lundi 31 août 2015

Sujet du Merc. 02/09 : Qu’est ce que la fin ?



                                                  
 
Qu’est ce que la fin ? 
   

                       Il semblerait que la fin, aussi inquiétante et intrigante qu'elle puisse paraître, ne s'en tienne pas à un seul type, identique pour chaque situation possible et imaginable.

Pour commencer, le dictionnaire attribue déjà trois définitions à ce mot: «point dans le temps, parfois dans l'espace, à partir duquel une chose n'est plus; terme, achèvement», mais également «terme de la vie, mort» ainsi que «but vers lequel on tend». Ceci sous-entend donc que la fin ne se subit pas dans toutes les situations et peut, au contraire de vouloir être évitée par de nombreux moyens, suciter un objectif, une cible. En philosophie, cette vision est équivalente à ce qu'on appelle la «Fin Dernière».    
Que ce soit un but, une fatalité ou bien une fonction, qu'on s'en réjouisse ou qu'on la subisse, la fin est rendue certaine par le mot-même, qu'on relie au concept, ainsi que par les questions qui persistent à travers le temps.   
Toujours dans une approche philosophique, le principe de Finalité revient souvent. «La nature ne fait rien en vain». Cette célèbre formule d'Aristote exprime cette idée que tout être à une fin, un but. Rien dans la nature ne serait gratuit, manqué ou superflu. C'est d'ailleurs cette logique qui fait dire à Aristote que c'est parce que l'homme est intelligent qu'il a des mains: chez tout autre animal privé de raison cet organe serait inutile.

Ce point de vue-là rappelle évidement une autre célèbre expression, «la fin justifie les moyens», et nous pousse alors à nous demander, autant pour l'Homme que parfois, pour notre propre personne, jusqu'où l'individu peut placer sa propre limite afin d'obtenir ce qu'il souhaite et parallèlement, où se place sa réticence, son scrupule dans une telle situation -aussi propre à chacun soit-elle.
    

La fin, celle de l'arrêt, du terme, peut être pensée à plusieurs échelles. Avec un grand «F», la Fin évoquerait plutôt l'idée d'apocalypse, de terme fatal pour tout le monde. La Science veut qu'un beau jour, on ne sait précisément quand, la Terre explose. La Fin serait donc d'abord et surtout celle de notre planète, mais aussi la notre dans la mesure où Terre mère nous porte tous. Cette fin-là est peut-être bien le summum de la fatalité, puisque cela signifierait qu'il ne resterait plus rien, plus rien de rien, plus aucun homme pour  expérimenter, communiquer, partager, plus aucun homme pour s'imposer, plus aucun homme pour témoigner de l'évidence et de l'exactitude du cycle. Mais qui sait, d'ici là, la vie se sera peut-être développé ailleurs et, tant qu'aucun homme ne prédira une quelconque fin de l'Univers entier ainsi que de cette fameuse immensité qui nous dépasse encore, la Fin continuera de se tenir loin. On peut même en venir à remettre en question, à un tel niveau, ce qui semble pourtant évident. Il y a-t-il réellement une fin? L'évolution s'achèvera-t-elle donc? La limite, qui fascine telle un mythe et sucite une crainte presque agréable, excitante, sera-t-elle un jour une vérité? Toujours dans le questionnement, il est possible de se demander si la Fin est bien définitive ou si quelque part, on ne sait comment, il n'y a pas de recommencement systématique. La Fin, avec un grand «F», celle du terme définitif, existe-t-elle ? 
La fin, c'est aussi celle de chacun. Et cette fin-là, elle est concrète, certaine, vue et revue, de près  ou de loin. Chaque personne est part du grand cycle, maillon de la grande chaîne de l'Humanité, et chaque maillon a son propre cycle, plus court, finalement infime en comparaison à l'Univers. Sur l'échelle de l'immensité, une seule et unique vie, est comme une étincelle: moment de gloire très bref. Mais cette vie, un peu ratée pour certains, tient au moins l'honneur d'être un des sept milliards de maillons qui font l'Humanité   
       
