samedi 28 avril 2018

Sujet du LUNDI 30/04 : " Victimes innocentes? victimes coupables?"


              " Victimes innocentes? victimes coupables?"

Lorsqu’un événement terroriste se produit, et que les victimes se comptent, quelquefois par dizaines, le mot innocent revient dans le langage médiatique et populaire. Innocent, le mot est justifié...que faisaient-elles, si ce n'est d'être au mauvais endroit et au mauvais moment. De plus le Terrorisme nous plonge dans une question rudimentaire "cela aurait pu être nous, ou nos proches"?

Le terrorisme est condamnable; alors que la Guerre, elle, peut recevoir l'approbation : la Guerre a cette vertu, que, bien qu'étant un assassinat de masse, elle nous amène à distinguer les "coupables "des "innocents". La Guerre de l" autre" ne peut faire que des "victimes innocentes", puisque que l'Autre est notre ennemi, et que les victimes étaient dans notre camp.

A l'inverse, nos propres bombes ne peuvent que produire des victimes "coupables".....souvent "coupables de quoi?".....La réponse est quelquefois limpide (Bombardements sur l'Allemagne), à condition d'admettre que les enfants de Dresde, de Berlin, de Cologne étaient des complices du Nazisme. Ou de considérer que les enfants peuvent constituer des "dégâts collatéraux», et d'affirmer que au nom d'un idéal humaniste (une Europe libérée du Totalitarisme et de la Barbarie), l’Homme peut être une Fin, mais aussi un Moyen. Poser l'Homme comme un "moyen "sera toujours un échec de la Philosophie.

Pour ceux qui ont eu, de par leur âge, la possibilité de connaître des anciens résistants et maquisards, très présents dans nos Cévennes et Languedoc, aucun ne s'était senti grandi d'avoir tué, aucun ne se sentait glorifié...l'un d'entre eux, malgré sa médaille, m'avait confié son "dégout", d'avoir tué, alors qu'il avait 20 ans.. Ils avaient simplement le sentiment d'"avoir- fait- ce -qu'il- fallait". Le retour à l'anonymat a d'ailleurs été un signe. Qui, de nos jours, et notamment dans la jeunesse, est capable de citer le nom d'un grand résistant régional? et ne parlons pas des femmes, qui ont payé leur tribut, et totalement oublié.

Tous ces gens, ces héros, bien qu'ayant fait des "victimes coupables", savaient que au-delà de la culpabilité de leurs victimes, à savoir leur engagement au service d'une cause monstrueuse, faisaient  partie toute de même de la condition humaine.

En quoi, suis-je un citoyen "innocent" ou "coupable" et par là même, une potentielle "victime innocente ou coupable?".....Lorsque que, au nom, d'une géostratégie criminelle et hasardeuse, des missiles vendus par mon pays ,détruisent un village yéménite ou autre, le survivant de ce massacre, enterrant ses proches, n'est-il pas tenu de me considérer comme un "ennemi objectif"?.....
Mon indifférence, et pour certains leur caution, fait-elle de nous, des "coupables"?
Le fait d'appartenir à la patrie des Droits de l'Homme, de Montesquieu et tant d’autres, fait-il que le sang de l'autre est, au prix d'une "juste "guerre, un sang coupable?

Dans un monde où, partout l'initiative diplomatique recule au profit de la force, et des lobbies de l'Armement, dans un monde où les Chefs d'état et les Ministres de la Défense des grands Etats, sont des marchands d’armes, la question, non pas de notre culpabilité, mais de notre responsabilité individuelle, mérite d'être posée.

Le but de ma question est, évidemment, non pas de justifier un terrorisme inacceptable, mais de réfléchir sur ce "tri", inacceptable aussi pour le philosophe .Imaginons l'Histoire humaine comme un champ de bataille, que chacun parcourt, en retournant les cadavres, et les identifier avant de s'affliger ou....jubiler!.

Pouvons-nous accepter cela comme signe d'une avancée de la condition humaine?

lundi 23 avril 2018

Sujet du Mercredi 25/04/2018 : L’humanitaire n’est-il pas une forme de notre bonne conscience ?


 L’humanitaire n’est-il pas une forme de notre bonne conscience ?        
     
Depuis quelques décennies, la Guerre devient acceptable, et ne suscite plus de grands mouvements de protestation, comme en ont connus les guerres du Vietnam, et d'Algérie. Elle a même ses gestionnaires, la sacro-sainte "communauté internationale", qui sait quand les déclencher, quand les arrêter, et surtout comment les rendre, "durables», mot en vogue.
Un Président se répand en discours  sur la dignité humaine, pendant que son Ministre de la Défense négocie les contrats d'armement. Et tout défenseur du monde "libre", partisan de l'Economie de Marché et de l'UE, se retrouve cité comme un parangon de démocratie: 

en Ukraine, il y a quelques années, des milices d'extrême-droite ,soutien d'un régime archi-corrompu ,antisémites, se sont emparés de l'immeuble des Syndicats à Kiev, ont massacré et brulé des dizaines de syndicalistes, et jeté leurs corps par les fenêtres du bâtiment....

Cela avec l'accord tacite de l'UE, mais peu importe, l' essentiel était qu'ils étaient des anti-Poutine .Et les exemples sont nombreux de ce que aujourd'hui, l'horreur est devenue vivable. La question essentielle étant de savoir quelle aide humanitaire pouvons-nous accorder au Bourreau. 

