lundi 28 mai 2018

Sujet du Merc. 30 Mai 2018 : Peut-on changer le monde avec l’unique force de l’esprit ?


« Esprit, espriiiiiiiit es-tu là ? » : soit on se moque, soit on adhère, c’est selon. En tout cas, force est de constater que depuis l ‘antiquité de l’antiquité, et jusqu’à nos jours, tout ce qui a trait à l’esprit soulève bien des discussions, bien des pensées.


 


                Pensées, ou fruits de l’esprit. « Je pense, donc je suis » Ou plus exactement : « Je doute, donc je pense, donc je suis ». Descartes plaçait apparemment une entité avant la pensée : celle du doute. Et si on écoute les scientifiques qui affirment qu’avant la matière, il n’y avait pas une seule molécule, pas une seule particule, mais juste des champs d’énergies, alors il existe peut-être une corrélation. Quoi qu’il en soit, cantonnons-nous ici à ce qui est clairement avéré.


 


Pour cela, admettons, que «le monde » recouvre notre univers matériel terrestre, à l’international. « Si dès l’âge de 8 ans, on enseignait la méditation, nous pourrions éliminer la violence dans le monde en une seule génération », Tenzin Gyatso (XIV Dalaï Lama, prix Nobel de la paix). Le rêve ! S’assurer d’« éliminer la violence dans le monde ». Qu’on y croit ou pas, cela vaudrait la peine d’essayer en tout cas, juste pour voir… Accordons-nous ici sur le fait que « changer le monde » implique d’éradiquer toute forme de violence : avec l’unique force de l’esprit, le peut-on?


 


                L’exaltation actuelle des mouvements Zen fait adhérer, tout autour du monde, toujours plus de personnes, à l’idée selon laquelle il faudrait accéder soi-même au « mieux être », pour rendre le monde meilleur autour de soi. Ainsi, par la seule musculation de l’esprit (c’est à dire par la pratique d’une forme de méditation quelle qu’elle soit), nous pourrions changer le monde. L’esprit se voit d’emblée couronné ici d’une puissance mystérieuse.


 


Cette puissance mystérieuse trouve caution dans l’autorité d’un grand nombre de scientifiques qui, ces dernières années,  sont parvenus à communiquer par « oui » ou « non » avec une catégorie de personnes coincées dans le comas (voir Steven Laureys, « IRM fonctionnelle », Docteur Stein Silva…). D’autres scientifiques ont, quant à eux, carrément démontré qu’il était possible, par la pensée, de se muscler physiquement (voir l’étude de l’Université de l’Ohio, le Journal of Neurophysiology, …). Ainsi, grâce à l’activation de notre Cortex, nous pourrions communiquer, et même nous muscler physiquement, tout en restant immobile.


 


Cette validation scientifique s’étend jusqu’à une considération de plus en plus accrue pour les sciences quantiques : courant de pensées selon lequel les mathématiques seraient aujourd’hui dépassées, pour ne pas dire erronées.  Désormais, en très grandes lignes : 1 + 1 n’égaleraient pas à 2. Vous et moi n’existerions pas non plus : nous ne serions qu’un amas d’atomes tourbillonnants, et seule notre pensée (et uniquement notre pensée), par « projection mentale », créerait notre réalité, notre matérialité, notre illusion, notre monde. C’est ce qu’exploitent notamment les mentalistes.


 


Alors quoi, c’est la « projection mentale » de qui ? Qui a influencé ? Qui donc a réussi à imposer la norme selon laquelle, par exemple, 1 + 1 égaleraient à 2 ? Comment est-il possible que la majorité du monde occidental considère certaines pensées normatives comme étant la raison, l’ordinaire à suivre ? Cela, alors même que des milliers de textes antiques  évoquent des phénomènes extérieurs à l’ordinaire. Cela alors même que nous avons également des traces d’extraordinaire, dans de très nombreux monuments (pour ne pas dire tous), ou même dans des œuvres d’art (pour ne pas dire toutes les vraies), parmi ceux qui ont survécu au temps. Tout porte à croire que le doute si cher à Descartes, et à nombre d’entre nous (du moins en théorie), semble avoir laissé place au déni.


