mardi 26 juillet 2016

Sujet du Merc. 27/07 : Nos convictions morales sont-elles fondées sur l'expérience ?



                           Nos convictions morales sont-elles fondées sur l'expérience ?

La variété des comportements observé historiquement et géographiquement conduit à l'idée que les convictions morales dépendent des époques et des habitudes plus ou moins partagées. Ainsi ce qui paraissait moralement juste il y a quelques siècle, voire quelques générations, paraît aujourd'hui inacceptable. Or la morale prétend à l'universalité comme l'exprime le caractère catégorique et intemporel des tables de la loi par exemple. Face à cette contradiction il semble nécessaire de se poser la question de savoir si nos convictions morales sont fondées sur l'expérience.
Comment penser la diversité des convictions morales et la prétention à l'universalité et à l'intemporalité de la morale ? Qu'est-ce qui « fonde » nos convictions morales si ce n'est pas l'expérience ? Et qu'entend-on précisément par « expérience » ? Comment articuler l'expérience qui constitue la partie vivante, subjective en perpétuelle construction de notre existence et le caractère apparemment théorique, universel et figé de la morale ?

I On pourrait penser que les convictions morales sont fondées sur l'expérience
1°) C'est évidemment par l'expérience que nous nous faisons tout d'abord une idée du bien et du mal. Le bien et le mal sont d'abord ce qui fait du bien et ce qui fait du mal, autrement ils sont synonyme de plaisir et de déplaisir, de sensation de satisfaction et de souffrance. Par exemple on fait comprendre à l'enfant que c'est mal de tirer les cheveux d'un camarade en lui disant : « si je te tirai toi aussi les cheveux serais-tu content ? ». Toute la difficulté de la morale est alors de passer d'une expérience individuelle parce que corporelle à l'altruisme qui est la condition de la moralité. Ce qui fait le lien c'est l'empathie qui est inscrite dans la nature de tout être sensible comme le montre Rousseau :
« La pitié est un sentiment naturel qui, modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l'espèce. C'est elle qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir ; c'est elle qui, dans l'état de nature, tient lieu de lois, de mœurs et de vertu, avec cet avantage que nul n'est tenté de désobéir à sa douce voix ; c'est elle qui détournera tout sauvage robuste d'enlever à un faible enfant, ou à un vieillard infirme, sa subsistance acquise avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs ; c'est elle qui, au lieu de cette maxime sublime de justice raisonnée : Fais à autrui comme tu veux qu'on te fasse, inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle bien moins parfaite, mais plus utile peut-être que la précédente : Fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il est possible. C'est, en un mot, dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu'il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme éprouverait à mal faire, même indépendamment des maximes de l'éducation.» Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755.

2°) La moralité pour devenir conviction doit alors passer de la sensation (directe ou indirecte) à l'idée abstraite. Ce passage se fait par la raison et réside alors dans un intérêt bien compris. Épicure précise qu'il s'agit d'opérer un calcul :
Epicure, Lettre à Ménécée : « d’une part, le plaisir est reconnu par nous comme le bien primitif et conforme à notre nature et c’est de lui que nous partons pour déterminer ce qu il faut choisir et ce qu il faut éviter ; d autre part, c’est toujours à lui que nous aboutissons, puisque ce sont nos affections qui nous servent de règle pour mesurer et apprécier tout bien quelconque si complexe qu’il soit. Mais, précisément parce que le plaisir est le bien primitif conforme à notre nature, nous ne recherchons pas tout plaisir, et il y a des cas où nous passons par-dessus beaucoup de plaisirs, savoir lorsqu’ils doivent avoir pour suite des peines qui les surpassent et, d'autre part, il y a des douleurs que nous estimons valoir mieux que des plaisirs savoir lorsque après avoir longtemps supporté les douleurs, il doit résulter de là pour nous un plaisir qui les surpasse. Tout plaisir, pris en lui-même et dans sa nature propre est donc un bien, et cependant tout plaisir n’est pas à rechercher pareillement, toute douleur est un mal, et pourtant toute douleur ne doit pas être évitée »
Et c'est justement l'expérience qui permet d'effectuer ce calcul de manière pertinente.

