dimanche 6 novembre 2016

Sujet du Mercredi 09/11 : Est-il confortable d’être conformiste ?

                       Est-il confortable d’être conformiste ?

Commençons par quelques définitions :

- conforme : est un mot issu du latin « conformis » qui signifie de même forme, semblable à...

- Le suffixe « -isme » sert à former des mots correspondant à une attitude, un comportement, une doctrine ou une idéologie.

- Le conformisme est donc l'attitude passive consistant à se soumettre aux idées communément admises (servitude volontaire), aux usages, aux comportements, aux règles morales du plus grand nombre du groupe auquel on appartient, au dépend, parfois, de ses propres convictions et de façon plus ou moins consciente (= confort illusoire). Mais ce comportement relève de la doxa.

Or, un conformiste va subir une influence collective et une certaine pression du groupe afin, souvent, de ne pas être rejeté par ce dernier.
Donc le groupe va avoir de l'influence sur l'individu et non l'individu sur le groupe.

On peut dire que le conformiste est celui qui adhère à la norme, aux usages, à la tradition, aux règles.
Il pourrait donc sembler impossible d'échapper à cette doxa puisque par situation ou par choix on se trouve forcément intégré à un groupe social dont on subit l'influence dès la naissance.
En effet, on naît tous au sein d'une culture qui est déjà constituée dans sa langue, ses valeurs, ses mœurs et il est confortable de se fondre dans la masse. De passer inaperçu permet de se sentir à l'aise et surtout protégé par le groupe. Faire preuve de conformisme serait donc non seulement confortable mais nécessaire à la survie de chacun.
Prenons par exemple certaines sociétés d'animaux : abeilles, fourmis, oiseaux, poissons,... qui recherchent avant tout dans la cohésion de leur groupe de congénères la protection de leur vie. Dans ces cas-là, chaque individu interagit avec 6 ou 7 congénères en formant une sorte de symbiose groupale.
Si on voulait alors concevoir un Homme qui échapperait à tout conformisme, la question se poserait de savoir s'il serait encore humain (exemple: les enfants sauvages élevés par des animaux en dehors de toute relation sociale humaine et qui ne peuvent apprendre à parler).
Pourtant, on constate qu'en réalité certains individus cherchent à «se démarquer» des autres, à trouver leur propre façon d'être semble-t-il.
Mais il existe une valeur appelée «seuil social» qui fait que tous les individus ne suivent pas forcément le groupe et son meneur si la décision prise ne leur semble pas appropriée. Dans ce cas, c'est la raison et la connaissance du sujet qui permet à ces personnes d'échapper au suivisme ambiant.
La philosophie est ici un moyen efficace pour se prémunir de la doxa.

Cependant, certains «styles» se définissent comme anticonformistes (contre le conformisme) et c'est souvent révélateur d'une aspiration à plus de liberté. Du moins, le croient-ils!
Or, l'anticonformisme n'est-il pas qu'un conformisme à rebours? Ne s'agit-il pas également de suivre une norme qui peut être, certes, celle d'une minorité mais qui n'en reste pas moins une norme?
L'anticonformisme à tout prix est du pathos. C'est vouloir se désolidariser du groupe pour défendre une autre idéologie toute aussi importante. Les dictatures de masse ont marqué d'ailleurs le déclin de la pensée critique et de l'individualité au profit de l'idéologie et de la collectivité.
Et on ne voit pas comment de passer de la doxa (conformisme) au pathos (anticonformisme excessif) pourrait aider à résoudre efficacement un problème ou une situation quelconque...
Mais, finalement, peut-être pouvons-nous passer par une norme sans pour autant être conformiste. Le rôle de l'éducation et de la philosophie n'est-il pas de transmettre un certain nombre de références et de valeurs très utiles pour développer l'esprit critique?
La question n'est donc pas de savoir si on doit être comme les autres ou différents d'eux mais de savoir pourquoi on pense, dit, ou fait telle ou telle chose.
Le film de Sidney Lumey «12 hommes en colère» où 12 jurés doivent décider en fonction d'un doute personnel raisonnable (et non en fonction de ce que disent les autres) de la culpabilité ou de l'innocence d'un prévenu, montre un choix très difficile car il engage la responsabilité et l'esprit critique de chaque juré.
Il convient donc, et c'est probablement ce qui pourra nous préserver de tout conformisme excessif de rester en accord avec soi-même.
La fameuse injonction de Socrate inscrite sur le fronton du temple de Delphes «Connais-toi toi-même» est la condition d'une vie intègre, libre et digne.

Alors, est-il confortable d'être conformiste? Le conformisme a une utilité de protection des individus dans le groupe, d'entre aide et de solidarité pour une meilleure cohésion sociale indispensable car l'Homme ne peut (sur)vivre qu'en société. Cependant, il est nécessaire de remettre en question ces conditionnements sociaux (mais dans quelle mesure?) pour échapper à toute doxa sans pour cela tomber dans le pathos de l'anticonformisme qui, comme on l'a déjà vu, n'est rien moins qu'une autre forme d'aliénation.

La philosophie, par son pouvoir de tendre vers la connaissance, contribuerait à lutter efficacement contre toute forme de doxa et de pathos.
Ce soir, je suppose que nous allons débattre de ce sujet avec toute la raison nécessaire afin d'éviter tout conformisme et tout anticonformisme systématique pour de ne pas tomber dans la doxa et le pathos...


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