Dans ce champ "libre "de l'intérêt et de la basse politique, l’éthique n'a plus sa place....  L'Humanitaire joue sa fonction qui est de subvertir le Politique: nous le voyons aujourd'hui, avec la question palestinienne, qui broyée entre la Politique israélienne et l'abandon des régimes arabes, est devenue "Humanitaire"..

Au Moyen Orient, politique mortifère et Humanitaire vont de pair, les uns bombardant, les autres amenant les tentes et les vivres, souvent dans les mêmes escadrilles... Dans ces camps à perte du vue sur la Planète, avec ses humanitaires, ses médecins, ses populations courant derrière des camions de nourriture, on peut voir une forme de solidarité de la grande "chaine humaine", on peut y voir aussi, une image du terrible avilissement de la Condition de l'Homme.

Dans des pays riches et en paix, la dégradation de l'individu est mise en spectacle, avec un exemple, les "Restos du Cœur "en pleine «expansion" chaque année. Sans les institutions caritatives, Samu social et autres, cette question de l'extrême-pauvreté apparaitrait dans sa véritable dimension: politique et révolutionnaire. Là, elle rejoint toute la tradition médiévale de l'aide aux plus pauvres, devient une question "humanitaire "dans laquelle les véritables responsables et coupables ne sont pas identifiés, car le but de l'Humanitaire c'est de faire peser la culpabilité sur Tous! .

Entre le retour de l'Hospice médiéval et les émeutes de la faim, le système dominant a mis en place son filet de sécurité, ici et ailleurs.

De plus en plus, l'alibi humanitaire autorise et valide la Guerre.....L'aide aux victimes n'est plus un moyen de réparer la guerre, d'en atténuer les dégâts, mais devient en lui-même ,le motif de la guerre.....Nous l'avons vu en Lybie, avec les conséquences désastreuses que nous constatons. 

C'est à ce titre que Ronie Brauman parle de "guerre humanitaire". Quelquefois l'Humanitaire piétine, ralentit sa marche bienveillante et sélective, en Birmanie par exemple, où le massacre d'une partie de la population, a été cautionné et peut être organisé par un Prix Nobel de la Paix. 

Aider oui; mais pas tout le monde, peut être que certains peuples ou groupes méritent leur châtiment, et de plus, c’est un Prix Nobel qui nous le dit....

L’aide humanitaire est-elle notre bonne conscience? Après ce constat accablant, il est pourtant possible pour certains, de considérer une face plus noble, celle qui interpelle non pas les dirigeants de ce Monde, la plupart condamnés au Tribunal de l’éthique, mais les citoyens sincères, qui manifestent une empathie dans laquelle l'Humanisme et 'Ignorance se confondent. 

Nier cette empathie, la diaboliser pour ne laisser qu'une place vide, celle de l'indifférence, serait une régression de l'esprit. 

Tout le travail de la Philosophie devrait être de détruire la "bonne conscience" pour en faire émerger la Conscience. Une Conscience qui pose à l'individu un autre choix que d'aménager et de rendre supportable la Barbarie: celui de l'éradiquer.



mardi 17 avril 2018

Sujet du 18/04/2018 : Suffit-il d'observer pour connaitre ?


Suffit-il d’observer pour connaitre ?

Si l'on se donne pour objectif, pour finalité, de connaître la nature, ou tout autre phénomène qui se présente à nos sens, on en vise une représentation exacte et dont on peut rendre raison.
La connaissance, en effet, comme résultat de l'acte de connaître, s'oppose à la croyance et à l'opinion. Une connaissance doit être non seulement vraie, mais justifiée.
L'observation est l'action de constater des faits par un usage attentif de nos organes des sens. "Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir." Condillac
    Quel rôle l’observation joue-t-elle dans l'élaboration de la connaissance ? Toute connaissance dérive-t-elle directement de l'observation passive des faits ? Expérimenter, au sens de l’expérience dans les sciences dites « expérimentales », est-ce simplement observer ?
    Le problème se pose particulièrement en ce qui concerne non pas le simple constat d'un fait, mais la généralisation à partir d'un ensemble d'observations : une loi générale, à caractère nécessaire et universel, peut-elle être dérivée par induction à partir de l'observation répétée de cas particuliers ?
    Mais si observer ne suffit pas, que faut-il d'autre ?
    Dans la vie quotidienne, l'observation est source de connaissance. Voir, sentir, toucher, goûter m'informe sur le monde qui m'entoure. Les sens me permettent de connaître le monde extérieur et guident mes actions.  Comme on dit de  « saint Thomas », on exige souvent de pouvoir constater les faits avant de croire une information.  

Mais il ne s'agit pas simplement de voir ou d'entendre.
Bien observer, c'est plus que simplement recevoir des informations de nos organes des sens, c'est aussi filtrer ces informations et les structurer pour en retirer un enseignement.
    De plus, l'observation répétée de certaines relations régulières entre les phénomènes me permettent de tirer des conclusions pratiques générales qui guident mes actions. (A force de voir le soleil se lever tous les matins, j'en conclus que le soleil se lèvera aussi demain.) J'acquiers, comme on dit, "de l'expérience".
Mais cette « connaissance » ne dit pas encore qui tourne autour de quoi ! Cette « expérience » n’a qu’une apparence de fait scientifique.
Comment passer de ces illusions que nous appelons parfois connaissances, à la construction d’une pensée scientifique, à la détermination de lois générales réglant la nature et les phénomènes, qui nous donnent le droit d’affirmer des vérités (en fonction de référentiels donnés) ?
Comment enfin le combat philosophique illustre-t-il, enrichit il, le combat entre la recherche de la vérité et l’irrationalisme ?

Sujet du Merc. 17 Avril 2024 : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme …

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