dimanche 15 janvier 2017

Sujet du 18/01/2017 : Mais que suis-je donc quand je ne pense pas ?

                                  
TITRE ORIGINAL DU SUJET :

Mais que suis-je donc quand je ne pense pas ?

NDLR : nous rappelons le titre exact du sujet initial tel qu'il a été voté. Pour des raisons que nous regrettons aucun des deux contributeurs n'a respecté l'intitulé d'origine.

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                        Que suis-je donc si je ne pense pas  ? 
 
Première contribution : D'aucun dirait « rien » ou « pas grand chose » ou plutôt une chose ou un animal. Mais pas un être humain.
D'autres affirmeraient qu'on ne peut s'empêcher de penser et que la question est donc absurde...
Mais.....réfléchissons (si on ne pense pas!) et essayons de définir ce qu'est « penser » :

Il existe la pensée réflexive, celle qui permet de nous faire prendre conscience du monde environnant. Et il existe la raison qui nous permet de penser de façon logique et rationnelle.

Descartes disait, dans son « Discours de la Méthode » que si l'on doute, on pense et si l'on pense, on est.
Descartes faisait l'hypothèse qu'une force obscure pouvait nous tromper en nous faisant passer pour vraies des représentations fausses. Si les sens peuvent être source d'illusions, nous pouvons cependant suspendre notre jugement ; ce qui est une action de la pensée qui vient prouver notre existence irréfutable.
Mais qu'est-ce que penser ? C'est douter, entendre, concevoir, affirmer, nier, vouloir, ne pas vouloir, imaginer aussi et sentir. Ne sont-ce pas là des caractéristiques de l'être humain ? L'existence d'une pensée dubitative est la preuve de l'existence de l'Homme comme être pensant.
Toute pensée est d'abord conscience, acte de dépassement vers une chose et présence à soi. Lorsque je vois par exemple,je sais que je vois de manière immédiate.
Penser c'est aussi unir les représentations dans une conscience. Par exemple devant la diversité de tous les arbres, j'abstrais quelques caractéristiques communes : racines, tronc, branches, feuilles. J'obtiens un concept et grâce à lui je peux prendre en un mot (arbre)la diversité de tous les arbres.
Les concepts, je peux les réunir en un jugement. Par exemple : « l'homme est mortel ». Dans ce jugement il y a le sujet : l'homme (concept) puis, le prédicat, ce que l'on attribue au sujet (mortel). Les jugements, je peux les enchaîner dans un raisonnement, exemple :
Socrate est un homme
Les hommes sont mortels
Donc Socrate est mortel

D'autre part, les neurosciences disent qu'il suffit que notre cerveau ne soit pas accaparé par un objectif précis pour que des pensées spontanées s'y produisent mais sans nécessairement toutes accéder à la conscience.
Il semblerait que même quand on a l'impression de ne « penser à rien », on pense quand même sauf que nos « rêveries » ne sollicitent pas les mêmes zones du cerveau que la réflexion consciente.
“En neurosciences, toutes les activités cérébrales sont des pensées. Qu’on soit en phase de sommeil, dans le coma ou éveillé, le cerveau est en activité, donc produit des pensées. Il peut moduler son activité, mais ne s’arrête jamais. En fait, le seul moment où on ne pense pas, c’est quand on est mort”.
 Comme l'explique Bernard Mazoyer, spécialiste de neuro-imagerie cognitive.
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Cela dit, tout dépend de ce que vous aviez en tête en utilisant le terme “penser”. Les neuroscientifiques, eux, parlent plus souvent de processus d’imagerie mentale (visuelle, auditive, langagière, motrice…) et différencient les images conscientes des images spontanées.
Penser à rien sollicite un “réseau par défaut”
S’il s’agit pour vous aussi de savoir si, en état d’éveil, certaines images mentales peuvent ne pas atteindre le champ de la conscience, il est indéniable que c’est le cas. Il suffit que notre cerveau ne soit pas accaparé par un objectif précis pour que des pensées spontanées s’y produisent, mais sans nécessairement toutes accéder à la conscience. Sans compter que l’accès à la conscience peut être modulé, par exemple par l’hypnose ou la méditation. Mais même cette dernière ne permet pas, contrairement aux idées reçues, de se vider la tête : “La méditation est la forme de pensée la plus contrôlée qui soit, celle qui consiste à se focaliser sur un type unique de pensée”, affirme Bernard Mazoyer.
Il semblerait donc que même quand on a l’impression de ne “penser à rien”, on pense quand même. Sauf que nos rêveries ne sollicitent pas la même zone du cerveau que la réflexion consciente. On le sait depuis l’avancée des techniques de neuro-imagerie des années 1990, grâce notamment à l’IRM fonctionnelle qui permet de visualiser les aires cérébrales qui s’activent ou se désactivent dans une situation mentale donnée, explique Jean-Philippe Lachaux, chercheur à l’Inserm : “Quand on ne fait rien de précis, c’est un ensemble de zones réparties dans les lobes frontal et pariétal qui est le plus actif, on l’appelle le réseau par défaut.”
Plutôt que penser, vagabonder
Ce réseau qui gère nos pensées spontanées est encore mal connu, mais plusieurs études scientifiques récentes ont montré que le vagabondage mental (daydreaming), qui peut occuper jusqu’au tiers de notre temps d’éveil, stimule la créativité car le réseau par défaut aurait tendance à provoquer des associations inédites entre les neurones.

