtant le vol d’anges éthérés et dont les hommes, créés à l’image de leur « Seigneur Dieu et Maître », occupent le centre immobile et éternel. Narcisse, dédis-toi !
Ces « Contes et légendes de grand-mères » animent des mythes abandonnés il y a 25 siècles par les premiers philosophes grecs. Mais ils sont aujourd’hui encore promus par les « chiens de garde » de dogmes religieux qui brûlent vifs ou égorgent comme pourceaux en ferme les hérétiques, infidèles, apostats, athées et laïcs qui refusent depuis des millénaires de se soumettre à leurs sornettes. Le pouvoir de vie et de mort des maîtres et de leurs dieux est si grand qu’il imprime dans les esprits, les cœurs et les corps un quelconque ordre du monde factice de leur choix, assorti des vérités foutraques qu’ils imposent.
Il s’agit bien d’ordre, pour éviter le chaos. Cela est bien. Car sans point de comparaison ni unité de mesure rien n’est intelligible, les hommes sont désarmés. Mais il s’agit ici de l’ordre d’idéologies hors sol et éloignées du réel, à l’instar de celle de Platon et de ses innombrables héritiers spirituels répartis sur des millénaires jusqu’à ce jour. Un sacré tour de maîtres ! Ce ne sont pourtant que métaphysiques bien prégnantes qui soumettent toutes choses par la force, ou par une persuasion manipulatrice et mille mécanismes liberticides. Ce sont dénis d’humanité.

Un déni majeur, tout neuf et d’ampleur potentiellement infinie dans le temps et l’espace, apparut au détour de la Renaissance. Moyen d’une fin omni-liberticide, ce fut une monnaie fictive bien que réelle et qui se reproduit alors qu’elle est inerte ! Un miracle comme venu du « rien divin », mais perpétré de « mains de maîtres » humains bien réels. Sur cette base apparaissait en Angleterre en 1694 la première banque centrale dont les notables s’étaient institués « Dieu et Maître » de tous les hommes, de la totalité du vivant et de la nature par le mécanisme occulte de la réserve fractionnaire assurant la création monétaire « ex nihilo et ad infinitum » par interposition de dettes à intérêts composés. Hum, revoyons notre arithmétique. C’est le principe directeur originel du capitalisme. Cette imposture perdure, arnaque omnipotente utile à certains, meurtrière des autres. 
Elle tend in fine à épuiser le vivant, l’espace et le temps. Examinons-la ensemble à fond (si vous me le demandez).
Une fois écartés ces dénis d’humanité (ce qui nous est presque impossible après des millénaires d’endoctrinement), reste à savoir si la destruction anarchiste du « ni dieux, ni maîtres » peut être une solution, sauf celle du chaos entraînant la dissolution de la société. Or les hommes sont « des animaux politiques » (Aristote) qui ne peuvent vivre qu’en société. Ils établissent nécessairement des relations d’interdépendance fonctionnelle entre eux qui les conduisent à les régler selon un accord sur des valeurs élaborées en commun ; ou alors imposées et finalement « acceptées » de gré ou de force. Avant l’éclat d’une révolution.

Allons-nous dès lors accepter l’une de deux choses ? Ou aucune ? Et alors devoir rechercher une quatrième voie ? D’abord l’une de deux choses :   1.  Soit opter pour la facilité des écarts dommageables pour tous de la démesure, de l’hubris et du flot des passions non contenues ; tous éléments également dissipateurs de tout ordre qui forcent au chaos ?   2.  Soit, à l’opposé, cristalliser des valeurs  - - sans doute hâtivement retenues dans l’ignorance des débuts - - en un ordre pétri d’apriori présomptueux, ou alors intentionnellement inique parce qu’il promeut des intérêts particuliers opposés au bien commun de la société dans son ensemble ?
Les troisième et quatrième choix :   3. La réponse aux deux premières voies est négative. En effet, il est nécessaire d’éviter la destruction tant 1) par la démesure de l’anarchie ou des passions débridées, que 2) par un ordre fixe exploiteur ou arcbouté sur ses erreurs et imperfections.  4.  L’usage d’une saine maîtrise rationnelle du réel    hors des ordres métaphysiques de « maîtres et de dieux » ou plus ordinairement de simples quidams, aujourd’hui si nombreux et outrageusement narcissiques dans le culte exclusif du soi « petit maître-dieu  --  n’est-il pas le chemin de liberté qui institue un ordre humain bénéfique à tous ? Même s’il reste révisable et perfectible afin de préserver la diversité des hommes.