3°) A l'inverse l'immoralité serait liée à l'ignorance, au manque de connaissance et d'expérience. C'est ainsi que Socrate défend l'idée que « nul n'est méchant volontairement ». Le méchant est celui qui, faute d'expérience, n'envisage pas, ou mal, les conséquences de ses actes.
------------------- Pourtant si l'origine de nos convictions morales est à chercher dans l'expérience cela ne signifie que ce soit l'expérience qui « fonde » la moralité. Comment atteindre une morale commune si nos convictions morales sont déterminées par des expériences toujours singulières ?-----------------------------

II L'expérience constitue l'origine des convictions morales mais elle ne les fonde pas
1°) Si fonder c'est légitimer, établir en droit, et non pas seulement en fait, alors il faut distinguer l'origine chronologique et le fondement logique d'une chose. Ce n'est pas parce qu'on a toujours pensé de telle ou telle façon qu'une conviction morale est légitime. De la même façon, en science, ce n'est pas parce qu'on a toujours fait l'expérience que la Terre était immobile que notre conviction que le Soleil tourne autour est légitime. C'est exactement cette distinction entre origine chronologique et fondement logique qu'opère Kant. Or il observe que l'expérience ne peut produire, au niveau individuel, que des habitudes et, au niveau collectif, que des coutumes. Mais elle ne garantit pas la légitimité d'une conviction. Le fondement ne peut être que rationnel. Ainsi le commerçant qui sert honnêtement ses clients agit conformément au devoir, mais ses motivations sont celles de l’intérêt, et non du devoir moral. Ce type d’action se range dans celui de l'expérience, de l'intelligence éventuellement mais pas de la moralité. La moralité désigne une action faite en voulant accomplir son devoir :
Une action accomplie par devoir tire sa valeur morale non pas du but qui doit être atteint par elle, mais de la maxime d’après laquelle elle est décidée
Or la démonstration logique permettant de fonde une conviction est celle-ci : puis-je universaliser la maxime de mon action ? Cette règle de l’universalité est ce qu'on appelle le formalisme. Une conviction et une action sont morale lorsque qu’on peut appliquer une règle formelle. Kant remonte ainsi au fondement a priori de la morale, c'est-à-dire indépendant de l'expérience. Cf impératif catégorique vs impératif hypothétique. Il n’y a qu’un seul impératif catégorique, et sa formule générale est celle-ci : “Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle

3°) La pratique met pourtant en évidence la difficulté de s'en tenir à un tel formalisme. En effet de nombreuses situations sont moralement acceptables ou non en fonction de la formulation de la maxime d'universalisation. Et plus encore, le cas de conscience place le sujet moral fasse à l’impossibilité de trancher parce que le raisonnement conduit à des contradictions ou à une égalité. C'est ce qu'illustre le cas de l'inspecteur Javert dans Les misérables de Victor Hugo. Dans le chapitre intitulé « Javert déraille », il n'arrive pas à concilier son devoir de policier qui est d'arrêter Jean Valjean et son devoir d'homme qui est ne ne pas nuire à l'homme qui lui a sauvé la vie. Le comportement altruiste de cet ancien forçat contredit tous ses principes et le met face à un dilemme moralement indécidable. ---------    Mais si les principes de la moralité semblent indépendants de l'expérience, la pratique et la réalité de la moralité semblent bien, quant à elles liées à l'expérience. --------------------

III Pourtant c'est bien à l'expérience qu'il faut revenir pour rendre la moralité effective
1°) L'histoire et donc l'expérience voient apparaître de nouveaux objets, de nouvelles réalités qui imposent de réviser nos convictions morales → médecine, robotique, OGM, mondialisation, etc.
De plus les grands principes moraux semblent insuffisants pour régler la particularité des cas, le caractère concret et complexe des situations. C'est toute la différence entre la morale et l'éthique puisque cette dernière recommande d'opérer un savant calcul afin d'effectuer le meilleur choix (ex : l'euthanasie qui est interdite par la morale qui commande de ne pas tuer et qui peut être recommandée par l'éthique en fonction des situations, des seuils de souffrance, de la volonté des patients, des probabilités de rémission, etc). Dans le cas de l'éthique c'est bien 'expérience qui fonde la conviction.         

2°) Il serait illusoire de penser que les consciences soient séparées les unes des autres, individuelles et enfermées dans leur subjectivité. Comme l'ont montré Marx (« Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais leur existence sociale qui détermine leur conscience. La conscience est, en quelque sorte, un produit social » ou le sociologue Bourdieu les déterminismes s'étendent des pratiques, aux idées jusqu'aux convictions, y compris morales. C'est ainsi l'histoire produit du droit qui légitime et inscrit dans le marbre ce qui n'était l'objet de conviction que de quelques-uns. Idées d'égalité des femmes et des hommes, de fin de l'esclavagisme, de droit des enfants, de respect de l'animal constituent des avancées éthiques liées à des expériences communes dont l'histoire rend compte.