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Mais comment l'individu aborde-t-il sa propre fin, rendue fatale par la promesse qu'elle constitue? «[...] que Philosopher, c'est apprendre à mourir» a dit Cicéron. Ainsi, puisque la mort est la seule véritable promesse, il nous incite a se nourrir, s'enivrer des questionnements, se perdre dans les réflexions et creuser, afin de ne plus se faire autant de soucis pour ce qui est si véridique, si sûr: la fin. C'est vrai, les hommes ont cette obsession, cette soif d'étudier la mort, d'essayer de cerner ce qu'ils n'ont pas encore vécu. Beaucoup de «pourquoi?», de définitions encore insatisfaisantes à propos de la mort. Et persiste pour nous cet espoir d'une continuité, même après notre fin, et ceci que l'on soit croyant ou non. Il est bon de se dire que la lumière ne s'éteint pas, que la machine fonctionne toujours, qu'il y aura un relai. Oui, au fond, le concept de fin, de mort est une chose que l'on aurait tendance à fuir, même si la réflexion ne veut cesser, comme en témoignent notamment le mouvement baroque et de nombreux artistes. Pierre de Ronsard, par exemple, pensait que sa condition de poète le ferait en quelque sorte immortel dans les mémoires, et donc que sa célébrité le rendrait éternel et glorieux (cf. Sonnets pour Hélène)   
L'individu recherche des moyens de retarder cette fatalité. On nous dit de ne pas fumer, ne pas trop boire, avoir une bonne alimentation etc, mais en opposition, nous recherchons peut-être des plaisirs pour oublier cette mort qui nous attend au bout: amour, ivresse, rires, passion, abondance dans la vie et désir de tout faire, de tout vivre et de tout ressentir, quand bien même cela est impossible. Mais la fin exclue-t-elle ce bonheur un peu idéal? Reste-t-elle une fatalité si l'homme est réellement comblé? D'ailleurs, peut-on mourir comblé

Il me semble également important de penser à ce qu'est la mort. J'entends par la: meurt-on brièvement, lorsque l'on est vraiment plus, lorsque la conscience (l'esprit?) s'éteint? Ne commence-t-on pas à mourir si l'on en vient à se sentir seul, à observer notre propre motricité diminuer lentement?   
       

                                               Autres pistes pour une discussion sur la fin:  
     

Lorsqu'un moment, une situation dans laquelle on se trouvait et qu'on appréciait tellement touche à sa fin. Déception, colère, frustration. Retour à la réalité qui a un goût amer. On se plaisait tant dans ce moment-là que la fin apparaît violente. Ce qui est fatal, c'est de se dire que, bien que le bonheur se manifestera sans doute de nouveau plus tard encore, ce qui a été vécu et ressenti précisément lors de cet instant se perd pour toujours. Il est possible de se demander, donc, comment peut-on savoir lorsqu'on vit l'instant suprême de bonheur? La fin tient cet aspect net, radical. Ce qui fut ne sera plus. Et si les sentiments et les sensations se matérialisent, ce n'est que semblant à ce moment unique, parfois insolite et égaré, auquel on se raccroche, moment pourtant désormais abstrait pour nous. Là, la fin, c'est savoir que ce bonheur-là de maintenant va se dissiper.

Fin comme fin d'un idéal, d'une certaine époque, d'une ère ( peut être quelque chose propre à chacun, à l'échelle d'une vie, ou bien période historique vécue par toute une génération, de près ou de loin selon les personnes. les deux supposent une forme de nostalgie par la suite. Fin d'un temps, de mœurs, d'une mode et d'un fonctionnement général qui ne sera plus jamais le même. Evoque quelque chose d'unique, qui ne se reproduira pas.

La fin de l'Humanité, perçue autrement (cf. Combat, articles de Camus entre autres). Lorsque le progrès engendré par l'Homme va trop loin et se retourne contre lui. Certaines personnes regardent le monde aujourd'hui et se demandent s'il ne court pas déjà à sa perte. Donc l'évolution continue mais, si elle ne met pas fin à la planète, elle met fin à l'Homme et à beaucoup de valeurs, de richesses. Extrait du «Siècle de la Peur», Camus, Combat, 1948: «Entre la peur très générale d'une guerre, que tout le monde prépare et la peur toute particulière des idéologies meurtrières, il est donc bien vrai que nous vivons dans la terreur. 
Nous vivons dans la terreur parce que la persuasion n'est plus possible, parce que l'homme a été livré tout entier à l'histoire et qu'il ne peut plus se tourner vers cette part de lui-même, aussi vraie que la part historique, et qu'il retrouve devant la beauté du monde et des visages; parce que nous vivons dans le monde de l'abstraction, celui des bureaux et des machines, des idées absolues et du messianisme sans nuances. Nous étouffons parmi les gens qui croient avoir absolument raison, que ce soit dans leurs machines ou dans leurs idées. Et pour tous ceux qui ne peuvent vivre que dans le dialogue et dans l'amitié des hommes, ce silence est la fin du monde.»
Mais la fin peut être synonyme de positif, un soulagement, la fin marque ainsi un renouveau. Là, encore une fois, cette perception s'applique à des situations personnelles ou à des faits historiques (chute du mur de Berlin par exemple, qui fut célébrée dans l'euphorie. 