 


C’est assez frappant d’observer que de nos jours, nous avons tendance à discréditer ce qui est en marge ou ce qui semble extraordinaire. Par la force de cet esprit négatif, nous ouvrons à nouveau la porte à certaines dérives malheureuses: les réseaux sociaux sont bombardés d’élocutions non réfléchies (qui se croient intelligentes, et même géniales). Grâce au pouvoir communicationnel d’internet, beaucoup de personnes vont jusqu’à s’accaparer l’habit du messie, et s’emparent de théories pour construire des mythes au service de leur propre pouvoir personnel, et même de religions (les trois plus fortes étant le judaïsme, l’islamisme, et le christianisme). On le sait, tout cela participe de violences terrifiantes à travers le monde.


 


«  Tout le malheur des hommes vient de ce qu’ils ne vivent pas dans le monde, mais dans leur monde », c’est ce qu’affirmait Héraclite. Devant cette proposition de prise de conscience, il serait sûrement salvateur de nous unifier. Imaginons un instant que soient massivement médiatisés ceux qui consacrent leur vie à cultiver l’esprit. Que l’on soutienne les Lettres de noblesse de ceux qui s’évertuent à nourrir l’esprit en y consacrant leur temps, avec discipline, rigueur, et aussi avec bienveillance: qu’une pensée  heureuse  nous fédère vers une réalité meilleure, un monde changé.


 


Au cœur de cette prière, s’élève la voix d’un biologiste d’origine, diplômé de plusieurs Doctorats, qui impose ces derniers temps une théorie révolutionnaire. Au fil de son ouvrage « Libérez votre cerveau », mais aussi et peut-être surtout de son seul en scène, sous forme de conférence qui fait le tour du net et du monde (« Le Pouvoir de la connaissance »), Idriss Aberkane démontre par A + B que la connaissance est un bien qui vaut mille fois plus que l’or ou le pétrole. La création de l’école laïque, gratuite et obligatoire s’était faite sur cette idée, mais Idriss Aberkane apporte une démonstration scientifique. Il va même jusqu’à affirmer que l’idée de guerre serait une « maladie du cerveau » contre laquelle il s’agirait de lutter.


 


                Avec le théâtre, c’est précisément ce que participe à faire Joël Pommerat. Artiste français longtemps tenu à l’écart. Aujourd’hui  c’est ce metteur en scène qui a le plus de spectacles en tournées, à travers le monde. Ses œuvres se produisent dans des salles immenses, complètes des mois à l’avance. Ce monsieur est l’étoile qui guide (à son insu souvent) des milliers d’artistes qui rêvent parfois de travailler avec lui. Parce qu’en montant sur son plateau, on devient un « être d’amour ». La sensation est merveilleuse à vivre. Epuisante, mais passionnante. D’autant plus que pendant ses spectacles, le monde change : sur son plateau, il y a tant d’expressions d’intelligences invisibles, de douceurs hypnotiques, d’énergies enivrantes... A son écoute, on s’élève, l’essentiel apparaît, l’espoir renaît. C’est parce que c’est « un magicien » affirme Jean-Louis Colinet.


 


                On le sait, les artistes à eux seuls ne peuvent pas obtenir le pouvoir de communication nécessaire pour se faire entendre. Il faut un producteur. Or, les producteurs d’aujourd’hui sont généralement serrés à la gorge par des priorités qui ne relèvent pas du champ artistique : la rentabilité économique prime. Sauf par exemple pour Jean-Louis Colinet. Et par chance, le travail colossal de ce producteur  fait de lui une personne de très grande influence. Avec l’unique force de son esprit, il parvient à imposer des choix artistiques audacieux. Contre vents et marrées du Capitalisme. C’est impressionnant. Cela avec une grande élégance en plus ! Grâce à lui, des artistes au service de l’intérêt général ont pu émerger (David Murgia par exemple). Les valeurs de cet homme (qui prône un changement radical du Système) trouvent échos sur les scènes. Une chance si, à la suite d’Antoine Vitez on pense que : « le théâtre est un champ de forces, très petit, mais où se joue toujours toute l’histoire de la société, et qui, malgré son exiguïté, sert de modèle à la vie des gens, spectateurs ou pas. Laboratoire des conduites humaines, conservatoire des gestes et des voix, de nouvelles façons de dire – comme le rêvait Meyerhold- pour que change l’homme ordinaire, qui sait ? », et ainsi le monde, qui sait ?