La liberté de pensée et l’esprit critique, seuls principes qui vaillent, s’opposent aux métaphysiques de dieux irréels et au recours à des maîtres abusifs éloignés de la recherche du bien général. Quant au « grand livre de la vie » évoqué en introduction, n’est-il pas dans la nature elle-même qui recèle l’ordre qui la sous-tend à la manière progressive qu’Epicure, Galilée, Bacon et Spinoza l’ont proposé ? A nous de continuer à essayer de le dévoiler.

Pour nous finalement, ne serait-ce pas seule la démarche rationnelle philosophico-scientifique et matérialiste qui autoriserait à dévoiler progressivement des parties significatives du réel, permettant de progresser plutôt que de régresser ? Pour autant, faut-il encore que nous en ayons, ensemble, la volonté. Ce qui n’est vraiment pas donné parce que cela demande en continu efforts et exigence, envers soi et en commun.

 En fait, seule la nature de nos actes de chaque instant peut en être le garant. C’est une dure réalité à laquelle se confronter : une réalité éloignée de l’habituel abandon de « l’être en devenir » pour un « faire » déterminé par « la mauvaise foi » (Sartre).


                  Blog du café philo  http://philopistes.blogspot.fr/

vendredi 3 avril 2015

Sujet du 8/04 : Heidegger ou l'introduction du nazisme dans la philosophie.


Sujet du 01/04 : L'Etat et la révolution.



                     L’ÉTAT ET LA RÉVOLUTION

L' État et la révolution est le dernier livre de Lénine. Il ne laisse aucun doute sur ce point que la séparation  - préconisée par les libéraux -  entre responsabilité institutionnelle et exercice du pouvoir d’Etat doit être abolie  parce qu' elle garantit l'ordre existant en matière de propriété. Ce faisant, Lénine s'oppose à Montesquieu qui était aux yeux de Marx un précurseur du libéralisme bourgeois [ Selon le dramaturge de la RDA, Peter Hacks, « le Gouvernement, le Parlement et la Justice, les trois pouvoirs, sont une triple escroquerie ».]
Marx revendiquait l'abolition de cette division entre pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire. A titre d'exemple, la Commune de Paris a remplacé le parlementarisme corrompu et putride de la société bourgeoise par des comités dans lesquels la liberté de jugement ne devient pas un leurre ; les parlementaires devraient élaborer les lois, les appliquer et en assumer la responsabilité devant les électeurs. Les députés ne devraient pas bénéficier d'une situation privilégiée. Il existe un préalable : la limitation et, ultérieurement, l'abolition de la propriété, laquelle découle de l'emprise exercée sur le travail d'autrui.
Marx et Lénine refusent l' Etat libéral ainsi que le système des corps constitués, la monarchie, la République parlementaire de régime présidentiel, l'absolutisme  (avec ou sans Constitution), la dictature militaire, le morcellement du territoire et le mode de scrutin à la proportionnelle.         