La fin d'un calvaire, d'une situation mauvaise pour une majorité dans le cas historique, ou mauvaise pour l'homme concerné si c'est l'histoire d'une vie.

 

lundi 24 août 2015

Sujet de Merc. 26/08 : La théorie doit-elle conduire à la pratique.



                         La théorie doit-elle conduire à la pratique ?
                       
(Texte de Bastiat – 1862 – Sophismes économiques Tome IV  -  Extraits )

« Ainsi donc, Messieurs les Monopoleurs, vous prétendez que les faits sont pour vous; que nous n'avons de notre côté que des théories.
Vous vous flattez même que cette longue série d'actes publics, cette vieille expérience de l'Europe que vous invoquez, a paru imposante à M. Say; et je conviens qu'il ne vous a pas réfutés avec sa sagacité habituelle. — Pour moi, je ne vous cède pas le domaine des faits, car vous n'avez pour vous que des faits exceptionnels et contraints, et nous avons à leur opposer les faits universels, les actes libres et volontaires de tous les hommes.

Que disons-nous et que dites-vous?

— Nous disons:
« Il vaut mieux acheter à autrui ce qu'il en coûte plus cher de faire soi-même. »

Et vous, vous dites:
« Il vaut mieux faire les choses soi-même, encore qu'il en coûte moins cher de les acheter à autrui. »
Or, Messieurs, laissant de côté la théorie, la démonstration, le raisonnement, toutes choses qui paraissent vous donner des nausées, quelle est celle de ces deux assertions qui a pour elle la sanction de l'universelle pratique?
Visitez donc les champs, les ateliers, les usines, les magasins; regardez au-dessus, au-dessous et autour de vous; scrutez ce qui s'accomplit dans votre propre ménage; observez vos propres actes de tous les instants, et dites quel est le principe qui dirige ces laboureurs, ces ouvriers, ces entrepreneurs, ces marchands; dites quelle est votre pratique personnelle.

Est-ce que l'agriculteur fait ses habits? est-ce que le tailleur produit le grain qu'il consomme? est-ce que votre ménagère ne cesse pas de faire le pain à la maison aussitôt qu'elle trouve économie à l'acheter au boulanger? est-ce que vous quittez la plume pour la brosse, afin de ne pas payer tribut au décrotteur? est-ce que l'économie tout entière de la société ne repose pas sur la séparation des occupations, sur la division du travail, sur l'échange en un mot? et l'échange est-il autre chose que ce calcul qui nous fait, à tous tant que nous sommes, discontinuer la production directe, lorsque l'acquisition indirecte nous présente épargne de temps et de peine?
Vous n'êtes donc pas les hommes de la pratique, puisque vous ne pourriez pas montrer un seul homme, sur toute la surface du globe, qui agisse selon votre principe.
Mais, direz-vous, nous n'avons jamais entendu faire de notre principe la règle des relations individuelles. Nous comprenons bien que ce serait briser le lien social, et forcer les hommes à vivre, comme les colimaçons, chacun dans sa carapace. Nous nous bornons à prétendre qu'il domine de fait les relations qui se sont établies entre les agglomérations de la famille humaine.