 


                Oui, il apparaît que le monde peut être changé, de manière notoire, avec l’unique force de l’esprit. Cela en soi, et autour de soi. L’exaltation des mouvements Zen l’indique, les sciences le démontrent, la théorie quantique l’affirme, les mentalistes l’exploitent, les phénomènes d’influence s’en servent, l’unification bienveillante se trouve sollicitée. Pour cela, l’expression scénique vient en aide avec notamment Idriss Aberkane, Joël Pommerat, ou encore Jean-Louis Colinet. Pourtant, notre fléau actuel semble grandir : il semble y avoir de plus en plus de terroristes de toute sorte, sur notre propre territoire. Les médias portent à croire qu’une force d’esprit maléfique cherche à changer le monde. « Avec des armes vous pouvez tuer des terroristes, avec l’éducation vous pouvez tuer le terrorisme » explique Malala : où est la force d’esprit de l’Education Nationale ?


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lundi 21 mai 2018

Sujet du Merc. 23 Mai 2018 : Peut-on faire commerce de son corps ?


                             Peut-on faire commerce de son corps ? 
           

Il y a 2 ans, en pleine polémique sur le "Mariage pour tous", Pierre Bergé déclarait à propos de la GPA :

"Je suis pour toutes les libertés. On loue bien les bras des femmes dans les usines, pourquoi pas leur ventre ?". 

Une telle assertion aurait suscité, il y a 30 ans une levée de boucliers de la part des Mouvements Féministes. Elisabeth Badinter semblait aussi aller dans le sens de P.Bergé.

De nos jours où la parole s'est affranchie et dévalorisée, de tels propos ont créé un pseudo-débat, là où la condamnation devait être évidente.

Mais, "philosophiquement" ouvrons le débat.
Réduire les femmes pauvres, ici ou dans les pays défavorisés au rôle  "D’usines à enfants", cela semble passer au second plan d'une problématique dans laquelle " L’obsession d'enfant" devient une priorité.

Pourquoi "les femmes pauvres?".
Il nous apparaît évident que l'on imagine mal, une femme d'un milieu aisé, accepter de louer son ventre.

Sur cette question, nous avons vu des affrontements entre les défenseurs d'une sacralisation de la fonction reproductrice de la femme, ces derniers apparaissant comme des réactionnaires et d'autres, que nous dirions " progressistes" et qui, au nom de la liberté(?) de toute femme de disposer de son corps, semblaient réduire l'acte de procréer à un bail de 9 mois.
Nous comprenons l'aspiration légitime de couples du même sexe à avoir un enfant ("avoir ou posséder?") mais une telle exigence ne reviendrait-elle pas à créer un phénomène de masse, pour des gestations conçues comme un "salaire d'appoint"?
Quel est le sens des mots "liberté de son corps" pour des femmes, vivant dans la misère, ayant déjà des enfants à charge et voyant là une possibilité de soulager leur pauvreté
 
La Prostitution :
Dans un univers qui évacue peu à peu les valeurs du sentiment amoureux  et qui réduit les relations humaines à la "consommation " de l'autre, à un culte du corps devenu un dogme, la "réification" du corps de la femme est très présent, paradoxalement, avec la montée de la dénonciation du harcèlement sexuel. Le regard sur la Femme, se dégrade profondément, alimenté par une culture marchande, il n'y a aucune possibilité d'inverser le mot "Homme", par contre "meuf" reste un terme possible. Une certaine image de la femme, avilissante s'est propagée à travers le Rap, notamment américain, dans laquelle la femme, très souvent noire et outrageusement habillée, est la "chose" du "boss".....Même s'il ne s'agit que de mise en scène, le rapport de sujétion est lourd de sens.

