lundi 14 septembre 2015

Sujet du 16 Sept. : En certaines heures, en certains lieux, dormir, c'est mourir" V Hugo



"En certaines heures, en certains lieux,
                         dormir, c'est mourir" V Hugo

"La France ne doit pas même adhérer à ce gouvernement par le consentement de la léthargie: à de certaines heures, en de certains lieux, à de certaines ombres, dormir, c'est mourir"  ( V Hugo - in Napoléon le petit).

Le 2 décembre 1851 louis Napoléon Bonaparte prend le pouvoir en France par un coup d'Etat. V Hugo est expulsé en Belgique.
Dans un ouvrage publié en 2010 la philosophe, Cynthia Fleury, propose une lecture  passionnante de la notion de courage. (les extraits qui suivent proviennent de cet ouvrage : " La fin du courage")
 
"Victor Hugo cerne parfaitement les procédés falsificateurs des petits maîtres qui vivent de la soumission trop soudaine des peuples. Car ces régimes où s'épuise le courage du peuple ne sont même pas des tyrannies. Ils se nourrissent des asservissements passagers et des bienveillances populaires. Et là les faussaires sont victorieux."

Fin descripteur du chef politique contre-exemplaire, éhonté, obscène, déplorable, Victor Hugo est également le fin analyste des régimes électoralistes. Ou quand l'électoralisme signe la fin de la vitalité démocratique. Ou quand la cristallisation sur le scrutin, ce moment de non-intelligence, fait dépérir la rationalité publique. Bien qu'élément important de la vie procédurale démocratique, le vote n'en est pas moins un instrument tout à fait ambivalent, ne relevant en aucune manière de ce qui fait la vérité et l'essence de la démocratie, à savoir sa culture son contexte sociétal, le sens et la valeur qu'elle donne aux principes et aux choses. Le vote ne dit rien.

L'électoralisme promeut une démocratie sans qualités qui réduit le peuple à sa forme statistique. « Je dois vous dire, écrit Alain Badiou, que je ne respecte absolument pas le suffrage universel en soi; cela dépend de ce qu'il fait. Le suffrage universel serait la seule chose qu'on aurait à respecter indépendamment de ce qu'il produit. Et pourquoi donc ? " (Badiou in "de quoi Sarkosy est il le nom ?")
 Et là encore, Victor Hugo est en pleine résonance avec Alexis de Tocqueville: 
« Des chaînes et des bourreaux, ce sont là les instrument grossiers qu'employait jadis la tyrannie; mais de nos jours la civilisation  a perfectionné jusqu'au despotisme lui-même qui semblait pourtant avoir plus rien à apprendre ... Les princes avaient pour ainsi dire matérialisé la violence; les républiques démocratique de nos jours , l'ont rendue tout aussi intellectuelle que la volonté humaine qu'elle veut contraindre. Sous le gouvernement absolu d'un seul, le despotisme, pour arriver à l'âme, frappait grossièrement le corps ; et l'âme, échappant à ces coups, s'élevait glorieuse au-dessus de lui; mais dans les républiques démocratique ce n'est point ainsi que procède la tyrannie; elle laisse le corps et va droit à l'âme. Le maître n'y dit plus: Vous penserez comme moi, ou vous mourrez; il dit: Vous êtes libre de ne point penser ainsi que moi; votre vie, vos biens, tout vous reste; mais de ce jour vous  êtes un étranger parmi nous. Vous garderez vos privilèges à la cité, mais ils vous deviendront inutiles; cars i vous briguez le choix de vos concitoyens, ils ne vous l'accorderont point, et si vous ne demandez que leur estime ils feindront encore de vous la refuser. Vous resterez parmi les hommes, mais  vous, perdrez vos droits à l'humanité. Quand vous vous approcherez de vos semblables, ils vous fuiront comme un être impur; et ceux qui croient à votre innocence, ceux-là mêmes vous abandonneront, car on les fuirait à leur tour. Allez en paix, je vous laisse la vie, mais je vous la laisse pire que la mort » (A de Tocqueville - De la démocratie en Amérique).
 Si courage individuel et collectif semblent ainsi pouvoir être matés à la source, c'est  à dire dans la vie sociale moderne, où trouver les ressorts pour faire émerger une morale politique, une éthique du pouvoir. Nulle part diront les tenants de la "nature humaine" soi-disant universelle. Nulle part diront les partisans de l'absence d’Etat.
Mais si balayant ces présupposés qui fonctionnent comme des mythes, des fables " la tyrannie.... laisse le corps et va droit à l'âme", incorporés à dictature démocratique, nous voulons rester éveillés, vigilants. Comment faire? La léthargie (Léthé en grec = oubli, sommeil pathologique) est tellement agréable lorsqu'on a le ventre plein !        
Nous avons dormi pour les quarante dernières années. dormi pour la Yougoslavie, l'Irak, les retraites, la sécu, la Lybie, Gaza, la Syrie, le code du travail, la "dette"....... et le Prince nous dit " Allez en paix, je vous laisse la vie, mais je vous la laisse pire que la mort". 
Alors avons nous oublié l'avertissement de Hugo ? Somme nous dans des temps, des heures, des lieux ou dormir c'est mourir ? Le courage n'est il pas de vivre, d'être éveillés ?
  
Et ce n'est pas si compliqué que cela : c'est ce que nous faisons tous les matins !  
"Le sommeil de la raison engendre des monstres". Sommes nous devenus des monstres ?

SUJETS A VENIR :

                                        MERCREDI 23 Septembre

1028                   L’humain a-t-il vraiment conscience de la mort ? 
        
                                         MERCREDI 30 Septembre

1029                  « Périssent les faibles et les ratés : premier principe
                                        de notre amour des hommes » Nietzsche  

                                        MERCREDI 07 Octobre

1030    "On avale à pleine gorgée un mensonge qui nous flatte et on boit goutte à goutte une vérité             qui nous est amère".   Diderot



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