3°) Enfin l'expérience c'est ce dont on fait l'épreuve. C'est ainsi que la vertu morale n'est pas seulement quelque chose qui s'enseigne mais quelque chose qui se pratique. Aristote met ainsi en évidence que la morale n'est pas seulement affaire de conviction mais d'exercice qui permet de former un caractère vertueux.
«En menant une existence relâchée les hommes sont personnellement responsables d’être devenus eux-mêmes relâchés ou d’être devenus injustes ou intempérants, dans le premier cas par leur mauvaise conduite, dans le second en passant leur vie à boire ou à commettre des excès analogues : en effet, c’est par l’exercice des actions particulières qu’ils acquièrent un caractère du même genre qu’elles” (Aristote,Ethique à Nicomaque)
L'expérience des actions vertueuses constituent ainsi, par sédimentation, un caractère vertueux.

In : www.intelligo.fr

lundi 11 juillet 2016

Sujet du Mercredi 13/07 : Vive l’anarchie ? Ou l’ordre du monde pour Anaximandre.



Vive l’anarchie ?
 Ou l’ordre du monde pour Anaximandre.

Ce sujet traitera du rapport d'Anaximandre avec la pensée religieuse, l'ordre du cosmos et celui de la cité.
 
 L’anarchie (du grec ἀναρχία / anarkhia, composé de an, préfixe privatif : absence de, et arkhê, hiérarchie, commandement) désigne l'état d'un milieu social sans gouvernement, la situation d’une société où il n’existe pas de chef, pas d’autorité unique, autrement dit où chaque sujet ne peut prétendre à un pouvoir sur l’autre. Il peut exister une organisation, un pouvoir politique ou même plusieurs, mais pas de domination unique ayant un caractère coercitif. L’anarchie peut, étymologiquement, également être expliquée comme le refus de tout principe premier, de toute cause première, et comme revendication de la multiplicité face à l’unicité.

Anaximandre ( vers -610, à – 546 de notre ère ) est né à Milet sur les rivages de la Turquie actuelle, c'est-à-dire à la confluence de l’Orient où les Babyloniens avaient fortement développés une astronomie très élaborée et de l’Occident encore tout imprégné de mythes fondateurs qui font intervenir une substance première, infinie, immortelle et divine enveloppant et gouvernant toute chose : l’Arché.


Anaximandre va reprendre ce terme d’arché, mais, première rupture, il va écrire en prose alors que toutes les explications du monde précédentes étaient en style poétique. De la théogonie on va passer à ce qui va devenir la conception grecque de l’univers pour des siècles.
Désormais on rentre dans la période de « l’histoire à travers la physique ». Au lieu de chercher une origine, une source, au cosmos ; un « primus motor » comme dira plus tard Aristote, Anaximandre va désormais utiliser le terme arché dans un tout autre sens. Pour lui point d’origine première ( de création dirions nous aujourd’hui ), l’origine est perpétuelle, et elle peut continuellement donner naissance à ce qui sera. La cause complète de la génération de tout sera nommée apeiron (infini ou illimité).  Il n’y a plus de point originel dans le temps. La matière s’organise selon l’apeiron , cette organisation est présentée par lui comme une séparation de contraires : » « Ce d’où il y a génération des entités, en cela aussi se produit leur destruction, selon la nécessité, car elles se rendent les unes aux autres justice et réparation de leur injustice, selon l’assignation du Temps.[] ».

Anaximandre rompt de manière radicale avec le mythe en ce sens qu’il démythifie la démarche généalogique de création de l’univers. Dès  lors la porte s’ouvre sur une nouvelle géométrisation du monde. A la question que se posait Thalès qui faisait reposer le monde (et la Terre) sur l’élément eau mais se demandait comment son océan tenait dans l’espace, Anaximandre répond que la terre flotte en équilibre au centre de l’univers et il ajoute que si elle demeure en repos à cette place, sans avoir besoin d’aucun support c’est parce qu’à égale distance de tous les points de circonférence céleste, elle n’a aucune raison d’aller en bas plutôt qu’en haut, ni d’un coté plutôt que de l’autre. Pour la première fois le cosmos est placé dans un espace mathématisé constitué par des relations purement géométriques.