Eh bien, cette assertion est encore erronée. La famille, la commune, le canton, le département, la province, sont autant d'agglomérations qui toutes, sans aucune exception, rejettent pratiquement votre principe et n'y ont même jamais songé. Toutes se procurent par voie d'échange ce qu'il leur en coûterait plus de se procurer par voie de production. Autant en feraient les peuples, si vous ne l'empêchiez par la force.
C'est donc nous qui sommes les hommes de pratique et d'expérience; car, pour combattre l'interdit que vous avez mis exceptionnellement sur quelques échanges internationaux, nous nous fondons sur la pratique et l'expérience de tous les individus et de toutes les agglomérations d'individus dont les actes sont volontaires, et peuvent par conséquent être invoqués en témoignage. Mais vous, vous commencez par contraindre, par empêcher, et puis vous vous emparez d'actes forcés ou prohibés pour vous écrier: « Voyez, la pratique nous justifie! »
Vous vous élevez contre notre théorie, et même contre la théorie en général. Mais, quand vous posez un principe antagonique au nôtre, vous êtes-vous imaginé, par hasard, que vous ne faisiez pas de la théorie? Non, non, rayez cela de vos papiers. Vous faites de la théorie comme nous, mais il y a entre la vôtre et la nôtre cette différence:
Notre théorie ne consiste qu'à observer les faits universels, les sentiments universels, les calculs, les procédés universels, et tout au plus à les classer, à les coordonner pour les mieux comprendre.
Elle est si peu opposée à la pratique qu'elle n'est autre chose que la pratique expliquée. Nous regardons agir les hommes mus par l'instinct de la conservation et du progrès, et ce qu'ils font librement, volontairement, c'est cela même que nous appelons économie politique ou économie de la société. Nous allons sans cesse répétant: Chaque homme est pratiquement un excellent économiste, produisant ou échangeant selon qu'il y a plus d'avantage à échanger ou à produire. Chacun, par l'expérience, s'élève à la science, ou plutôt la science n'est que cette même expérience scrupuleusement observée et méthodiquement exposée.

Mais vous, vous faites de la théorie dans le sens défavorable du mot. Vous imaginez, vous inventez des procédés qui ne sont sanctionnés par la pratique d'aucun homme vivant sous la voûte des cieux, et puis vous appelez à votre aide la contrainte et la prohibition. Il faut bien que vous ayez recours à la force, puisque, voulant que les hommes produisent ce qu'il leur est plus avantageux d'acheter, vous voulez qu'ils renoncent à un avantage, vous exigez d'eux qu'ils se conduisent d'après une doctrine qui implique contradiction, même dans ses termes.
 
Aussi, cette doctrine qui, vous en convenez, serait absurde dans les relations individuelles, je vous défie de l'étendre, même en spéculation, aux transactions entre familles, communes, départements ou provinces. De votre propre aveu, elle n'est applicable qu'aux relations internationales.
Et c'est pourquoi vous êtes réduits à répéter chaque jour:
« Les principes n'ont rien d'absolu. Ce qui est bien dans l'individu, la famille, la commune, la province, est mal dans la nation. Ce qui est bon en détail, — savoir: acheter plutôt que produire, quand l'achat est plus avantageux que la production, — cela même est mauvais en masse; l'économie politique des individus n'est pas celle des peuples, » et autres balivernes ejusdem farinae.
Et tout cela, pourquoi? Regardez-y de près. Pour nous prouver que nous, consommateurs, nous sommes votre propriété! que nous vous appartenons en corps et en âme! que vous avez sur nos estomacs et sur nos membres un droit exclusif! qu'il vous appartient de nous nourrir et de nous vêtir à votre prix, quelles que soient votre impéritie, votre rapacité ou l'infériorité de votre situation!
Non, vous n'êtes pas les hommes de la pratique, vous êtes des hommes d'abstraction... et d'extorsion.

                                                                  Frédéric Bastiat  - 1862

mardi 18 août 2015

Sujet du Merc. 19/08 : L’humain est-il par ce qu’il fait, ou par ce qu’il pense ?



Qu’est-ce que l’humain ?