Dans l’état et la  révolution, Lénine rejette les intrigues, les intérêts particuliers et le système des lobbys. Le texte montre que l'opposition entre démocratie représentative (assemblées élues)  et démocratie directe est une opposition factice dont l'objectif consiste à accroître la liberté d'action de ceux qui sont les véritables détenteurs du pouvoir. Ainsi « l'ordre libéral et démocratique » en RFA :
 « L'ordre libéral »  renvoie à la  liberté d'entreprise et au  libre-échange ; « l'ordre démocratique » suggère  une souveraineté du peuple au sens républicain ; mais il s'agit là d'une fiction qui doit faire oublier que l'on interdit l'accès au pouvoir à une grande majorité de citoyens en usant de moyens qui ont peu à voir avec la politique mais qui n'en sont pas moins des moyens politiques.
Hegel définit la liberté comme la reconnaissance et la prise en compte de la nécessité. Autrement dit, puisque nous sommes des êtres de nature et que nous ne pouvons pas vivre sans notre terre, nous n'avons pas le droit de détruire ce qui est la base de notre existence au motif que nous voulons réaliser du profit.

Dans l' État et la révolution, Lénine polémique constamment contre les conceptions et les pratiques libérales et se prononce résolument pour leur suppression. C'est ce qu'il appelle « la révolution ». Dans toutes les sociétés divisées en classes, les États sont de simples organisations qui protègent la situation juridique en vigueur en matière de propriété. L'anarchisme ne peut pas incarner un projet politique de dépassement des classes sociales et de l’état. Car comment un État social-anarchiste pourrait-il exister face à un Etat capitaliste dont l'organisation est rigoureuse et qui dispose d'une armée performante ? Après l'abolition des classes sociales, l’état devrait être la forme suprême qui permet d'organiser les échanges entre ce qui est du ressort de la société d'une part et de la nature d'autre part. 

Les objections des conservateurs portent sur l'écrasement sanglant de la contre révolution. Mais la répression  est devenue nécessaire suite à l'intervention de troupes étrangères. Ces objections concernent la collectivisation radicale des terres agricoles en Union soviétique, elles concernent l'asservissement et le meurtre de  millions d'opposants qu'a entraîné l'avènement du nouvel État, elles portent sur la censure de la création artistique et de la vie intellectuelle.
Les objections viennent aussi des forces progressistes : mais ceux qui critiquent l'édification d'un Etat socialiste dans un environnement capitaliste ignorent les conditions historiques auxquelles la révolution est confrontée. De même, certains progressistes critiquent une interprétation statique de la théorie marxiste, alors que, selon Marx, tout n'est que mouvement. 
Il y a eu des millions de victimes dans les deux camps. Mais à quelle fin ont été perpétrés les meurtres de masse par le fascisme ? Ils étaient le moyen ultime de défendre et de sauver le capitalisme. Et qui a libéré l'humanité du régime le plus sanguinaire qui ait jamais existé, le fascisme allemand, sinon l'Armée rouge.  

 L’état s'est constitué parce qu'il était nécessaire de juguler les oppositions de classes mais étant donné que son avènement est lié au conflit de ces mêmes classes, il est en règle générale l’état de la classe qui, d'un point de vue économique, est en position dominante : il est donc l'instrument de l'exploitation du travail salarié par le capital. Cependant, il peut exister des périodes exceptionnelles où deux classes qui s'opposent trouvent un équilibre : le pouvoir suprême acquiert alors une certaine indépendance, il est en surplomb par rapport aux deux classes antagonistes et semble jouer un rôle d'intermédiaire (cf. l'absolutisme sous le règne de Louis XIV).
Selon Engels, dans la République dite démocratique, la richesse exerce le pouvoir de façon d'autant plus sûre qu'elle l'exerce par des voies détournées, à travers l'alliance du gouvernement et de la bourse et en corrompant ceux qui sont investis d'une fonction officielle.

 Heidi  Jaureguy  (traduction de Jean-Luc Debru)

Sujet du Merc. 23/03/2024 : Le cas Nietzsche.

                                   Le cas Nietzsche.       Pourquoi un tel titre ? Qui aurait l’idée de dire « le cas Diderot », ou « le c...