L'impression ou l'envie que nous pouvons avoir de na pas penser est donc fausse car un être humain, comme nous venons de le voir, ne peut s'empêcher de penser de façon consciente ou pas et il s'agit là d'une capacité constitutive de l'Homme dûe à l'évolution. Ce qui différencie la « pensée » des grands singes (les plus proches de nous) à celle des êtres humains c'est la faculté de la logique du raisonnement.
 

Deuxième contribution :     Qui suis-je quand je ne pense pas ?

- A quoi tu penses ?
- A rien !
- Comment à rien, mais ce n’est pas possible, tu penses forcément à quelque chose ! Mais tu ne veux pas me le dire, c’est tout…

Dialogue classique qui montre combien il est difficile d’admettre qu’on puisse ne pas penser.



Plusieurs types de pensées :
Pensée spontanée en réponse à un stimulus extérieur : j’ai froid, j’ai faim et les conclusions que j’en tire : il faut que je trouve à manger, un vêtement… Et tout ce qui s’ensuit comme réflexions… inventer une arme pour chasser, aller faire des courses, coudre, faire du feu, monter le chauffage…
Pensée réflexive : questionnements majeurs, spirituels, métaphysique philosophiques… qui permet de se forger une idée, un point de vue sur les choses : la réflexion, la pensée critique.

« J’existe parce que je pense … et je ne peux m’empêcher de penser », dit Sartre dans La Nausée. Je ne peux m’empêcher de penser !... Le pourrait-il vraiment s’il le voulait?
Si penser « est le propre de l’homme » et s’avère indispensable, le risque existe d’être esclave de l’acte de penser, parce que l’on ne sait pas maitriser nos pensées.
 « Vous êtes comme un camion diesel dont on laisse le moteur tourner même quand il est à l’arrêt », dit un moine boudhiste à propos des occidentaux.

On parle ici de l’acte de penser et non pas des pensées et. Il ne s’agit pas d’arrêter d’avoir des pensées, il s’agit d’arrêter de penser. D’arrêter de s’intéresser à ses pensées et ainsi de provoquer une suite sans fin de pensées qui s’enchainent les unes aux autres : j’ai faim, qu’est-ce que je vais manger, je n’ai rien dans mon frigo, faut que je ressorte, ça va être fermé…. En plus, je n’ai plus d’argent, il faut que je passe en tirer au distributeur, oui mais je risque d’être à découvert…
On a entre 60 000 et 70 000 pensées par jour. 95 % de ces pensées sont récurrentes d’un jour à l’autre. Et 70 % sont des pensées négatives.
Peut-on s’arrêter de penser ? Penser est-il aussi vital que respirer ? On dirait que oui tant nous n’avons pas l’habitude de nous arrêter de penser. Nous sommes addicts à nos pensées au point de ne pas pouvoir nous arrêter de penser ! En bref, nous avons un cerveau qui produit des pensées, mais nous ne savons pas contrôler ce cerveau. Comme si nous ne savions pas tourner le robinet de la baignoire une fois que celle-ci est pleine. Du coup, la baignoire déborde et la catastrophes arrive.
Il serait peut-être temps d’apprendre à se servir de notre cerveau à le « dompter » afin de le maitriser. C’est vrai que l’on n’apprend pas cela à l’école…
Alors on découvrira sans doute que nous ne sommes pas réductibles à nos pensées. Observer ses pensées au lieu de s’identifier à elles. Je suis en colère ? Non, j‘ai des pensées de colère. Je suis triste ? Non j’ai des pensées tristes. Nuance.

"Parfois je pense, parfois je suis", disait Paul Valéry.

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