Mais les intuitions et réflexions d’Anaximandre sont l’écho de la nouvelle organisation sociale de la polis grecque. Comme le remarque J.P Vernant :« Les éléments se définissent, en effet, par leur opposition réciproque ; il faut donc qu'ils se trouvent toujours les uns par rapport aux autres dans une relation d'égalité), ou comme Aristote le dira ailleurs, en égalité de puissance.
On notera que l'argumentation aristotélicienne implique un changement radical dans les rapports du pouvoir et de l'ordre. La basileia, la monarchia qui, dans le mythe, fondaient l'ordre et le soutenaient, apparaissent, dans la perspective nouvelle d'Anaximandre, destructrices de l’ordre. L'ordre n'est plus hiérarchique; il consiste dans le maintien d'un équilibre entre des puissances désormais égales, aucune d'entre elles ne devant obtenir sur les autres une domination définitive qui entraînerait la ruine du cosmos. Si l'apeiron possède l'arché et gouverne toute chose, c'est précisément parce que son règne exclut la possibilité pour un élément de s'emparer de la dunastéia. La primauté de l'apeiron garantit la permanence d'un ordre égalitaire fondé sur la réciprocité des relations, et qui, supérieur à tous les éléments, leur impose une loi commune. ».

Ainsi la nouvelle organisation spatiale des hommes en cités, elles mêmes géométriquement structurées donne t elle naissance tout à la fois à une vision du cosmos non mythique, mécanique ; et une conception de la vie en commun ou l’ordre n’est plus divin mais humain, plus imposé par le destin, mais réglé par la volonté des hommes : « Le lien, pour nous si paradoxal, qu'Anaximandre établit entre l'absence de " domination ", la centralité, la similarité, autorise la comparaison avec un texte politique d'Hérodote où nous retrouvons le même vocabulaire et la même solidarité conceptuelle. Hérodote raconte qu'à la mort du tyran Polycrate. Maiandrios, désigné par le défunt pour prendre après lui le pouvoir, convoque tous les citoyens à l'assemblée et leur annonce sa décision d'abolir la tyrannie: " Polycrate, leur dit·il en substance, n'avait pas mon approbation quand il régnait en despote sur des hommes qui étaient ses semblables ... Pour ma part je dépose l'arché es méson, (au centre), et  je proclame pour vous l'isonomia. ".

Le cas d’Anaximandre équivaut pour le monde antique à la rupture que produisirent Copernic et Galilée à l’aube de la Renaissance face à la féodalité déclinante.
Les idées des hommes ne naissent pas de nulle part, Anaximandre, comme Copernic et Galilée vécurent à des périodes d’intenses mutations sociales et économiques. Le problème pour nous, 2500 ans plus tard, n’est il pas temps de renouer avec cette philosophie là ?  Celle qui dénonçait l’ordre comme fatalité ; l’injustice comme destin, et la Cause de Tout comme ayant source les mythes (littéralement mensonges, fables). Nous faut-il encore prendre le marteau pour frapper sur les idoles afin de nous rappeler qu’elles sonnent creux ?

Les citations sont extraites de : Les origines de la pensée grecque, J.P. Vernant PUF

Prochain sujet :

Mercredi  27 Juillet 2016

Sommes-nous reliés ?               

lundi 4 juillet 2016

Sujet du Merc. 06 Juill. 2016 : L'obsolescence programmée est-elle nécessaire ?



L'obsolescence programmée est-elle nécessaire ?


C'est un mécanisme discret, mais non moins implacable, il est le principe majeur qui règle l'horloge économique. De grès ou de force, nous y participons. Je veux parler de l'obsolescence programmée.
S'il est beaucoup de choses qui dépérissent et se transforment dans la nature, certains hommes ont
jugé bon de chronométrer ce que nous croyons posséder.
Nous allons essayer de comprendre comment une société capable d'envoyer des satellites autour de Mars, ne peut plus fabriquer un micro-onde qui dure plus de trois ans.

1/ La forme et les effets de l'obsolescence programmée.

L’obsolescence programmée se définit par l’ensemble des techniques par lesquelles un producteur à réduit délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement.
Il nous faut déjà comprendre qu'à chaque cycle de vie d'un produit, correspond une transaction.
Un objet coûtant 1 000  avec une durée de vie de 10 ans rapporte moins que dix objets coûtants chacun 300  sur une même durée.
La chose est simple. Entre 1 000  ou 3 000... le choix est vite fait, si vous raccourcissez la durée de vie d'un produit, vous augmentez le nombre de transactions, donc le nombre de plus-values, donc la taxation totale.
Le consommateur lui, croit faire une affaire à court terme. Mais sur dix ans, il devra fournir plus de  temps de travail pour obtenir le même service...
L'autre effet non négligeable de ce procédé est d'éviter la saturation des marchés avec un stock d'invendu dans les bras.
Si vous avez 100 consommateurs qui ont chacun un frigo, vous aurez du mal à leur en vendre un second avant 10 ans. Baissez la qualité des matériaux, vous en revendrez dans deux ans. Vous maintiendrez ainsi artificiellement une certaine forme d'activité. (revenus récurrents)
On comprend alors que l'obsolescence programmée est nécessaire pour obtenir une croissance du capital industriel et financier. Elle est un élément fondamental de la croissance du marché.
Il permet de rembourser les emprunts et les investissements, ces derniers doivent à tout prix être remboursés, sous peine de faillite.
Elle permet une redistribution d'une partie des richesses vers la population salariée, mais celle-ci dépense une part non négligeable de ce qu'elle gagne dans des produits à obsolescence programmée.
Quoi de plus symbolique pour résumer ce système, que la voiture que les employés doivent utiliser pour travailler ?