Encore un sujet philosophique à portes multiples de toutes les époques : des dialogues de PLATON à ceux de Mark TWAIN, l’on s’efforce peut-être encore et toujours à confronter l’enfant qui s’interroge sur le sens de la vie avec le sage vieillard qui tente d’expliquer qu’il n’a pas existé « pour rien », à l’orée de son existence.
« Être ou ne pas être ? »  Le prince Hamlet est face à sa destinée en tenant le crâne de notre réalité temporelle. Hamlet existe aujourd’hui davantage par l’œuvre que l’on attribue à William SHAKESPEARE, sans pouvoir prouver que cet écrivain soit réel… tout comme Sherlock Holmes est plus connus et semble plus « vrai » que Conan DOYLE.
Alphonse DAUDET dans « Les Lettres de mon moulin », avec « La mort du Dauphin », offre aussi une cruelle version de la vie d’un enfant qui pensait que son titre pouvait lui assurer d’exister.
Les lettres d’ÉPICURE comme celles à un jeune poète de Rainer Maria RILKE ou les « conseils aux jeunes littérateurs » de Charles BAUDELAIRE, nous invitent à « penser » et « créer » pour donner sens à notre existence.
Mais « créer », est-ce « faire » ?
Cela est-il nécessaire ou suffisant pour que nous soyons « humains ?
Naître, vivre et mourir…
Selon Aldous HUXLEY, malgré tout le potentiel prometteur, l’humain serait finalement « le plus sot animal ».
Quelles en sont les raisons ?
La célèbre réflexion de DESCARTES : « je pense donc je suis », est-elle un leurre à nous cantonner dans la pensée, ou nous ouvre-t-elle à d’autres possibles ?
L’humain qui pense, est-il ?
La force de la pensée se suffit-elle pour définir l’humain ?
Les sociétés dites « aristotéliciennes », dominantes depuis un peu plus de deux mille ans sur une grande partie de la planète Terre, semblent imposer une autre doctrine : « le faire ».
C’est un raisonnement simple — imposé généralement — qui invite à l’action : la faim, la peur, le besoin de survivre ou l’illusion d’un monde meilleur pour demain ou pour après la mort, nous force au travail.
C’est bien expliqué par Étienne de La BOÉTIE dans son « discours de la servitude volontaire ».
Les animaux non domestiqué, non asservis, ne travaillent pas… et cependant, ils n’ont pas la capacité intelligible de la technique.
Henri BERGSON se cantonne dans l’idée que l’humain serait moins Homo sapiens qu'Homo faber, en raison de son manque de liberté face à la création et à l’usage qu’il en fait.
La technique devrait naturellement libérer l’humain des contraintes liées à ses besoins… et pourtant, elle l’avilit de plus en plus.
Le travail — ce que l’humain fait — devient la raison d’être de tous les individus d’un système, à l’égal des fourmis, des abeilles ou des termites.
Karl MARX, avec la division du travail et l'avènement des machines, explique que non seulement cela n’a pas libérés davantage l'humain, mais que la division technique du travail provoque une aliénation supplémentaire.
Il y aurait selon PLATON, la Cité idéale où chacun trouve sa place : ceux qui dirigent et ceux qui travaillent… et ceux qui guerroient.
Encore un univers sordide où l’humain « fait », dans l’autorité, dans l’obéissance et dans la destruction.
Des civilisations anciennes, que nous reste-t-il ? Ce ne sont que ruines, parce que d’autres peuples apportant leur suprématie guerrière, ont massacré, pillé, détruit… au lieu d’apprendre de la rencontre.
Pour éviter à l’humain de penser, il y a aussi le principe de l’idée de dieux, avec des vérités instituées, imposant des commandements assurant pour l’être soumis, un paradis mérité. Le marquis de SADE, dans le « Dialogue entre un prêtre et un moribond » tente de nous éviter l’écueil.
L’humain n’est donc pas « encore » un être pensant, comme Blaise PASCAL de MONS le suggère avec son roseau
L’humain est toujours dans le combat… parce qu’il lui est difficile d’accueillir sa capacité créatrice, ce jaillissement si cher à Friedrich SCHELLING.
L’humain est encore dans « La Nausée » où Jean Paul SARTRE invite à la question : le roman que j’ai en idée — « dans ma tête » — existe-t-il ?
Jorge Luis BORGES affirme dans « Fictions » qu’une pensée peut devenir objet, réalité, même issue de notre néant !
Alors, alors, qu’est ce qui réalise l’humain ?
Ce qu’il pense ou ce qu’il fait… est-ce une illusion de notre propre illusion ?
L’humain est peut-être par ce qu’il « aime » !

lundi 10 août 2015

Sujet du Merc. 12/08 : UN PEUPLE, EST-CE UNE RICHESSE ?



UN  PEUPLE,  EST-CE  UNE  RICHESSE ?  

On définira un peuple de façon radicalement différente selon qu’on en fait partie ou pas. Vu de l’extérieur, il est la seule ressource à exploiter. De l’intérieur, il se voit lui-même comme une entité humaine en devenir qui se construit en permanence à chaque instant par l’acte commun et volontaire de chacun d’une relation de don de soi à l’autre et aux autres. Cette relation permanente est à la fois mutuelle et réciproque. Son enjeu est le bien commun en tant qu’il s’oppose à la recherche d’intérêts particuliers de classe ou, plus simplement, personnels. Telles sont les conditions nécessaires à l’établissement et au maintien dans le temps de toute communauté humaine authentique. C’est son caractère éminemment politique (Aristote).