Les mots "Liberté de son corps" reviennent souvent dans ce qui en réalité relève d'une exploitation de l'être humain, dans laquelle la fatalité écrase toute réelle volonté où libre-arbitre. Je veux parler de la Prostitution. Nous y reviendrons.
Dans nos sociétés dites de "consommation", la femme ne semble se définir que par l'objet auquel on la rattache: le Parfum, la Voiture.....

Chacun a en tête, cette publicité dans laquelle une femme, en état d'hystérie réclame les clefs de la voiture de son mari. Quand on sait le lien ancien et erroné que l'on faisait,  il y a 2 siècles, entre l'hystérie et une sexualité débridée, on comprend les ressorts de cette publicité. Symptomatique d'une lente dégradation de l'image féminine, ces 30 dernières années, l'on voit une femme dont le corps s'agite, manifester, non pas une envie légitime de conduire, mais une "urgence physique de voiture", bref une pulsion qu'il est dirions-nous, dans un langage trivial, urgent de satisfaire.

GPA, mais aussi prostitution (féminine ou masculine!): dans les 2 cas, il y a transaction commerciale liée au Corps. L'on objectera que c'est le cas pour un ouvrier agricole, un enfant Pakistanais travaillant pour Adidas, ou autrefois un esclave Noir dans une plantation.....Mais n'y a- t-il pas une différence entre la rémunération-exploitation d'un savoir -faire, d’une force de travail et la marchandisation de la forme première de l'existence et de l'intégrité d'une personne : son corps?
L'on m'objectera que la Prostitution peut être considérée comme un "travail": ne dit-on pas le "plus vieux métier du Monde ?", expression qui n'a aucun fondement historique, même  si cette activité est profondément ancrée dans la tradition et la mémoire universelle : il n'y avait aucune honte pour Lautrec, Van Gogh, et tant d'autres à aller "voir les filles".
Aujourd'hui, nous sommes dans une autre dimension: la traite des êtres humains représente 50% du PIB de certains pays de la péninsule balkanique. La taxe sur le commerce du sexe rapporte aux Pays Bas, un milliard d'euros par an. Et de ces femmes africaines qui racolent à quelques dizaines de mètres de ce lieu, il y a toujours des bonnes consciences pour rappeler que "c'est leur culture, dans leur pays d'origine" .Dans un temps, où "tout est culture", la barbarie semble s'acclimater de ce relativisme.

Que penser de ces territoires où le ludique le partage à la barbarie, où la mise en scène esthétique et érotique du Cabaret côtoie la misère de mineures, se prostituant à l'ombre de poids-lourds, que penser de la Junquera? Libération des mœurs ou " verrue honteuse"? Comme il y en a tant en Europe.

Cette question n'est pas ce qui doit départager les défenseurs d'une pudeur surannée et archaïque face aux défenseurs de la "liberté de jouir sans entrave", vieux slogan dont la monstruosité  a permis à des grands esprits de ce siècle de justifier la pédophilie. Cette question est morale, à savoir que la sexualité est un des éléments fondateurs de l'Identité d'un être et de sa dignité. Pouvons-nous considérer l'autre ou être considéré comme un objet, que l'on peut acheter momentanément, et dans ce qu'il a de plus intime? .Si la réponse est négative, alors l'Abolition du "commerce du sexe "s'impose, avec tout l'arsenal répressif que cela suppose, et aussi l'accompagnement social. Ou bien, avec Elisabeth Badinter, pouvons-nous estimer que "l'Etat n'a pas à se mêler de la sexualité des citoyens". 

Assertion qui prise à la lettre est une voie ouverte aux pires déviances: un enfant est un citoyen.

Sujet du Merc. 17 Avril 2024 : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme …

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