EN 2012, UNE VOITURE COUTE EN MOYENNE 4 350 € PAR AN

Sur la base d'un parcours annuel moyen de 12 800 km, le prix de revient annuel d'une voiture en
2012 est de 0,34 x 12 800 = 4 350 € par an.  Soit 4 350 / 12 = 362 € par mois
Source : lexpansion.com

Si vous considérez que le salaire médian d'un célibataire est de 1 474 € par mois ( source salairemedian.com ) alors vous comprendrez que le salarié moyen dépense près de 25 % de son temps de travail rien que dans sa voiture. ( 362 / 1474 x 100 = 24,5 % )

2/ Les enjeux et les solutions

Se dessinent alors deux organisations humaines radicalement opposés l'une à l'autre.

L'une basée sur une économie de marché, où l'on ne crée pas des produits pour satisfaire les besoins humains, mais pour rembourser les investissements solvables. Où le but est d'accroître sans cesse le nombre de marchandises en circulation pour augmenter la masse monétaire.
( l'avoir est une fin, l'Homme un Moyen )

L'autre sur des communautés organisées orientée vers « l'économie de nécessité » , où l'on produit seulement ce dont on a besoin, et ce de la façon la plus durable possible.
( l'avoir est un moyen, l'Homme une fin )

L'enjeu est de taille car, appelons les choses par leurs noms, il s'agit d'un processus de mise en  esclavage de la population mondiale.
·         D'un gaspillage de temps et d’énergies humaines, qui, utilisées à meilleur escient pourraient considérablement améliorer notre mode de vie.
·         D'une dilapidation extrême des réserves minérales et biologiques nécessaires à notre survie.
·         D'une pression démographique de plus en plus importante sur ces ressources de plus en plus rares.
( voir exemple des élans pour comprendre le processus en cours )
En 1944, 29 rennes sont introduits sur l'île de Saint Matthieu par les garde-côtes.
L'île a une superficie de 357 km2
La population de ces animaux culmine à 6 000 têtes en 1963.
Les deux années suivantes, quasiment tous meurent, car sans prédateur, ils se multiplièrent et mangèrent toute la nourriture qui leurs étaient comestibles.
Et la population se stabilise à une quarantaine d'individus. Toutefois, depuis les années 1980, il n'y a plus de rennes  sur l'île.
                     
J'espère sincèrement me tromper et faire une corroboration abusive, que l'être humain ne reproduira pas les mêmes schémas que les rennes de cet exemple.
Humblement, je propose quelques pistes de solutions, elles seront peut-être insuffisantes, mais je souhaite vraiment qu'au cours de ce café philo, soient abordés les moyens à mettre en œuvre pour sortir de ce piège.

·         1/ Ne plus considérer le monde de façon strictement matérialiste et promouvoir une approche sensible du monde. Une raison pure sans cœur mène au nihilisme.
Je pense que si ce ne sont pas les raréfactions des ressources qui nous contraignent, c'est une approche différente du monde qui nous permettra de changer nos comportements.
·         2/ La chose fabriquée devrait se limiter à nos besoins et non à l'accumulation.
·         3/ Que l'objet soit utile et dure le plus longtemps possible, nos anciens se souviennent que leurs biens étaient fait pour durer.
·         4/ Que l'objet puisse être transformé
·         5/ Tenter, dans la mesure du possible, d'obtenir l'indépendance alimentaire : soit par sa production propre si l'on peut, soit par un réseau de petits producteurs. S'éloigner progressivement des réseaux de grande distribution.
·         6/ Peut-être nous faudra t-il réfléchir à la fonction argent, car ceci semblerait être la clef de voûte de la distinction entre économie de plus-value et économie de nécessité.

Sources ouvrages : L'être contre l'avoir ( Francis Cousin )   - Crise économique ou crise de sens ( Michel Drac )

Sujet du Merc. 23/03/2024 : Le cas Nietzsche.

                                   Le cas Nietzsche.       Pourquoi un tel titre ? Qui aurait l’idée de dire « le cas Diderot », ou « le c...