A l’extrême opposé, un peuple désigné par certains comme ressource à exploiter signe leur volonté de sa dissolution par celle-là même du lien politique de ses membres entre eux. En ce sens, un peuple non souverain n’est plus. Il signe ainsi sa propre déchéance de prééminence vitale en reliquat d’objet à exploiter.

A ce titre, l’intitulé du sujet est explicite en ce qu’il utilise le verbe « être » d’état figé, tout en l’associant au pronom neutre « ce » qui désigne un peuple comme pur objet ressource, par opposition à une entité vivante en devenir perpétuel et reproductible par elle-même. A cet égard, le peuple défini et traité comme objet est en réalité nié en tant que peuple vivant, alors que précisément c’est parce qu’il est vivant et humain qu’il est la seule richesse véritable.
En effet, « Il n’y a de richesse que d’hommes » (Jean Bodin, 16ième siècle). Ce qui signifie que tout ce qui est en dehors d’eux n’est que ressources diverses qui ne deviennent effectives que si précisément les hommes les mettent en œuvre à chaque instant puisqu’elles ne peuvent en effet se réaliser que de cette façon. Pour eux, pour leur bien commun !
 
A ce titre, s’approprier la richesse de vie d’un peuple -- tout en le définissant à son endroit par son contraire opposé pour l’en convaincre de manière fausse et sophistique comme objet inerte et ressource morte -- est une imposture absolue qui a été continument perpétrée avec plus ou moins de bonheur au cours de l’histoire par des maîtres autoproclamés par coups de force et ruse à l’insu relatif du peuple volontairement assez ignorant qui, en outre, par nonchalance se laisse berner et flouer en mettant en sommeil jusqu’à la conscience qu’il devrait avoir de soi. Il se renie ainsi lui-même et signe sa propre déchéance à l’état de ressource vivante et reproductible à l’infini qui se livre elle-même à une exploitation extérieure sans limite. Sauf à enfin se révolter en renversant la vapeur.
Actuellement à son paroxysme, mais présent depuis des siècles, l’instrument pacifique mais mortifère de ce subterfuge n’est-il pas un argent de nature très particulière puisque reproductible à l’infini en contradiction flagrante avec sa nature d’objet inerte ! Ceci alors que l’argent devrait au contraire comme à son origine représenter les valeurs sans cesse régénérées qui lient entre eux les membres d’un peuple pour faciliter leurs rapports mutuellement réciproques. Mais, actuellement, l’argent s’est mué en son contraire absolu par l’entremise de gentils organisateurs fort bien avisés travaillant à leur strict intérêt.

Cet argent-là est aujourd’hui fondé sur la croyance métaphysique fausse, mais universellement acceptée sans broncher tant par notre peuple que par ailleurs, que l’objet inerte qu’il est nécessairement possède simultanément -- par subterfuge, tour de passe-passe et pure magie (ah, la pensée magique !)-- le pouvoir, parfaitement antinomique à sa nature, de la vie qui est de se multiplier sans fin par ses propres moyens. Le prêt d’argent à intérêts composés et sans rémission est l’instrument qui réalise cette imposture paroxystique et prive un peuple de sa vie et tout bonnement de son existence même (Solon d’Athènes, Aristote).

Celle-ci lui est comme excisée jusqu’à la moelle par l’intérêt composé sur l’argent qui par là-même dispose d’un pouvoir d’autoreproduction infini et ainsi, de purement inerte, acquiert vie tandis qu’un peuple s’en voit spolié par mise sous perfusion permanente de sa force vive au profit de quelques exploiteurs parfaitement avisés qui, à cet effet, s’échinent en outre à promouvoir l’ignorance de ce peuple et la destruction de la raison (Nietzsche) par mille petits cadeaux empoisonnés de veulerie populiste.

Philosopher sert-il alors à un peuple à se dégager de pareille nasse mortifère et à enfin  faire peuple qui renaît et se retrouve pour s’affirmer lui-même libre,
cette fois en connaissance de cause (Spinoza) ?

Sujet du Merc. 23/03/2024 : Le cas Nietzsche.

                                   Le cas Nietzsche.       Pourquoi un tel titre ? Qui aurait l’idée de dire « le cas Diderot », ou « le c...